Transport aérien : difficultés en vue pour les personnels d'Aigle Azur et XL Airways

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Par Jean-Louis PREVOST - Paris (AFP)
Publié le 09 octobre 2019 - 10:02
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Le syndicat SNPNC/FO réclame de meilleures conditions de travail et de salaires
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© PHILIPPE HUGUEN / AFP/Archives
La disparition de la compagine
La disparition de la compagnie aérienne Aigle Azur va mettre 1.100 personnes sur le marché de l'emploi




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La disparition de deux compagnies aériennes françaises, Aigle Azur et XL Airways, va mettre environ 2.000 personnes sur le marché de l'emploi, à un moment où les syndicats dénoncent un dumping social dans le transport aérien et le désengagement de l'État.

"Le pavillon français n'est pas au plus beau", résume auprès de l'AFP Jean Hédou, secrétaire général de la fédération FO pour le transport aérien. Il prévoit des difficultés de reclassement pour les personnels d'Aigle Azur et de XL Airways, estimant que "des compagnies aériennes vont en profiter pour pratiquer le dumping social en baissant le coût du travail".

De son côté, la Fédération nationale de l'aviation marchande (Fnam) qui représente l'ensemble de la branche, se veut rassurante, assurant que "tout le monde est prêt à faire un geste". "Les compagnies sont disposées à recruter et des cellules de reclassement devraient être montées d'ici la fin de la semaine prochaine", indique-t-on.

"Les syndicats vont aussi essayer de faire du placement", indique M. Hédou.

La situation ne s'annonce pas égale pour toutes les catégories de personnel. Ainsi, pour Philippe Nègre, vice-président de la section du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) de XL Airways, la situation des 85 pilotes de son ex-compagnie, tout comme celle des anciens d'Aigle Azur, est compliquée.

"Il y a un peu d'espoir pour les copilotes car il y a des besoins", dit-il. "En revanche, il y a un problème avec les commandants de bord parce que les compagnies françaises qui ont besoin de commandants donnent la priorité à leurs propres copilotes. Il n'y a qu'Air France qui pourrait en prendre".

De leur côté, les sections Unac (navigants) des compagnies concernées ont demandé à Air France de s'intéresser au sort des hôtesses et des stewards d'XL Airways et d'Aigle Azur.

M. Nègre espère lui aussi des mesures d'accompagnement. Avec les autres syndicats, il a demandé un rendez-vous au secrétaire d'État aux transports, Jean-Baptiste Djebbari.

Aigle Azur représente 1.100 emplois et XL Airways 600, auxquels il faut ajouter plusieurs centaines d'emplois dans l'assistance en escale.

- Mécaniciens recherchés -

En matière de recrutement, chaque compagnie a ses propres critères, en particulier en ce qui concerne le personnel volant, souligne-t-on à la Fnam, qui relève aussi une situation contrastée du marché de l'emploi dans la branche.

Avec le développement actuel du transport aérien, les perspectives de recrutement dans le secteur sont importantes, en particulier pour les mécaniciens, indique-t-elle.

De manière plus générale, elle souligne aussi que la population active dans le transport aérien vieillit, avec 25% des salariés d'aujourd'hui qui seront à la retraite dans dix ans. Le secteur estime que cela nécessitera au minimum le recrutement de 22.000 personnes pour couvrir ces départs et la croissance, dont 4.000 à 4.500 à court terme.

Et pourtant, rappelle la Fnam, le secteur aérien français a perdu 11.000 emplois en France sur les cinq dernières années, et 16.000 sont menacés sur les cinq prochaines. La majorité de ces destructions concerne des emplois qualifiés dans des compagnies françaises.

A l'origine de ce paradoxe, des coûts du personnel navigant français parmi les plus élevés du monde, des cotisations sociales supérieures à la moyenne européenne et une surtaxation des compagnies françaises.

La Fnam pointe aussi les compagnies low-cost qui, sans personnel basé en France, exercent une activité au départ de France sans s'acquitter de cotisations sociales.

Même constat chez FO qui dénonce "la taxation excessive des compagnies aériennes françaises, qui crée une distorsion de concurrence" et "une administration, la Direction générale de l'aviation civile, qui tolère, voire encourage le dumping social de compagnies low-cost étrangères".

"En France, le transport aérien a perdu des milliers d'emplois parce que l'on accepte que les gouvernements français se soient résignés à laisser choir le pavillon français", accuse M. Hédou.

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