Tueries de Mohamed Merah : le frère du "tueur au scooter" de retour aux assises

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Par Sofia BOUDERBALA - Paris (AFP)
Publié le 25 mars 2019 - 13:08
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En mars 2012, Mohamed Merah tuait au nom du jihad trois militaires, un enseignant et trois enfants juifs: le procès en appel de son frère Abdelkader, condamné à 20 ans de réclusion en 2017 mais acquitté du chef de complicité, s'est ouvert lundi à Paris.

Un an et demi après un premier procès marqué par de virulentes passes d'armes entre défense et parties civiles, la douleur des familles des victimes était intacte mais l'atmosphère moins tendue.

"C'est dur d'être là. On espère que cette fois la justice ira jusqu'au bout et condamnera le frère de l'assassin pour complicité, parce qu'il est complice. Ce sont des monstres", a déclaré à la presse Samuel Sandler, qui a perdu son fils Jonathan et deux petits-enfants.

Symbole des failles du renseignement et annonciatrice d'une refonte de l'antiterrorisme en France, l'affaire Merah ramène à ce moment de basculement en 2012 où la France est pour la première fois frappée sur son sol par un attentat jihadiste depuis ceux du GIA algérien en 1995.

En première instance, la cour d'assises spéciale de Paris avait condamné Abdelkader Merah, aujourd'hui âgé de 36 ans, à la peine maximale pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, mais l'avait acquitté du chef de complicité des sept assassinats perpétrés les 11, 15 et 19 mars 2012 à Toulouse et Montauban par son frère Mohamed.

L'accusation, qui avait requis la perpétuité contre le grand frère du tueur, présenté comme son "mentor", avait fait appel.

L'enjeu principal du nouveau procès sera de déterminer le rôle exact joué par Abdelkader Merah dans les tueries exécutées en solo par son frère, au guidon d'un puissant scooter volé.

L'accusé, entré dans le box en chemise blanche et barbe noire, cheveux noués en catogan, s'est présenté comme un ancien "peintre en bâtiment". Visage impénétrable, il est le plus souvent tourné vers la cour.

À ses côtés comparaît Fettah Malki, condamné en premier ressort à 14 ans de prison pour avoir fourni à Mohamed Merah un gilet pare-balles, un pistolet-mitrailleur et des munitions, en ayant connaissance de sa radicalisation.

Dans l'après-midi, cet Algérien de 36 ans a endossé le costume du second couteau et revendiqué son ancrage dans la délinquance "normale" du petit trafiquant de cité, sans "aucun rapport avec la religion".

- "Eléments de preuve" -

Dans sa salle d'audience, la même qu'en 2017, chacun a retrouvé ses repères, les familles se sont assises presque aux mêmes places, prêtes à affronter de nouveau le récit de ces crimes.

La présidente de la cour Xavière Siméoni a retracé la déambulation meurtrière de Mohamed Merah: l'assassinat de militaires, visés du fait de l'engagement de la France en Afghanistan - Imad Ibn Ziaten, 30 ans, Abel Chennouf, 25 ans, et Mohamed Legouad, 23 ans - et les 36 secondes du massacre de l'école Ozar Hatorah où Mohamed Merah est venu tuer des juifs pour ce qu'ils sont.

A l'entrée de l'école, Merah a d'abord tué Jonathan Sandler, 30 ans, professeur de religion, et ses fils Arié et Gabriel, 5 et 3 ans. Dans la cour, il a fait feu sur une petite fille à terre, Myriam Monsonégo, 8 ans, la fille du directeur d'école.

Retranché dans son appartement, le tueur sera abattu le 22 mars par le Raid après 32 heures de siège suivies par les médias du monde entier. Dans un courrier retrouvé après sa mort, le jihadiste se félicite d'avoir insufflé la terreur dans "le coeur des ennemis d'Allah".

Les familles ont écouté sans ciller. Elles attendent de voir reconnue la pleine responsabilité d'Abdelkader dans les crimes de son frère. "Il y a des éléments de preuve", a affirmé Me Simon Cohen, qui défend la majorité des plus de 200 parties civiles.

Les premiers juges ont établi que Mohamed Merah avait "toujours été seul" au moment des assassinats. Et "s'il partageait bien les motivations" du jihadiste, "aucun élément de la procédure ne montre" qu'Abdelkader Merah "connaissait les objectifs visés et les crimes commis par son frère", indiquait la cour en première instance.

La défense, qui a refusé de s'exprimer avant le début du procès, n'avait eu de cesse de mettre en garde contre la tentation de juger un fantôme à travers Abdelkader Merah.

Le verdict sera rendu le 18 avril.

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