Urgences : vous avez demandé un numéro unique ? Ne quittez pas

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Par Elia VAISSIERE - Paris (AFP)
Publié le 01 juin 2018 - 09:53
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Samu, médecins de garde, pompiers… Appellera-t-on bientôt un seul numéro pour toutes les urgences? Alors que le gouvernement doit trancher cet été, cet éternel débat, toujours vif entre professionnels
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© PHILIPPE LOPEZ / AFP/Archives
Samu, médecins de garde, pompiers… Appellera-t-on bientôt un seul numéro pour toutes les urgences? Alors que le gouvernement doit trancher cet été, cet éternel débat, toujours vif
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Samu, médecins de garde, pompiers… Appellera-t-on bientôt un seul numéro pour toutes les urgences? Alors que le gouvernement doit trancher cet été, cet éternel débat, toujours vif entre professionnels, a été relancé après la mort de Naomi Musenga.

Qu'ils soient urgentistes, pompiers ou politiques, tous s'accordent sur un point: avec 13 numéros d'urgence référencés, du 15 au 18, en passant par le 17, le 112 européen, le 115 du Samu social, ou les associations de secours, le système est aujourd'hui complexe et peu lisible pour l'usager.

L'organisation doit être repensée et des décisions seront prises "cet été", avait affirmé mi-mai la ministre de la Santé Agnès Buzyn, au lendemain d'une réunion avec des représentants des urgentistes.

Quelques jours plus tôt, les révélations sur la mort de Naomi Musenga, décédée à Strasbourg après avoir avoir parlé successivement à la police, aux pompiers et au Samu avant d’être redirigée vers SOS Médecins, avaient bouleversé l'opinion publique. Le débat avait déjà ressurgi après les attentats du 13 Novembre 2015, sans être tranché.

Car plusieurs options existent et aucune ne fait consensus.

D'un côté, la fédération nationale des sapeurs pompiers (FNSPF) plaide pour le "regroupement des plateformes" afin que pompiers, Samu, police et gendarmerie travaillent "ensemble, dans la même pièce" sur "tous les cas nécessitant une intervention immédiate" avec un "numéro unique, le 112".

Numéro d'urgence européen, le 112 redirige aujourd'hui soit vers le Samu, soit vers les pompiers en fonction du département.

Avec au total "450 centres" recevant 30 millions d'appels par an côté Samu, et 20 millions côté pompiers, la communication entre gilets blancs et rouges est "parfois brouillée", note Patrick Hertgen, vice-président de la FNSPF. "Des milliers de fois par jour, les professionnels se passent les appels" enregistrant "plusieurs fois numéros et adresses" et le citoyen doit "se prêter à un jeu de piste" pour trouver le bon interlocuteur.

"Il faut travailler de manière beaucoup plus étroite", estime aussi Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes de France, qui souhaite, "à terme", des plateformes pompiers-Samu dans chaque département. "Les expérimentations ont très bien fonctionné", assure-t-il.

Un rapport du Sénat listait en 2016 une quinzaine de centres communs, notamment en Haute-Savoie et dans l'Essonne. Coordonnés, blancs et rouges peuvent "décrocher les appels de l'autre" en cas de surcharge, gérer efficacement l'envoi des secours et "faire des économies", indique le rapport.

Emmanuel Macron, puis le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb avaient d'ailleurs défendu ce regroupement en octobre, le président citant l'exemple du "911" américain.

- "cultures très différentes" -

Mais cette idée "a plus de trente ans" et n'est "pas logique", réplique François Braun, président de Samu Urgences de France. Lui préconise une plateforme réservée à la santé, mais qui donnerait accès aussi bien aux urgentistes qu'à la permanence des soins. "Seul un médecin" peut "évaluer la gravité d'un cas et orienter" vers le bon service, hospitalier ou libéral, juge-t-il.

Si "20% de l'activité du Samu" croise celle des pompiers, les deux "cultures sont très différentes": le principe du "départ-réflexe" guide les pompiers, alors que le Samu s'attache à la "régulation médicale", avec "un engagement de moyens plus réfléchi", argue-t-il.

"L'intonation, les premiers mots spontanés du patient" doivent absolument être "interprétés par des professionnels formés à la santé", renchérit Agnès Ricard-Hibon, présidente de la Société Française de médecine d'urgence (Sfmu), et alors que les patients peuvent "refuser de répéter", "tout intermédiaire fait perdre des informations précieuses".

Missionné par le ministère de la Santé, le député Thomas Mesnier a proposé dans un rapport que "le 15" devienne ce "numéro de santé" unique, sonnant le glas du 116-117, créé par le précédent gouvernement et réservé à la médecine de ville. Vent debout contre cette idée, les médecins libéraux espèrent eux garder et "étendre" leur numéro national.

Face à cet imbroglio, les ministres de tutelle, Agnès Buzyn et Gérard Collomb, attendent pour trancher les conclusions d'un rapport commandé conjointement, qui doit être publié "avant l'été".

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