"Un pays qui se tient sage" : les violences policières sur grand écran

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Par Sofiane OUANES - Paris (AFP)
Publié le 29 septembre 2020 - 19:58
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Un policier cagoulé porte un LBD lors de violences urbaines à Villeneuve-la-Garenne, le 20 avril 2020
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© GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP/Archives
Un policier équipé d'un Lanceur de balles de défense (LBD) lors d'une manifestation contre la réforme des retraites à Paris, le 11 janvier 2020
© GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP/Archives

Les images filmées au téléphone portable lors des manifestations des "gilets jaunes" s'affichent sur grand écran. Dans "Un pays qui se tient sage", en salles mercredi, le journaliste David Dufresne veut interroger "la légitimité de la violence par l’État".

"Voir ces images sur grand écran, ne pas pouvoir détourner le regard, leur rend leurs véritables significations, c'est-à-dire historique, documentaire", explique à l'AFP David Dufresne, dont c'est le premier film pour le cinéma.

Verticales, tremblantes, les vidéos proviennent des téléphones que brandissaient des manifestants lors d'affrontements avec les forces de l'ordre. Des images brutes, parfois difficiles à regarder, qui permettent aux "protagonistes" du film de revenir sur ces événements.

Concernant ces scènes violentes, "les gens qui viennent voir le film savent à quoi s'attendre", estime le journaliste connu pour son décompte des violences policières. Les premiers spectateurs en ressortent "secoués, remués mais finalement ils ont apprécié cette expérience. C'est ça le cinéma, ça vous transporte, ça agit sur vous".

Pendant 1H30, les scènes d'affrontements alternent avec des débats sur "la légitimité de la violence par l’État" opposant des intervenants aux idées très divergentes. Autant de respirations dans le documentaire qui entend réfléchir autour d'une phrase attribuée au sociologue allemand Max Weber: "L'État détient le monopole de la violence légitime".

"Gilets jaunes" éborgnés, avocat, historienne, journaliste, général de gendarmerie sont ainsi invités par le réalisateur à échanger pour "proposer une réflexion collective autour des questions du maintien de l'ordre et de la liberté de manifester".

- Dialogues et dissensus -

Ce dispositif voulu par David Dufresne place les intervenants dans une salle pour commenter et analyser les images d'affrontements.

Et parfois, ces rencontres provoquent des discussions vives, notamment lorsque le journaliste Taha Bouhafs et Benoît Baret, policier représentant syndical, reviennent sur un samedi de manifestations où des "gilets jaunes" se sont retrouvés enfermés dans un fast food à Paris le 1er décembre 2018.

"J'ai réuni des personnes qui avaient envie de dialoguer malgré leur désaccord. Ce film, c'est le dissensus", affirme David Dufresne.

"Un pays qui se tient sage" suscite débat et émotion. Après une projection en avant-première lundi en présence de certains participants, les échanges ont été relancés.

Jérôme Rodrigues, figure des "gilets jaunes" qui a perdu un oeil lors de manifestations place de la Bastille, s'exprime d'une voix tremblante lorsqu'il revient sur ces images projetées sur grand écran.

Une lycéenne de 17 ans finit en pleurs au moment de raconter son expérience face aux policiers lors d'un blocus de son lycée.

Les échanges ont également porté sur le rôle de la police et le nouveau schéma national du maintien de l'ordre présenté par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui suscite des remous parmi les médias.

Sollicité, le ministère a refusé d'apparaître dans le film, ce qui "traduit une fébrilité de certaines personnes haut placées autour des questions des violences policières", estime le réalisateur qui y voit "une façon de +nasser+ le débat".

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