Accord entre sept pays européens pour faire débarquer les migrants de Sea-Watch

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Par Fanny CARRIER - Rome (AFP)
Publié le 30 janvier 2019 - 16:21
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Des migrants bloqués sur le Sea-Watch et au large de Syracuse scrutent la mer, le 26 janvier 2019
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© FEDERICO SCOPPA / AFP
Des migrants bloqués sur le Sea-Watch et au large de Syracuse scrutent la mer, le 26 janvier 2019
© FEDERICO SCOPPA / AFP

Rome a annoncé mercredi un accord avec six autres pays européens pour répartir les 47 migrants bloqués depuis 12 jours en mer sur le Sea-Watch, qui est attendu dans la nuit au port de Catane, dans l'est de la Sicile.

Le Sea-Watch 3, qui se trouvait depuis vendredi au large du port sicilien de Syracuse pour s'abriter du mauvais temps, "a reçu l'instruction de se diriger vers le port de Catane", environ 70 km plus au nord, a annoncé une source ministérielle en fin d'après-midi.

La communication officielle est arrivée peu avant 19H00 (18H00 GMT) à l'équipage, qui a besoin de deux heures pour remettre les machines en marche puis de trois ou quatre heures pour accoster à Catane, selon un photographe à bord, contacté par l'AFP.

A la mi-journée, le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, avait annoncé que les opérations de débarquement allaient débuter "dans les prochaines heures", grâce à un accord conclu entre l'Italie et six autres pays européens pour répartir les migrants.

Les six pays sont la France, le Portugal, l'Allemagne, Malte, le Luxembourg et la Roumanie. Il n'était pas clair si l'Italie elle-même garderait une partie des migrants: M. Conte l'a laissé entendre mais son ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini, qui s'y est toujours opposé de manière catégorique, ne l'a pas confirmé.

"Nous sommes heureux que cette prise d'otages européenne prenne fin", a déclaré à l'AFP le porte-parole de Sea-Watch, Ruben Neugebauer. "En même temps, c'est un mauvais jour pour l'Europe car les droits humains ont une fois de plus été subordonnés à des négociations au sein de l'UE. Encore un jour amer", a-t-il ajouté.

Depuis des mois, diplomates européens et humanitaires réclament un mécanisme permanent de répartition des migrants secourus en mer pour leur épargner les interminables discussions au cas par cas.

Mais les cas pourraient devenir de plus en plus rares avec le blocage progressif des navires humanitaires privés, comme l'Aquarius de SOS Méditerranée et Médecins sans frontières (MSF) ou l'Open Arms de l'ONG espagnole Proactiva Open Arms.

- Navire sous séquestre ? -

Le choix d'envoyer à Catane le Sea-Watch 3, affrété par l'ONG allemande Sea-Watch et battant pavillon néerlandais, semble répondre au souhait formulé par M. Salvini de voir la justice enquêter sur les activités de l'équipage.

Le gouvernement italien lui reproche de ne pas avoir laissé les garde-côtes libyens se charger des migrants, puis de s'être précipité vers l'Italie plutôt que de chercher refuge sur la côte tunisienne, qui était beaucoup plus proche. Mais l'ONG assure n'avoir jamais reçu de réponse de Tripoli ni de Tunis.

Le procureur de Syracuse, Fabio Scavone, a estimé lundi que le commandant du Sea-Watch n'avait "commis aucun délit" et avait seulement "sauvé les migrants et choisi la route qui semblait la plus sûre sur le moment".

Mais à Catane, le procureur Carmelo Zuccaro s'est montré particulièrement incisif contre les ONG depuis deux ans.

En mars 2018, il avait obtenu le placement sous séquestre de l'Open Arms dans le cadre d'une enquête pour aide à l'immigration clandestine contre les responsables du bateau qui avaient refusé de remettre des migrants secourus aux garde-côtes libyens.

La justice avait levé le séquestre au bout d'un mois au motif que la Libye ne garantissait pas les droits des migrants, mais l'enquête contre les responsables de l'ONG espagnole est toujours en cours.

La source au ministère de l'Intérieur a expliqué que Catane avait été choisie parce qu'elle compte des centres pour l'accueil des 13 adolescents du groupe. Les migrants majeurs seront conduits dans un centre d'identification et de premier acceuil à Messine, également en Sicile.

"Mission accomplie !", s'est réjoui M. Salvini mercredi. "Encore une fois (...), l'Europe a été contrainte à intervenir et à prendre ses responsabilités".

"L'objectif a aussi été dans ce cas de trouver une solution qui puisse concilier la sécurité des personnes en mer et celle d'un pays, l'Italie, qui n'est plus disposé à être le refuge de tous les clandestins d'Europe", a-t-il insisté.

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