Toulouse sous le choc : plus de 3.500 postes supprimés chez Airbus

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Par Alexandre PEYRILLE - Blagnac (France) (AFP)
Publié le 02 juillet 2020 - 17:54
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Le logo Airbus sur le siège de l'entreprise, à Saint-Martin du Touch, près de Blagnac, dans la banlieue de Toulouse, le 2 juillet 2020.
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© GEORGES GOBET / AFP
Le logo Airbus sur le siège de l'entreprise, à Saint-Martin du Touch, près de Blagnac, dans la banlieue de Toulouse, le 2 juillet 2020.
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Toulouse va payer un lourd tribut à la crise du secteur aérien post-Covid, avec plus de 3.500 postes menacés, une facture qui pourrait toutefois baisser si les Etats européens y mettent du leur, assure l'avionneur.

D'après le décompte communiqué jeudi aux syndicats en comité de groupe, outre les 3.500 postes à Toulouse, le plan social chez Airbus et sa filiale Stelia Aerospace touche aussi durement Saint-Nazaire (près de 600 emplois supprimés) et Nantes (près de 500).

Pour le patron du premier syndicat chez Airbus, Jean-François Knepper (FO), "la crise est conjoncturelle, mais le plan est structurel". Toulouse, où Airbus et ses filiales emploient quelque 25.000 salariés, "est la capitale de l'aéronautique, quand l'orage arrive, elle est plus mouillée que les autres" mais "ce n'est pas une raison pour justifier tout et n'importe quoi", a-t-il ajouté.

Selon FO, la CFE-CGC et la CFTC, les trois principaux syndicats, les suppressions de postes en France incluent 704 postes chez le fabricant d'aérostructures Stelia, filiale à 100%. Et 186 chez le constructeur ATR, une co-entreprise entre Airbus et l'italien Leonardo.

A Toulouse et sa périphérie, notamment à Blagnac, l'"Airbus City", ce sont 2.398 suppressions de postes à la production, 980 au siège, 186 chez ATR et 36 chez Stelia qui sont prévues, selon les syndicats.

- "Cataclysme social" -

Dans ses implantations à Rochefort, Mérignac, Méaulte et Saint-Nazaire, la filiale Stelia doit perdre au total quelque 700 postes, a précisé M. Knepper, à l'issue d'un comité de groupe avec la direction.

"Nous sommes inquiets. On ne sait pas qui va sauter. Certains d'entre nous ont un crédit sur le dos, si on perd notre salaire, ça va être compliqué", témoigne Ludovic Beller, un mécanicien de 29 ans qui travaille depuis sept ans pour Airbus, à l'entrée d'une des usines du groupe.

"On ne sait pas où on va. Le choc est brutal. Avant la crise du Covid, on était en plein boom, on comptait installer la chaîne d'assemblage de l'A321 sur le site de l'A380, on avait des perspectives d'embauche", relate David Neff, un technicien de 26 ans.

Florent Veletchy, délégué syndical central de la CFTC, 3ème syndicat du groupe, précise que 2.823 "cols blancs" et 1.425 "cols bleus", selon la terminologie Airbus, sont menacés.

- Manifestation mercredi -

Les syndicats vont "maintenant s'assoir à la table des négociations (...) On commence lundi matin et on est partis pour quatre mois", a indiqué M. Knepper.

Mais jugeant que les "dirigeants se sentent un peu décomplexés", il a souligné la détermination des syndicats à les "ramener à la raison".

"S'ils veulent passer en force, on montera le ton", a-t-il ajouté, rappelant que la ligne rouge syndicale était le "zéro licenciement sec".

Et mercredi, les salariés d'Airbus sont appelés par les trois syndicats à une manifestation au siège de l'avionneur.

Le trio syndical espère que les départs anticipés, volontaires, une activité partielle longue durée et des dispositifs de formation, permettront de diminuer le périmètre du plan.

Dans un entretien à l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, le patron d'Airbus Guillaume Faury dit toutefois espérer sauver jusqu'à 1.500 emplois en France et 2.000 en Allemagne (sur 5.100 suppressions de postes annoncées dans ce pays), grâce aux dispositifs de chômage partiel et de soutien à l'innovation mis en place par Paris et Berlin.

"Aucune décision finale n'a encore été prise", assure le président exécutif d'Airbus. "Avec notre annonce, un processus s'amorce", assure le dirigeant.

Les syndicats français entendent pour leur part défendre également les sous-traitants, car l'ensemble de la filière emploie quelque 60.000 personnes dans la métropole de Toulouse, 90.000 dans l'ex-région Midi Pyrénées.

Le maire LR de Toulouse Jean-Luc Moudenc redoute un "effet domino" sur les "plus de 800 sous-traitants, aux PME ou TPE regroupées dans Aerospace Valley". Pour lui, le plan social d'Airbus doit être "rediscuté et minimisé".

"A chaque fois que vous avez une usine Airbus, vous avez des centaines d'entreprises qui tournent autour en sous-traitance et là, il va y avoir aussi des gros chocs sur l'emploi", a observé Laurent Berger jeudi sur RTL, le secrétaire général de la CFDT stigmatisant un plan "plus qu'excessif".

"Les salariés et leurs compétences sont la principale richesse du secteur aéronautique. Il faut donc tout mettre en œuvre pour la préserver", a pour sa part réagi la présidente PS de la région Occitanie Carole Delga.

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