"Une histoire de famille" : Patrick et son fils Julien, 60 ans d'Ascoval

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Par Florian SOENEN, Clément MELKI - Saint-Saulve (France) (AFP)
Publié le 18 décembre 2018 - 10:30
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Julien Agthe, et son père Patrick, marchent dans les couloirs de l'usine Ascoval de Saint-Saulve, le 12 décembre 2018
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© FRANCOIS LO PRESTI / AFP/Archives
Julien Agthe, et son père Patrick, marchent dans les couloirs de l'usine Ascoval de Saint-Saulve, le 12 décembre 2018
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Une entreprise "familiale": Patrick Agthe et son fils Julien, 60 ans de métier à eux deux chez Ascoval, se consacrent avec "fierté" à la sidérurgie dans cette entreprise en passe d'être sauvée et où les liens entre salariés dépassent le cadre professionnel.

Lorsque Patrick est entré dans l'entreprise, en 1975, il marchait déjà dans les pas de son père, qui y officiait comme chaudronnier. "Des anciens comme moi, on n'est plus qu'une poignée", lance-t-il à l'AFP dans les couloirs du site à Saint-Saulve (Nord).

"Le fait d'évoluer à travers cette boîte, de lui rester fidèle est une façon de lui rendre hommage", explique cet homme de 59 ans au visage rieur, barbe blanche et lunettes rondes sur le nez, qui a commencé sa carrière en tant que balayeur avant de gravir progressivement les échelons.

Près de lui, son fils Julien, barbe brune et lunettes rectangulaires, affirme voir depuis 17 ans chez Ascoval "une solidarité qu'on ne trouve pas ailleurs".

"Quand on arrive ici, on est d'abord surpris par cet environnement assez effrayant", se souvient ce technicien de 37 ans, en référence à ces immenses fours où l'acier est fondu à 1.700 degrés. "Mais assez vite une solidarité et une complicité se créent et ils sont vite intégrés."

D'autant que, comme eux, nombre des 281 salariés sont unis par les liens du sang.

"Beaucoup de générations se sont succédé ici. Il y a des frères, des cousins, ce qui accentue ce côté familial", sourit Julien en saluant des salariés en tenue de travail qui viennent prendre leur pause à la machine à café.

Le danger de certains postes accentue l'esprit de groupe. "A l'aciérie, tout le monde regarde son collègue. On fait un métier dangereux, on est constamment aux aguets", rappelle Patrick, confiant avoir perdu un proche, tué dans un accident du travail sur le site en 2012.

- "Deuxième maison" -

Du premier plan de restructuration annoncé par Vallourec en 2015 au projet de reprise par le franco-belge Altifort, qui devrait être validé mercredi par le TGI de Strasbourg, les multiples rebondissements de ces derniers mois ont rendu l'attente interminable.

"Depuis quatre ans, c'est beaucoup d'angoisses, de tristesse, de frustrations", souffle Patrick, gestionnaire, acheteur et approvisionneur.

"Ça a été très difficile", confirme Julien. "Le moral n'était pas toujours là, mais tout le monde s'est battu et a été solidaire pour sauver l'aciérie."

En octobre, les salariés étaient allés jusqu'à bloquer le site et stopper la production. Le plan de reprise sonne aujourd'hui comme un immense soulagement.

"C'est notre deuxième maison, on passe presque plus de temps ici que chez nous", justifie Julien. "Cette aciérie m'apporte énormément. Tout lui est lié", renchérit son père, qui arrive tous les jours "à 07H00 et repart après 18H00 pour voir les gens et discuter".

Après près de 40 ans de métier, Patrick doit partir à la retraite fin 2019. "Mais j'ai dit que si le site était repris par Altifort, si le boulot est intéressant, je continuerais sans doute un peu. Le boulot, ça fait partie de ma vie."

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