Vaccination massive contre une épidémie de pneumonie sur un chantier naval à Marseille

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Par AFP - Marseille
Publié le 03 février 2020 - 16:40
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Des travailleurs d'un chantier de réparation navale vont être vaccinés contre une épidémie de pneumonie, à Marseille le 30 janvier 2020
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© GERARD JULIEN / AFP/Archives
Des travailleurs d'un chantier de réparation navale vont être vaccinés contre une épidémie de pneumonie, à Marseille le 30 janvier 2020
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Une campagne massive de vaccination d'urgence, mais sans aucun lien avec le coronavirus chinois : les autorités sanitaires ont lancé lundi une offensive sans précédent à Marseille contre une épidémie de pneumonie, qui s'est déclarée parmi les 4.000 travailleurs d'un chantier de réparation navale.

Au moins 16 employés de sous-traitants sur le chantier de réfection d'un navire de la compagnie Norwegian Cruise Line ont été contaminés par cette souche de pneumocoque. L'un "est encore en réanimation", a annoncé le docteur Laurence Pascal, médecin épidémiologique à l'Agence régionale de santé (ARS).

Le pneumocoque ou streptococcus pneumoniae est une bactérie qui peut causer des infections pulmonaires et ORL (otites, sinusites), mais peut également être à l’origine de formes plus sévères d’infections invasives pour 10 à 30% des patients.

Pour enrayer sa progression, la vaccination est proposée lundi et mardi par une quinzaine d'équipes médicales sur place, à ces travailleurs de 13 nationalités différentes, sur la base du volontariat. Des solutions de lavage des mains ont été distribuées contre cette bactérie qui ne survit pas à l'air libre, et ne se transmet ni par l'eau ni par la nourriture.

L'opération, dont la facture devrait être réglée par les employeurs, est sans précédent pour l'Agence régionale de santé de Provence-Alpes-Côte d'Azur, qui met en garde contre toute confusion avec une autre crise qu'elle gère, celle des évacués de Wuhan, en quarantaine près de Marseille après avoir été évacués de Chine à cause du coronavirus.

Plus de trois semaines après les premiers symptômes de pneumonie, c'est l'Institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille qui a donné l'alerte à partir de la veille qu'il établit toutes les semaines sur les prélèvements de bactéries dans les hôpitaux.

- Terrain propice -

Le pneumocoque est bien connu et se traite en général bien. Les épidémies sont rares, explique le Dr Christiane Bruel, médecin à l'ARS, car pour l'attraper, "il faut rester au moins une heure, voire plus" avec une personne contaminée, et "qu'elle nous touche, voire nous crache dessus".

Mais la bactérie a trouvé un terrain propice dans le chantier naval, un milieu très confiné et fermé, qui emploie à l'abri des regards sur le port de Marseille des travailleurs en sous-traitance de toute l'Europe.

Le Norwegian Spirit, sur le chantier duquel s'est déclaré l'épidémie, est en réfection dans la "forme 10", le plus grand bassin de ce type en Méditerranée, permettant de mettre en cale sèche des monstres des mers comme ce navire de croisière de 270 mètres de long.

Depuis début janvier, des milliers d'employés s'y activent, soit pour entretenir la coque sous la ligne de flottaison et ce sont alors des salariés du chantier naval de Marseille, ou pour refaire l'intérieur, et ce sont alors des sous-traitants de l'armateur, Italiens, Français, Roumains ou encore Lituaniens...

Les premiers pourront être vaccinés, dans les bureaux de leur entreprise, mais ce sont les sous-traitants qui sont touchés par l'épidémie et sont les premiers concernés par la vaccination.

"Ces personnes sont soumises à des conditions de travail qui altèrent leur immunité pulmonaire" et les fragilisent face à la bactérie, souligne le Dr Bruel, qui évoque "beaucoup de poussière et d'utilisation de solvants". Ils ne dépendent, selon l'ARS, pas de la médecine du travail française.

Transportés d'un chantier à l'autre au gré des commandes de leurs employeurs, ces salariés vivent en circuit fermé, dormant dans les cabines qu'ils rénovent ou dans des "bateaux-hôtels" amarrés à proximité. "La priorité des sous-traitants, c'est de terminer le chantier", ce qui ne facilite pas forcément la campagne de vaccination, glisse le Dr Philippe Malfait, de Santé Publique France.

L'opération a aussi pour but que la maladie ne se transmette pas ailleurs : d'autres épidémies de pneumocoque ont éclaté sur des chantiers navals ces dernières années, en Norvège, en Irlande ou encore en Finlande à Turku, où une trentaine de salariés sur 7.000 sont tombés malades. Le Norwegian Spirit, lui, doit quitter Marseille cette semaine. Et ses travailleurs partiront ailleurs, pour de nouveaux chantiers.

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