Une demi-tonne de cannabis dans un local municipal : début du procès lundi à Bobigny

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Par Tiphaine LE LIBOUX - Bobigny (AFP)
Publié le 30 mars 2019 - 09:00
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Trois hommes, dont un employé municipal, sont jugés à partir de lundi à Bobigny après la découverte de 500 kilos de cannabis dans un garage de la ville de Saint-Denis
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© KENZO TRIBOUILLARD / AFP/Archives
Trois hommes, dont un employé municipal, sont jugés à partir de lundi à Bobigny après la découverte de 500 kilos de cannabis dans un garage de la ville de Saint-Denis
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"De mémoire de policier, c'est du jamais vu": trois hommes, dont un employé municipal, sont jugés à partir de lundi à Bobigny après la découverte de 500 kilos de cannabis dans un garage de la ville de Saint-Denis.

Novembre 2016, un camion en provenance d'Espagne pénètre dans le centre technique municipal (CTM) de Saint-Denis. Il est précédé d'une puissante Audi. C'est la deuxième fois en quelques semaines que des agents des douanes repèrent cet étrange manège.

Cette fois, ils interceptent le convoi, peu après 21H00. Et découvrent à l'intérieur de la remorque, dissimulés dans une cache aménagée, 500 kilos de résine de cannabis. La drogue devait être reconditionnée puis "dispatchée" entre plusieurs revendeurs, avait expliqué une source proche de l'enquête à l'époque des faits.

Valeur estimée à la revente: entre 2.000 et 3.000 euros le kilo, en fonction de la qualité de la marchandise.

"De mémoire de policier, une telle saisie dans l'enceinte d'un local municipal, c'est du jamais vu", souffle aujourd'hui une source policière qui a fait l'essentiel de sa carrière en Seine-Saint-Denis.

Le chauffeur, un Espagnol aujourd'hui âgé de 62 ans, est immédiatement interpellé ainsi qu'un autre homme de 30 ans, au volant de l'Audi, qui faisait office de "voiture ouvreuse".

Un troisième homme prend la fuite. Sur les images de vidéosurveillance, un témoin assure reconnaître le fuyard et désigne le responsable adjoint du service des fêtes de la ville.

- 95.000 euros en liquide -

Ce dernier, qui conteste toute participation au trafic, est arrêté quelques heures plus tard dans l'enceinte du CTM. Dans une camionnette lui appartenant, près de 95.000 euros en espèces, répartis dans trois paquets thermosoudés, sont retrouvés. Dans ses effets personnels, les enquêteurs découvrent notamment des brouilleurs GSM et un traceur, selon une source proche de l'enquête.

Il comparaîtra jusqu'à mardi devant le tribunal correctionnel avec les deux autres suspects.

Cet homme de 42 ans, qui travaillait pour la ville depuis plus de 20 ans, avait déjà été mis en cause dans une affaire de stupéfiants en 2015, sans être condamné. Le dossier a fait l'objet d'une "annulation de procédure", selon son avocat, Guillaume Valat.

Dans l'affaire du CTM, "les charges qui pèsent sur lui sont minces", affirme Me Valat. "Il conteste être l'homme sur les images de vidéosurveillance, qui sont de très mauvaise qualité et ne permettent pas de reconnaître qui que ce soit", assure l'avocat.

Il n'a en revanche "pas d'explication" sur les espèces retrouvées dans son véhicule, avance son conseil, soulignant qu'"aucune empreinte digitale ni ADN" n'a été retrouvé sur les sacs et qu'"il est d'usage, au CTM, de laisser les véhicules ouverts, clé sur le contact, pour les déplacer si besoin".

Contactés, les avocats des deux autres prévenus n'ont pas souhaité réagir avant l'audience.

La ville de Saint-Denis s'est portée partie civile. "Les premières victimes des graves agissements présumés (de cet employé, ndlr) sont les agents de la mairie dont l'image a été injustement associée à cet individu", a déclaré à l'AFP la municipalité communiste, qui avait dissous le service des fêtes après l'affaire.

En 2014, sept personnes, dont deux agents municipaux de Bagnolet, avaient été condamnées à des peines allant jusqu'à huit ans de prison pour un trafic de stupéfiants dans des conditions similaires. Dans un local appartenant à la ville, onze kilos de cocaïne, plusieurs armes et 15.000 euros en espèces avaient été découverts.

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