A trois mois des européennes, l'union en panne à gauche

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Par Stéphanie LEROUGE - Paris (AFP)
Publié le 24 février 2019 - 13:47
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Benoît Hamon du mouvement Générations lors d'un meeting à Paris, le 6 décembre 2018
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© Eric Feferberg / AFP
Benoît Hamon, le fondateur de Générations, avait lancé le 8 février l'idée d'une "votation citoyenne" permettant d'unir les formations politiques se partageant cet espace, laissant jusqu'au 22 février aux partis pour lui répondre.
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Chacun dans son couloir, pour le meilleur et pour le pire: à trois mois des européennes, plus grand monde ne semble croire à une union des forces de la gauche non-mélenchoniste, même si le PS se laisse jusqu'au 16 mars pour trancher.

Benoît Hamon, fondateur de Générations, avait lancé le 8 février l'idée d'une "votation citoyenne" permettant d'unir les formations politiques se partageant cet espace, laissant jusqu'au 22 février aux partis pour lui répondre.

Las, pour l'ancien candidat PS à la présidentielle, l'idée a fait long feu, seuls Nouvelle Donne, les Radicaux de gauche et le MDP se montrant intéressés.

Les écologistes d'EELV ont très vite décliné, fidèles à leur stratégie annoncée dès le mois de juillet de présenter une liste autonome pour le scrutin du 26 mai. Le PCF a rejeté une proposition qui ne "semble pas permettre la clarté nécessaire à l'unité et à la reconquête", confirmant son intention d'avoir sa propre liste. Et le PS comme Place publique, le tout jeune mouvement lancé par Raphaël Glucksmann, se sont montrés plus que sceptiques sur la "méthode".

Faute de combattants, la votation n'aura donc pas lieu, et M. Hamon a affirmé dimanche dans Le Parisien qu'il prendrait la tête d'une liste Générations. Mardi, il dévoilera les trente premiers noms de sa liste.

En privé, M. Hamon continue d'espérer une alliance avec le PCF, à la peine comme lui dans les sondages --Générations est crédité de 3% dans une enquête BVA publiée samedi, devant le PCF (2%) et derrière le PS (5%), la France insoumise (7,5%) et EELV (9%). Les concurrents doivent dépasser le seuil de 5% pour avoir des élus, et de 3% pour être remboursés de leurs frais de campagne.

"Une fois qu'on aura lancé la campagne on verra si le PCF cogne à notre porte. Ils vont cogner", espère l'entourage de M. Hamon. Mais le PCF ne semble pas pressé de se ranger derrière quiconque, après des années mortifères passées dans l'ombre de la France insoumise.

- Une "erreur stratégique grave" ? -

Du côté du PS, les choses ne sont pas encore totalement figées. Le parti continue de tendre la main à Place publique et d'autres petites formations (PRG, Nouvelle Donne, UDE...) et tranchera sur sa stratégie lors d'un Conseil national le 16 mars, selon l'entourage du premier secrétaire Olivier Faure. Numéro deux du parti, Corinne Narassiguin souligne que Générations est "tiraillé en interne": "il y a ceux qui ne veulent pas revenir à la maison et ceux qui savent qu'ils ne peuvent pas survivre seuls".

Une union PS-Place publique n'a rien d'évident non plus: pour de nombreux responsables socialistes, comme le sénateur Rachid Temal ou le député Luc Carvounas, il est hors de question d'abandonner la tête de liste à une petite formation née il y a quatre mois, comme M. Faure dit l'envisager.

Place publique, de son côté, ne se voit pas s'enfermer dans un tête à tête avec le PS, alors que le mouvement s'était assigné pour tâche de refonder la gauche derrière la bannière de l'écologie. "Etre seuls avec le PS, ça n'est pas une option, bien qu'on apprécie Olivier Faure", dit le coprésident du parti, Jo Spiegel (ex-PS).

Un peu plus de trois mois après le lancement du mouvement, les fondateurs de Place publique ont du vague-à-l'âme. "On découvre la force de résistance d'appareils à 3%", ironise Raphaël Glucksmann. "Le seul rationnel, lucide, c'est Olivier Faure. Il ne se voit pas plus grand, plus beau qu'il n'est", déplore-t-il.

Pour l'essayiste de 39 ans, le chef de file des écologistes Yannick Jadot fait une "erreur stratégique grave", alors que l'écologie a "l'opportunité historique" d'"absorber la sociale-démocratie".

M. Jadot, lui n'en démord pas: la seule stratégie payante sera celle de la "clarté" et de la "cohérence", et donc du refus de l'alliance avec un PS.

"Je ne vais pas faire une union de façade à Paris pour des personnes qui après vont faire des votes différents à Bruxelles (...) Moi la seule chose qui m'intéresse, c'est qu'on ait un groupe écologique puissant" et que "l'Europe ne soit pas simplement une sorte de sas de politique intérieure", a-t-il dit dimanche à BFMTV.

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