Villiers-le-Bel : dix ans après les émeutes, "il y a autant de difficultés"

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Par AFP
Publié le 24 novembre 2017 - 20:29
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Un CRS au pied d'un immeuble de Villiers-le-Bel, près de Paris, le 18 février 2008
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© FRANCK FIFE / AFP/Archives
Un CRS au pied d'un immeuble de Villiers-le-Bel, près de Paris, le 18 février 2008
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Dix ans après les émeutes de Villiers-le-Bel (Val-d'Oise), la situation sociale des habitants ne s'est pas améliorée, "malgré tout ce qui a été fait" pour rénover les quartiers et rapprocher la police de la population, estime le maire (DVG) depuis 2012, Jean-Louis Marsac.

Q: Le 25 novembre 2007 de violentes émeutes éclataient après la mort de deux adolescents à moto, entrés en collision avec une voiture de police. Lors des deux nuits de troubles, 90 policiers seront blessés par arme à feu, une école et la bibliothèque seront incendiées, de nombreux commerces cassés, etc. Dix ans après, qu'est-ce qui a changé?

R: "Après les émeutes mais aussi l'assassinat en juin 2010 de Maxime Lawson, un jeune sans histoire tué d'une balle dans la tête (pour lequel trois jeunes ont été condamnés, nldr), un nouveau commissaire est arrivé, il y a eu une mobilisation des habitants et on a obtenu une équipe de policiers qui tournait en voiture et à pied entre 17H00 et 01H00 du matin.

Ce travail-là a payé, mais au fil du temps, ces effectifs de la BST (brigade spécialisée de terrain, nldr) se sont effrités complètement.

En outre, alors qu'avant j'avais les statistiques de la délinquance tous les mois, cette année les dernières que j'ai réussi à obtenir datent de juillet. Or, pour traiter les problèmes, en particulier la question des mineurs, il vaut mieux connaître le territoire. Si vous devez traiter le cas de jeunes qui sont en train de mal tourner, c'est quand même mieux d'avoir le nom des familles. La police fait son travail, mais on ne travaille plus en partenariat et dans une optique de prévention. Or, moi, je crois encore en la prévention de la délinquance, en l'éducation."

Q: Les 205 millions d'euros investis à Villiers-le-Bel dans la rénovation urbaine n'ont donc servi à rien?

R: "Le quartier des Carreaux est beau mais le chômage est toujours aussi élevé: chez les jeunes il frôle les 40%. Les émeutes ont aggravé la discrimination à l'embauche, à l'adresse, et puis il y a eu la crise financière de 2008. Or, chez nous, les jeunes qui trouvent à s'employer c'est souvent sur les emplois précaires, dans la sécurité ou le nettoyage des avions (la commune est proche de l'aéroport de Roissy, ndlr). Et ces emplois-là sont les premiers qui sont supprimés en cas de crise.

Avec pour conséquence le développement d'une économie parallèle, qui pourrit la vie des gens. Car même si la cage d'escalier est propre, quand un trafic de stups s'y installe ou que leur parking tout neuf est squatté par un atelier de mécanique sauvage, les gens n'ont pas le sentiment que la situation s'est améliorée."

Q: Qu'attendez-vous du président de la République?

R: "Qu'on soit traités comme les autres. On a l'impression que tant que la ville est calme, qu'il n'y a pas d'affrontement, tout va bien. Or, on a une explosion des incivilités, des vols à l'arraché, des cambriolages. Si on veut stabiliser la petite classe moyenne, il faut que les gens n'aient plus ce sentiment d'impunité. Je veux que l'habitant de Villiers-le-Bel, quand il est cambriolé, n'ait pas l'impression que c'est une fatalité. Ou que déposer plainte ne sert à rien. On pourra rénover les quartiers tant qu'on voudra mais tant que la loi ne s'appliquera pas, rien ne changera.

C'est aussi la raison pour laquelle, malgré les millions investis, les gens nous disent qu'ils se sentent abandonnés et ne votent pas. Moi qui ai été élu avec un taux de participation de 40%, je peux vous dire qu'il n'y a pas une journée sans que je pense à mes conditions d'élection, au fait qu'une bonne partie de la population considère que tout ça ne sert à rien et qu'il y a autant de difficultés qu'avant."

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