Tortures sur la petite Angèle : perpétuité requise contre la mère, 30 ans contre le beau-père

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Par AFP
Publié le 12 octobre 2017 - 15:09
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©Damien Meyer/AFP
L'avocat général a demandé à la cour de condamner les deux accusés à la peine maximale.
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L'avocat général a réclamé jeudi respectivement la perpétuité et 30 ans de réclusion à l'encontre de la mère et du beau-père d'Angèle, accusés devant les assises de la Vendée d'avoir torturé la fillette de quatre ans retrouvée morte en 2014.

Ces peines demandées, le maximum pour les crimes de "tortures ou actes de barbarie sur mineur de moins de 15 ans", mais aussi pour le meurtre d'Angèle reproché à la mère de l'enfant, sont à la hauteur de "l'extrême gravité des faits", a estimé l'avocat général Olivier Dubief.

Dans un réquisitoire incisif d'une heure, le magistrat a pointé "l'absence de regrets" et le "détachement" dont ont fait preuve les deux accusés, "aucun des deux (n'assumant) la responsabilité de ses actes", a-t-il dit.

Jordane Dubois, 24 ans, et David Pharisien, 29 ans, ont nié tout au long de leur procès avoir battu ou brûlé la fillette dont le corps "n'était que plaies, hématomes, contusions, brûlures", sur la moitié de la surface.

La mort d'Angèle avait été constatée le 8 septembre 2014 à Saint-Georges-de-Pointindoux (Vendée), au domicile du beau-père chez lequel la mère et l'enfant avaient emménagé à peine trois semaines plus tôt.

"Entre le 18 août et le 7 septembre 2014, ils l'ont frappée quand elle réclamait, muselée quand elle gémissait, battue quand elle volait de la nourriture", a rappelé l'avocat général.

- Réquisitions 'ahurissantes' pour la défense -

Au cours des débats, Jordane Dubois et David Pharisien ont minimisé leur rôle, ne reconnaissant pour elle que quelques "fessées", pour lui des "punitions inadaptées", et clamant: "les tortures, ce n'est pas moi".

Pour l'accusation, s'il n'est "pas possible de savoir précisément qui a fait quoi", ils "ont agi en co-action: l'un commence la punition, l'autre la finit". "Ils sont bel et bien co-auteurs et complices de tortures et d'actes de barbarie, tant par leur action ultra-violente que par leur privation de soins", a insisté Olivier Dubief.

Dénonçant des réquisitions "absolument ahurissantes", l'avocat de David Pharisien, Lee Takhedmit, a demandé à la cour de condamner son client, même "sévèrement", "mais pour ce qu'il a fait: n'avoir pas sauvé cet enfant".

"David Pharisien met des gifles, trouve marrant de mettre un bâillon sur la bouche de l'enfant. Mais ce sont des tortures ou des actes de barbarie, ça?", s'est emporté Me Takhedmit, ajoutant: "Cette douche brûlante n'a pas été donnée par M. Pharisien, aujourd'hui je pense qu'on le sait tous".

"Comment a-t-on pu aboutir au décès de cet enfant en à peine deux semaines? Je n'ai pas de réponse, il n'y a pas de réponse rassurante. Mais ni Jordane Dubois ni David Pharisien ne sont des pervers sadiques", a plaidé à son tour Loïc Cabioch, qui défend la mère d'Angèle.

"Les brûlures, personne ne veut les assumer. (...) Jordane Dubois a reconnu sa responsabilité dans ce qui est symboliquement le plus lourd, sa responsabilité dans les gestes qui ont abouti au décès d'Angèle", par étranglement. Mais "elle n'a pas voulu sa mort et vous ne retiendrez pas la peine maximale car ce n'est pas la réponse", a imploré Me Cabioch, mettant en avant le parcours "heurté" de la jeune femme, qui s'était "raccrochée à Angèle comme à une thérapie".

Pour l'avocat général au contraire, Jordane Dubois a "bien tué sa fille" volontairement, en l'étranglant "dans un geste d'énervement". "Ça faisait quinze jours qu'Angèle n'était plus l'enfant qu'elle avait été pendant quatre ans, qu'elle était devenue un objet gênant (...) dont on se débarrasse", a jugé le magistrat.

Les deux accusés auront la parole une dernière fois vendredi matin avant que la cour ne se retire pour délibérer. Le verdict est attendu dans l'après-midi.

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