Un assassinat pour s'emparer du magot des "postiches" : le crime à part de Fourniret

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Par Céline AGNIEL - Versailles (AFP)
Publié le 11 novembre 2018 - 09:00
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Michel Fourniret et son ex-épouse Monique Olivier photographiés en 1992
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© DAVID MARTIN / BELGA/AFP/Archives
Michel Fourniret et son ex-épouse Monique Olivier photographiés en 1992
© DAVID MARTIN / BELGA/AFP/Archives

C'est une première pour Michel Fourniret. Le tueur et violeur en série va devoir répondre, à compter de mardi, du seul crime crapuleux qui lui soit imputé: un assassinat en 1988 qui lui a permis de s'emparer du magot du "gang des postiches".

Il comparaît devant la cour d'assises des Yvelines jusqu'à vendredi, aux côtés de son ex-épouse Monique Olivier. Cette fois encore, sa victime est une femme: Farida Hammiche, 30 ans au moment de sa disparition.

Elle était l'épouse d'un ex-codétenu de Fourniret, le braqueur Jean-Pierre Hellegouarch, partie civile au procès aux côtés de deux soeurs et d'un amant de la victime. Morte étranglée et frappée à coups de baïonnette près de Clairefontaine (Yvelines), selon les aveux de Fourniret, son corps aurait été enterré non loin mais n'a jamais été retrouvé.

Hellegouarch et Fourniret ont été brièvement compagnons de cellule dans les années 1980 à Fleury-Mérogis (Essonne), où ce dernier purge à l'époque une peine pour agression sexuelle.

En mars 1988, alors que Fourniret a été libéré, Farida Hammiche le contacte, à la demande de son mari, pour qu'il l'aide à déterrer un trésor enfoui dans un cimetière du Val-d'Oise. Elle lui promet 500.000 francs pour ce service.

Hellegouarch, toujours en prison, a en effet eu vent de l'emplacement d'une caisse à outils renfermant ce trésor par un ancien codétenu, un Italien qui s'était évadé de prison avec un membre du "gang des postiches" et avait recueilli ses confidences.

L'enquête a permis d'établir que cette caisse recelait 20 kg de lingots et pièces d'or, une partie du magot amassé par cette célèbre entreprise criminelle spécialisée dans les braquages de banques et qui opéra à Paris entre 1981 et 1986.

Le trésor une fois déterré, Fourniret et Farida Hammiche le cachent au domicile de la jeune femme, à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). Fourniret n'aurait alors rien reçu en échange ou pas assez à son goût. L'"ogre des Ardennes" décide donc "de se servir lui-même", comme il le dit aux enquêteurs en 2005.

Il attire la jeune femme dans un guet-apens et la tue avant de l'enterrer dans un terrain vague. Puis il récupère le magot.

Une fois converti, cet or permet au tueur et à son épouse d'alors, Monique Olivier - qui comparaît pour complicité et recel - d'acheter notamment le château de Sautou, dans les Ardennes, et une maison à Sart-Custine (Belgique), ainsi que deux véhicules.

Ce qui reste du butin est enterré dans le jardin de la maison de Sart-Custine. Il sera retrouvé par les enquêteurs.

- "Faire leur deuil" -

Alors que Monique Olivier, présente lors du guet-apens, "reconnaît l'intégralité des faits qui lui sont reprochés" selon son avocat Richard Delgenes, il n'en est pas tout à fait de même pour son ex-mari.

Fourniret reconnaît l'assassinat, mais se dit innocent pour le recel, n'ayant "jamais eu connaissance de l'origine des fonds", assure son avocat Grégory Vavasseur, interrogé à quelques jours du procès.

A l'audience, assure-t-il, son client aujourd'hui âgé de 76 ans "compte collaborer mais dans la limite de ses possibilités. Or depuis quelques temps, sa mémoire est légèrement altérée et les faits sont vieux de 30 ans...", note le conseil.

Au grand dam des membres de la famille Hammiche qui n'ont pu donner de sépulture à leur proche, faute de corps, déplore leur avocate Yolaine Bancarel-Lancien. Ce procès sera surtout pour eux une façon de "faire leur deuil".

"Que ce meurtre soit enfin jugé", cela montre que "leur soeur avait de l'importance", même si contrairement aux autres victimes, elle n'a été considérée que comme "une femme de truand", estime l'avocate.

Farida Hammiche fait partie des huit femmes que le tueur a reconnu en 2004 avoir tuées. Il a récemment avoué deux autres meurtres de jeunes femmes.

Jean-Pierre Hellegouarch, 75 ans aujourd'hui, veut lui aussi "qu'on parle de Farida", note son avocat Didier Seban. "Il l'a intensément aimée, il l'a cherchée pendant des années", relate le conseil, regrettant que "la justice ne l'ait pas considérée comme une personne importante", mais comme une victime "pas aussi innocente que les autres".

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