Un mois après Irma, "le chemin sera long" pour Saint-Martin

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Par AFP
Publié le 06 octobre 2017 - 16:20
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Des soldats français commencent la reconstruction sur l'île de Saint-Martin, trois semaines après le
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© Helene Valenzuela / AFP/Archives
Des soldats français commencent la reconstruction sur l'île de Saint-Martin, trois semaines après le passage de l'ouragan Irma, le 27 septembre 2017
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Un mois après Irma, Saint-Martin se remet peu à peu des ravages de l'un des ouragans les plus puissants jamais enregistré aux Antilles, mais "le chemin sera long", pour cette île des Caraïbes où 95% des bâtiments ont été touchés.

Ecoles, commerces, hôtellerie, eau, électricité: les chantiers sont nombreux pour remettre en ordre de marche la petite île qui comptait un peu plus de 35.000 habitants (dans la partie française) avant l'ouragan, et dont l'essentiel de l'économie réside dans le tourisme.

Selon la ministre des Outre-mer Annick Girardin, 7.000 à 8.000 personnes ont quitté Saint-Martin et Saint-Barthélemy après l'ouragan. Certains sont depuis revenus, a constaté l'AFP, même si d'autres ont fait le choix de quitter définitivement Saint-Martin, l'île la plus dévastée.

"La reconquête de la vie normale est en cours, mais le chemin sera long", a reconnu mercredi Edouard Philippe.

Un mois après le passage dévastateur de vents à plus de 300 km/h, "un tiers des particuliers n'ont pas encore accès à l'eau courante", a-t-il précisé.

Cynthia Lainel, professeur à Marigot, a elle passé "26 jours" sans électricité : "c'était long, c'était terrible", a-t-elle expliqué à l'AFP. Le courant est revenu dimanche, quelques jours après l'eau. Aujourd'hui, "le quotidien est beaucoup moins compliqué, même pour les moustiques, avoir un ventilateur ou un climatiseur ça change tout!". Mais "toujours pas d'internet pour travailler", déplore cette femme qui se dit "épuisée".

Dans sa résidence à Mont-Vernont, Emmanuelle, 49 ans, (qui préfère garder l’anonymat), a récupéré l'électricité depuis deux semaines, mais n'a "toujours pas d'eau courante". Elle se réjouit que "des commerces reprennent, quelques restaurants ont rouvert".

Seul un quart des élèves a pu retourner à l'école depuis lundi. Une reprise normale des cours est promise pour la rentrée des vacances de Toussaint. Au total, 18 établissements scolaires sur 21 ont été plus ou moins détruits.

La préfecture, détruite, a rouvert des locaux temporaires, et les audiences judiciaires ont repris vendredi, dans la caserne de gendarmerie de Concordia.

- 'Toujours choqué' -

"La vie recommence petit à petit", souligne la députée de Saint-Martin, Claire Guion-Firmin, "même si on est toujours un peu choqué", et que parfois "on revit dans sa tête la situation qu'on a vécue ce jour-là".

Pour elle, "la priorité c'est maintenant la reconstruction" -estimée entre 2 à 3 milliards d'euros selon elle, "et l'aide du gouvernement pour y parvenir. Les habitations ont été endommagées, la plupart des gens n'ont plus de toit".

Selon le délégué interministériel pour la reconstruction de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy, Philippe Gustin, "si 95% des bâtiments sont en effet touchés", environ 30% ont été totalement détruits.

Mme Guion-Firmin demande "un moratoire en matière de paiement des charges sociales et une redéfinition des aides financières et fiscales pour la reconstruction de l'île". "L'économie repose sur le tourisme, et quasiment tous les hôtels ont subi des dégâts".

Pour le président de la collectivité territoriale de Saint-Martin, Daniel Gibbs, l'activité touristique ne pourra "vraisemblablement" reprendre que pour la saison 2018-2019.

"Maintenant on est confronté à un cataclysme administratif, juridique, et social", déplore Philippe Thevenet, secrétaire général de l'association des hôteliers de Saint-Martin. "Nos entreprises sont à sec, on n'a plus de bureaux, plus de dossiers, plus d'archives, plus de trésorerie", dit-il, inquiet pour les 8 à 10.000 salariés du secteur, d'autant que la reconstruction va durer "entre six mois et un an".

Daniel Gibbs a réclamé le remboursement pour les entreprises locales de la totalité de l’indemnité versée aux salariés en activité partielle, pour une durée d'au moins quatre mois. "C'est la seule solution pour que la grande majorité de nos entreprises ne soit pas dans l’obligation de déposer le bilan", affirme-t-il.

Pour Marc Ménard, directeur du Beach Hotel Plazza, réquisitionné pour l'armée et la police, l'heure est "au nettoyage, au déblayage et au bilan avec les assureurs". Mais il sait que le chômage l'attend "quand ce sera terminé". "J'aurais été célibataire je serais parti mais ma femme est dans les assurances et elle va avoir du travail pour les deux prochaines années".

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