Violences conjugales : le Parlement adopte définitivement le bracelet antirapprochement

Auteur:
 
Par Véronique MARTINACHE - Paris (AFP)
Publié le 18 décembre 2019 - 05:00
Image
Une bannière est déployée lors d'une manifestation contre les violences conjugales, le 23 novembre 2019 à Marseille
Crédits
© CLEMENT MAHOUDEAU / AFP
Une bannière est déployée lors d'une manifestation contre les violences conjugales, le 23 novembre 2019 à Marseille
© CLEMENT MAHOUDEAU / AFP

Le Parlement a adopté définitivement mercredi, par un ultime vote du Sénat, le bracelet antirapprochement, dispositif destiné à éloigner les conjoints et ex-conjoints violents, qui "pourra éviter un nombre important de féminicides", selon la garde des Sceaux Nicole Belloubet.

Après l'Assemblée nationale, le Sénat à majorité de droite a adopté à l'unanimité la proposition de loi du député LR Aurélien Pradié, dont "le point saillant", a souligné la ministre, est la mise en oeuvre du bracelet antirapprochement.

Ce dispositif électronique existe notamment en Espagne où les féminicides ont baissé de manière significative. Il permet de géolocaliser et maintenir à distance les conjoints ou ex-conjoints violents par le déclenchement d'un signal.

Sous réserve du consentement du conjoint violent, il pourra être mis en place "à titre de peine ou avant tout jugement pénal dans le cadre d'un contrôle judiciaire, ou en dehors de toute plainte, dans le cadre civil d'une ordonnance de protection", a expliqué la garde des Sceaux.

Le lancement des 1.000 premiers bracelets est chiffré entre 5 et 6 millions d'euros. "Le financement a été anticipé, nous avons provisionné six millions d'euros. (...) C'est un coût estimatif car le marché n'a pas encore été passé", avait indiqué Mme Belloubet à l'Assemblée.

Chaque année, ce sont plus de 210.000 femmes qui sont victimes de violences physiques ou sexuelles de la part de leur compagnon.

Le texte "apporte des réponses concrètes à la détresse de trop nombreuses victimes", a salué la rapporteure Marie Mercier (LR), tandis que la présidente de la délégation aux droits des femmes, Annick Billon (centriste) estimait qu'il "traduit une vraie prise de conscience de l'effroyable réalité que représentent les violences intrafamiliales".

La proposition de loi veut aussi rendre plus efficaces les ordonnances de protection, donner un nouveau souffle au téléphone "grave danger" et faciliter le relogement des victimes de violences conjugales.

Députés et sénateurs l'ont complétée en ajoutant la suspension de plein droit de l'exercice de l'autorité parentale en cas de crime ou de poursuites pour crime d'un parent sur son conjoint.

"Il était urgent de légiférer sur ce sujet", a estimé Mme Mercier.

Le texte exclut encore de la succession d'une personne décédée, ou du bénéfice d'une pension de réversion, le conjoint qui a été condamné pour avoir commis des violences envers cette personne.

- "Décompte macabre" -

En défendant ce texte dès octobre, LR aura réussi un coup politique et pris de vitesse la majorité, mobilisée sur le Grenelle des violences conjugales, achevé le 25 novembre.

Mais le sujet est loin d'être épuisé.

Les députés LREM ont déposé fin novembre leur propre proposition de loi pour "aller plus loin encore" et "reprendre les propositions du Grenelle".

"Elle sera discutée dans les semaines à venir", a indiqué Mme Belloubet.

Ce nouveau texte "vise à mieux reconnaître les violences conjugales sous leurs différentes formes qu'elles soient physiques et psychologiques, notamment en reconnaissant l'emprise".

Il s'agira notamment, pour les auteurs de harcèlement au sein du couple, de porter les peines à dix ans d'emprisonnement et 150.000 euros d’amende lorsque le harcèlement aura conduit au suicide.

Pour permettre aux professionnels de santé de signaler plus facilement les "cas d'urgence absolue", les règles régissant le secret médical devraient être aménagées. Mesure à laquelle l'Ordre des médecins s'est déclaré favorable mercredi.

Des dispositions avaient en outre été annoncées dès septembre, dont la création de 1.000 nouvelles places d'hébergement et de logement d'urgence pour les femmes victimes ou la généralisation du dépôt de plainte à l'hôpital.

Un éventail de mesures qui laisse cependant encore sur leur faim les associations, qui s'inquiètent notamment du manque de moyens.

Une inquiétude partagée par les sénateurs socialistes et communistes. "Nous légiférons, mais pas un euro supplémentaire n'est donné à la protection des femmes", a déploré Mme Rossignol.

L'ex ministre des Familles a aussi pointé "une sous évaluation des violences et une sous utilisation des outils juridiques".

Le nombre de féminicides en France cette année a dépassé celui enregistré en 2018 par le gouvernement avec 122 cas confirmés, selon un décompte de l'AFP, après le meurtre d'une femme à Saint-Laurent-du Maroni (Guyane).

"Il est temps que ce décompte macabre cesse", a exhorté Mme Billon.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.