Une asphyxie à l'origine du décès du livreur interpellé à Paris

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Par Benjamin LEGENDRE et Grégory DANEL - Paris (AFP)
Publié le 07 janvier 2020 - 20:51
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Le livreur mort à Paris après un contrôle routier a été victime d'une asphyxie avec fracture du larynx lors de son interpellation, selon les premiers résultats de l'autopsie mardi, dont le ministre de l'Intérieur reconnaît qu'elles "soulèvent des questions légitimes", les avocats de la famille dénonçant une "bavure policière".

Cédric Chouviat, 42 ans, a été victime d'un malaise cardiaque vendredi matin, aux abords de la Tour Eiffel, après avoir été plaqué au sol, casque sur la tête, par trois policiers, peu après un contrôle tendu, motivé selon une source policière par un usage du téléphone en conduisant son scooter. Il s'était montré "agressif" avant de proférer des insultes, avait ajouté la source.

Transporté dans un état critique à l'hôpital, il est mort dimanche à 03H30, selon le parquet de Paris.

"Les premiers éléments" des médecins légistes font "état d'une +manifestation asphyxique avec une fracture du larynx+", a précisé le parquet dans un communiqué.

Il ajoute que les experts relèvent aussi "un état antérieur cardiovasculaire" chez la victime, sans plus de précisions, dans l'attente d'investigations médico-légales complémentaires.

Au vu de ces éléments, le parquet, qui avait diligenté dimanche une enquête en "recherche des causes de la mort", a décidé d'ouvrir une information judiciaire pour "homicide involontaire".

Tout en évoquant "le soulagement de la famille de pouvoir avoir accès à un juge indépendant et ainsi pouvoir participer à l’enquête", ses avocats ont toutefois regretté cette qualification délictuelle choisie par le parquet.

"La famille demandera au magistrat instructeur de restituer la seule qualification des faits qui s'impose soit celle de violences volontaires ayant entraîné la mort", un crime passible des assises, ont déclaré Mes Arié Alimi, William Bourdon et Vincent Brengarth dans un communiqué.

Affirmant faire "confiance à la justice et aux enquêteurs pour faire la lumière sur les circonstances exactes du décès", le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a déclaré à l'AFP que ces résultats d'autopsie "soulèvent des questions légitimes, auxquelles des réponses devront être apportées en toute transparence".

De son côté, le préfet de police Didier Lallement a tenu à rappeler "que la présomption d'innocence est une garantie démocratique qui vaut pour tous, y compris les policiers".

- "Clé d'étranglement" -

Mardi matin, les avocats de la famille ont dévoilé à la presse des vidéos de la scène obtenues après un appel à témoignages. Une première captation montre le livreur tournant nerveusement autour des policiers en les filmant.

Une autre le montre ensuite à plat ventre se débattant, toujours casqué, sous le poids de trois policiers, puis inerte sur d'autres images.

Les vidéos ne montrent pas sa chute mais "deux témoins indiquent qu'il a subi une clé d'étranglement", a déclaré Me Arié Alimi. Il a également assuré que "l'état cardiovasculaire antérieur" du livreur, évoqué par le parquet, correspond à "une hypertension qui n'a aucun lien avec les causes de la mort".

"Il n'y aucun doute sur le fait que les modalités d'interpellation - la clé, le plaquage ventral, l'étouffement - étaient inappropriées et hors de proportion", a déclaré Me Bourdon, fustigeant une "culture de l'impunité et du déni qui encourage et déresponsabilise les policiers".

Selon un premier récit des policiers à leur hiérarchie, dont l'AFP a pu prendre connaissance, ils décrivent un comportement "provocant" du livreur à leur égard, les amenant à l'interpeller pour outrage. Puis ils expliquent qu'il a trébuché, entraînant dans sa chute un des gardiens de la paix et affirment ensuite qu'une fois à terre, et après une lutte pour le menotter, ils pensent d'abord que l'homme "simule un malaise" avant de constater que son visage devient bleu.

"En tant que croyant, on accepte sa perte. Mais après il y a des circonstances (...) et des faux témoignages", a déclaré sa femme, Doria Chouviat, appelant à ne pas généraliser les griefs contre les policiers.

"L'histoire elle peut se répéter demain, c'est une histoire banale (...) mon mari avait bon cœur, il était un peu gueulard (...) mais est-ce qu'il mérite ce qui lui est arrivé ?", a-t-elle ajouté lors de cette conférence de presse.

"Aujourd'hui il y a cinq orphelins qui vont me poser des questions: je leur dis quoi ?", a déclaré le père de la victime, qui employait son fils.

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