Armes en Amérique : des appels mais peu d'espoirs de réforme

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Par Sébastien BLANC - Washington (AFP)
Publié le 20 février 2018 - 20:38
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Des policiers bloquent la route menant à l'hôtel Mandalay Bay après une fusillade meurtrière, le 2 octobre 2017 à Las Vegas
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© Mark RALSTON / AFP/Archives
Des policiers bloquent la route menant à l'hôtel Mandalay Bay après une fusillade meurtrière, le 2 octobre 2017 à Las Vegas
© Mark RALSTON / AFP/Archives

Six jours après une tuerie dans un lycée de Floride, des appels à durcir les lois sur les armes à feu se font à nouveau entendre aux Etats-Unis, mais de telles mesures restent incertaines et leur portée demeurera limitée.

Selon un sondage publié mardi par le Washington Post et ABC, une majorité d'Américains estiment que le président Trump et le Congrès n'en font pas assez pour prévenir les fusillades à nombreuses victimes. Voici les domaines de réformes discutés.

- Fusils d'assaut -

Ces armes semi-automatiques et légères, dotées de chargeurs à grande capacité et aux balles deux fois plus véloces que celles d'un revolver, ont tristement prouvé leur pouvoir létal. Elles sont légales dans plus de 40 Etats américains.

Leur marché se porte bien: les fabricants les présentent comme des objets de chasse, sport et loisir, ou comme la meilleure réponse au besoin d'autodéfense des Américains.

Nikolas Cruz, qui a tué 17 personnes la semaine dernière dans son ancien lycée de Parkland, avait un AR-15, une variante civile du fusil d'assaut militaire "M16".

Il est souvent est plus facile d'acheter un AR-15 qu'un pistolet: cela n'a pris que quelques minutes à Cruz, un jeune homme de 19 ans.

On retrouve des déclinaisons de l'AR-15 dans cinq des six derniers grands massacres aux Etats-Unis: Newtown (26 morts dont 20 enfants dans une école primaire en 2012), San Bernardino (36 personnes fauchées dont 14 décédées en 2015), Las Vegas (58 morts, près de 500 blessés à un concert en 2017), Sutherland Springs (25 morts dans une église texane en 2017) et Parkland.

Le tueur de la boîte gay d'Orlando (49 morts en 2016) n'avait lui pas d'AR-15, mais un fusil semi-automatique tout aussi létal.

En 1994, le Congrès américain avait adopté une loi bannissant durant 10 ans les fusils d'assaut et certains chargeurs à grande capacité. Cette prohibition a expiré en 2004 et, depuis, n'a jamais été remise en vigueur malgré de multiples tentatives.

La sénatrice démocrate de Californie Dianne Feinstein a ainsi lancé plusieurs initiatives pour prohiber ces engins, qui se sont enlisées dans un Congrès où de nombreux élus votent sous l'influence du lobby des armes.

Pourtant, de l'avis des experts, agir contre les fusils d'assaut serait la mesure la plus efficace pour prévenir les tueries. Rien aujourd'hui ne laisse espérer d'avancée concrète sur la question.

- Contrôles d'antécédents des acquéreurs -

C'est sur ce sujet de portée relativement marginale que la loi est le plus susceptible d'évoluer à court terme. Une vaste majorité des Américains y sont favorables, et le président Trump a fait savoir lundi qu'il soutenait l'idée d'une réforme.

Selon une loi de 1993, un armurier homologué par les autorités fédérales doit demander à un client potentiel de remplir un formulaire, puis transmettre par téléphone ou internet ces données à un service national spécialisé.

Cet organe dépendant du FBI vérifie alors les antécédents judiciaires et psychiatriques de cet acheteur avant d'autoriser ou non la transaction. Ces contrôles sont normalement réglés en quelques minutes, mais peuvent durer jusqu'à trois jours si nécessaire.

De l'avis général ce système souffre de carences, notamment dans l'actualisation des bases de données. De nombreuses ventes contournent par ailleurs les contrôles fédéraux exigés, notamment sur internet ou dans les foires itinérantes.

Une proposition d'amélioration des contrôles a donc été présentée par le sénateur républicain John Cornyn et son collègue démocrate Chris Murphy. L'objectif est de davantage responsabiliser les acteurs alimentant les bases de données et de mieux restreindre l'accès aux armes des personnes condamnées pour violences conjugales.

"Cette proposition de loi ne saurait à elle seule répondre au fléau", a toutefois tweeté M. Murphy.

- "Bump stocks" -

Ces dispositifs permettent à un fusil de tirer en rafales quasi-automatiques.

Le "bump stock" est une crosse amovible qui utilise l'énergie du recul de l'arme pour imprimer un mouvement de va-et-vient extrêmement rapide au fusil, dont les projectiles se rechargent au même rythme.

Le tueur de Las Vegas, dont 12 de ses fusils étaient équipés d'un tel système, a ainsi tiré à une cadence allant jusqu'à 9 balles par seconde.

Après son massacre ont surgi des appels à interdire les "bump stocks". Là encore, le Congrès a botté en touche, en repassant le dossier à l'ATF, l'agence fédérale qui régule les armes à feu. Après Parkland, certains espèrent sortir de ce point mort.

- Armer les enseignants -

Comme après chaque fusillade endeuillant un établissement scolaire américain, des voix s'élèvent également pour réclamer d'armer davantage les équipes pédagogiques. Cette idée est soutenue par des élus républicains et la NRA, le premier lobby des armes.

Selon le sondage Washington Post/ABC, 42% des Américains estiment qu'une telle mesure aurait permis d'éviter la tragédie du lycée de Parkland, mais 50% ne sont pas convaincus.

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