Une vaste saisie d'armes illustre la frontière poreuse entre collectionneurs et crime organisé

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Par Katell PRIGENT, Hélène DUVIGNEAU - Rennes (AFP)
Publié le 16 juin 2018 - 15:23
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La saisie de près de 700 armes cette semaine, dont des armes de guerre, principalement chez des collectionneurs, témoigne de la porosité entre un milieu de "passionnés" souvent peu regardants sur les conditions d'acquisition de leurs armes et l'univers du grand banditisme.

Les deux principales "têtes de réseau", deux hommes d'une cinquantaine d'années connus pour des faits criminels, ont été incarcérés et 14 personnes ont été mises en examen à ce jour.

L'opération de lutte contre le trafic d'armes qui s'est déroulée entre mardi et jeudi sous l'autorité de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Rennes est la troisième de ce type depuis février 2017. Au total, 250 personnes ont été auditionnées, près de 1.900 armes détenues illégalement ont été saisies, ainsi que 350.000 euros.

Selon la gendarmerie, tout a commencé en septembre 2016 par un banal contrôle routier au Mans, au cours duquel deux jeunes ont été découverts en possession d'une arme de poing. En enquêtant dans le milieu feutré des collectionneurs et "passionnés" d'armes, souvent en lien, volontairement ou non, avec celui du crime organisé, les enquêteurs ont réussi à démanteler un vaste réseau. Ils ont procédé par vague de perquisitions successives sur plus de la moitié du territoire.

L'opération menée cette semaine par la section de recherches de la gendarmerie d'Angers et le plateau d'investigations sur les explosifs et les armes à feu du pôle judiciaire de la gendarmerie à Pontoise, est la plus vaste géographiquement puisqu'elle s'étend sur 54 départements.

Plus d'une centaine de perquisitions ont été menées, mobilisant 600 gendarmes, et près de 700 armes saisies, selon le parquet de Rennes. Elle a conduit à une trentaine de gardes à vue et quatre mises en examen de personnes qui ont été placées sous contrôle judiciaire.

Dans l'arsenal figuraient notamment 250 armes de poing, plus d'une trentaine de fusils d'assaut de fabrication récente et près de 50 pistolets mitrailleurs, dont de nombreuses armes de guerre et automatiques interdites.

- Armes dissimulées -

L'opération visait principalement le milieu des collectionneurs et passionnés, mais les armes détenues illégalement avaient été "volontairement dissimulées dans les habitations" à l'intérieur de fausses cloisons, dans des livres découpés ou de faux ballons d'eau chaude.

"Certains collectionneurs revendent des armes ou les échangent, y compris avec des gens qui évoluent dans le milieu du grand bandistime", a confirmé à l'AFP le procureur de Rennes Nicolas Jacquet, ajoutant que "certaines armes se retrouvent ensuite dans des affaires criminelles".

"Des personnes peu scrupuleuses bien souvent proches des réseaux criminels français approchent des collectionneurs passionnés et peu regardants sur l'origine des armes et la qualité des vendeurs ou acquéreurs", a indiqué la gendarmerie dans sa note de synthèse. "Ce faisant, ils contribuent largement à alimenter en armes les milieux de la criminalité organisée".

Une première vague d'interpellations avait eu lieu entre février et novembre 2017: quatre trafiquants avaient été interpellés puis écroués et trois acheteurs entendus. Selon la gendarmerie, la conduite d'une dizaine de perquisitions, principalement dans le grand Ouest et le Centre, avait alors permis la saisie de 226 armes, dont plusieurs de guerre.

Une deuxième phase est intervenue du 11 au 14 décembre 2017 au cours de laquelle près de 900 armes ont été saisies, détenues illégalement, dans 29 départements, toujours dans le milieu des collectionneurs et passionnés d'armes.

Cette opération avait ciblé les principaux contacts d'un homme au centre d'un premier trafic. Outre les armes saisies, des explosifs avaient également été découverts sur quelques lieux de perquisition (pains de TNT, bâtons de dynamite).

La dernière opération intervenue cette semaine visait, selon les gendarmes, un autre homme au centre d'un deuxième trafic, parallèle au premier.

Sur le terrain, les gendarmes sont aidés par des unités cynophiles de la gendarmerie et des démineurs de la sécurité civile, avec l'assistance d'Europol.

Toutes les armes saisies sont expertisées par l'IRCGN (Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale) pour retracer leurs origines et leurs éventuelles utilisations.

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