Victime d'un "attentat islamiste", un prof d'histoire décapité en région parisienne

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Par Fanny LATTACH - Conflans-Sainte-Honorine (AFP)
Publié le 16 octobre 2020 - 21:49
Mis à jour le 17 octobre 2020 - 01:58
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Un policier à Conflans-Sainte-Honorine, sur les lieux de l'attaque qui a coûté la vie à un enseignant, le 16 octobre 2020
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© Abdulmonam EASSA / AFP
Un policier à Conflans-Sainte-Honorine, sur les lieux de l'attaque qui a coûté la vie à un enseignant, le 16 octobre 2020
© Abdulmonam EASSA / AFP

Un professeur d'histoire-géographie, qui avait montré à ses élèves des caricatures de Mahomet, a été décapité près d'un collège vendredi à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) dans "un attentat terroriste islamiste caractérisé", selon Emmanuel Macron, trois semaines après l'attaque devant les anciens locaux de Charlie Hebdo.

"Ils ne passeront pas. L'obscurantisme ne gagnera pas", a martelé, ému, le chef de l'Etat, à l'adresse des islamistes radicaux, lors d'une déclaration à la sortie du collège du Bois d'Aulne de Conflans-Sainte-Honorine où travaillait la victime.

Le président de la République, entouré par les ministres de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et de l'Education, Jean-Michel Blanquer, a appelé "la nation toute entière" à se ranger aux côtés des enseignants pour les "défendre".

"Ce soir, c'est la République qui est attaquée avec l'assassinat ignoble de l'un de ses serviteurs, un professeur", avait réagi plus tôt sur Twitter M. Blanquer, qui recevra samedi les représentants des personnels et des parents d'élèves.

Le parquet national antiterroriste (Pnat) a annoncé à l'AFP s'être aussitôt saisi de l'enquête, ouverte pour "assassinat en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste criminelle". Le procureur antiterroriste Jean-François Ricard doit s'exprimer dans les "prochaines heures", selon Emmanuel Macron.

"Nous avons besoin de comprendre l'enchaînement des événements, comprendre comment on peut finir décapité quand on est un enseignant au XXIe siècle", a dit Jean-Rémi Girard, président du Snalc (syndicat du secondaire).

Les faits se sont déroulés vers 17H00, selon une source policière. Des effectifs de la brigade anticriminalité (BAC) de la ville ont été appelés pour un individu suspect rôdant près du collège du Bois d'Aulne, selon cette source. Sur place, ils ont découvert la victime et, 200 mètres plus loin à Eragny-sur-Oise (Val-d'Oise), ont tenté d'interpeller un homme armé d'un couteau qui les menaçait et ont fait feu sur lui.

- Choc et incompréhension -

L'agresseur présumé, dont l'identité n'a pas été immédiatement établie, est décédé, a indiqué une source judiciaire. Selon une source proche de l'enquête, il a crié "Allah Akbar" avant d'être abattu.

Les enquêteurs cherchent notamment à savoir si l'agresseur est l'auteur d'un message posté sur Twitter par un compte désormais fermé et qui montre une photo de la tête de la victime. Sous cette photo, un message menace Emmanuel Macron, "le dirigeant des infidèles", et son auteur assure vouloir venger celui "qui a osé rabaisser Muhammad".

Le choc et l'incompréhension dominaient vendredi soir chez les riverains rencontrés par l'AFP dans ce quartier pavillonnaire, qu'ils décrivent comme calme et sans histoire.

Rodrigo Arenas, coprésident de la FCPE, la première association de parents d'élèves, a dit avoir reçu un signalement vendredi dernier qui faisait état "d'un père extrêmement énervé" après la publication en classe d'une caricature de Mahomet.

La victime aurait, selon M. Arenas, "invité les élèves musulmans à sortir de la classe" avant de montrer une caricature du prophète accroupi avec une étoile dessiné sur ses fesses et l'inscription "une étoile est née".

- "Abominable attentat" -

L'attentat a soulevé une vague d'indignation dans la classe politique. A l'Assemblée nationale, les députés se sont levés pour "saluer la mémoire" du professeur et dénoncer un "abominable attentat".

"Le séparatisme islamiste doit être combattu sans relâche, sans jamais faiblir", a réagi la députée LREM des Yvelines Aurore Bergé.

"Face à ceux qui veulent nous détruire, détruire la parole libre de nos enseignants, nous devons être implacables et cesser de regarder ailleurs!", a pressé Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France.

Cette attentat atteint un "niveau de barbarie insoutenable", a condamné la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen. "Ignoble crime", s'est indigné le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon tandis le député PS Boris Vallaud a fait part de son "immense émotion et révolte face à cet acte barbare terroriste".

Charlie Hebdo a exprimé sur Twitter "son sentiment d'horreur et de révolte", estimant que "l'intolérance vient de franchir un nouveau seuil".

Cette attaque survient trois semaines jour pour jour après l'attentat au hachoir perpétré par un jeune Pakistanais de 25 ans devant leurs anciens locaux.

L'auteur de cet attentat islamiste avait déclaré aux enquêteurs avoir agi en réaction à la publication et la republication par Charlie Hebdo début septembre des caricatures de Mahomet, qui avaient fait de l'hebdomadaire satirique une cible des jihadistes.

Cette republication avait eu lieu à l'ouverture le mois dernier du procès des attentats de janvier 2015, qui doit se tenir jusqu'au 10 novembre.

Depuis la vague d'attentats jihadistes sans précédent amorcée en 2015 en France, qui a fait 259 morts avec ce professeur, plusieurs attaques ont été perpétrées à l'arme blanche, notamment à la préfecture de police de Paris en octobre 2019, ou à Romans-sur-Isère en avril dernier.

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