Assange, de reclus à probable expulsé de l'ambassade d'Equateur à Londres

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Par AFP - Quito
Publié le 09 avril 2019 - 08:45
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Une photo de Julian Assange accrochée sur les grilles de l'ambassade d'Equateur à Londres, le 5 avril 2019
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© Daniel LEAL-OLIVAS / AFP/Archives
Une photo de Julian Assange accrochée sur les grilles de l'ambassade d'Equateur à Londres, le 5 avril 2019
© Daniel LEAL-OLIVAS / AFP/Archives

L'asile accordé par l'Equateur à Julian Assange est en question. Depuis que WikiLeaks a alerté de l'imminente expulsion de son fondateur de l'ambassade équatorienne à Londres, Quito a admis que son cas était en révision.

Reclus dans l'ambassade depuis plus de six ans, Julian Assange risque une révocation de sa mesure de protection, l'Equateur reconnaissant qu'il y a deux options: "maintenir l'asile ou réviser la situation", selon le chef de sa diplomatie, José Valencia.

Comment le fondateur du site internet WikiLeaks s'est-il converti en un réfugié gênant? Voilà des éléments de réponse:

- Pourquoi Julian Assange bénéficie-t-il de l'asile? -

Le fondateur de WikiLeaks s'est réfugié à l'ambassade d'Equateur en Grande-Bretagne à la mi-2012 en demandant protection. Au bout de deux mois, il s'est vu accorder l'asile diplomatique en août par le président d'alors, Rafael Correa (2007-2017).

A l'époque, Julian Assange était sous le coup d'un mandat d'arrêt et d'une demande d'extradition vers la Suède pour viol présumé, un dossier classé depuis.

L'expert en informatique dénonce un plan des Etats-Unis visant à le juger et à le faire condamner à mort pour la publication de milliers de documents secrets sur le site WikiLeaks. Argument jugé recevable par Quito.

Mais Londres se refuse à lui accorder un sauf-conduit, qui lui permettrait de quitter l'ambassade, et maintient un mandat d'arrêt pour violation des conditions de sa liberté conditionnelle dans l'affaire suédoise.

- Pourquoi est-il devenu gênant pour l'Equateur? -

Depuis l'arrivée au pouvoir de Lenin Moreno en mai 2017, le traitement accordé à Julian Assange a changé. L'actuel président a revu quasiment toutes les politiques de son prédécesseur Rafael Correa, dont son positionnement critique envers les Etats-Unis, et a accusé le fondateur de WikiLeaks de s'immiscer dans les affaires internes de l'Equateur.

Julian Assange, 47 ans, s'est vu aussi reprocher d'avoir tenté d'influer sur les élections américaines de 2016 et sur le processus indépendantiste catalan en 2017.

Le président Moreno, qui l'a qualifié de "caillou dans le soulier" de la diplomatie équatorienne, a coupé temporairement ses télécommunications en 2018. Rafael Correa avait aussi restreint un temps son accès à l'Internet, fâché des interférences de l'Australien.

Mais ce qui pourrait lui coûter l'asile, ce sont les soupçons du gouvernement équatorien que WikiLeaks ait piraté les communications de l'actuel chef de l'Etat et de sa famille pour diffuser des photos, des vidéos et des conversations privées, autant de munitions pour ses opposants.

Julian Assange a voulu se maintenir comme un "acteur d'opinion mondial", sans respecter le "code minimal qu'un bénéficiant d'asile doit avoir: ne pas donner son avis ou s'impliquer dans un processus politique", a déclaré à l'AFP Katalina Barreiro, de l'Institut des hautes études nationales à Quito.

- Quel est le statut légal d'Assange? -

Le fondateur de WikiLeaks ne bénéficie pas seulement de l'asile. En 2017, il a été naturalisé Equatorien et le gouvernement de Lenin Moreno l'avait même nommé conseiller auprès de son ambassade à Moscou afin qu'il puisse quitter le Royaume Uni sous couvert de l'immunité diplomatique.

Mais Londres n'a pas reconnu cette nomination, que Quito a fini par annuler.

A présent, l'Equateur peut, de manière discrétionnaire, "révoquer l'asile comme il le lui a octroyé", a précisé à l'AFP l'expert en droit constitutionnel Rafael Oyarte.

En octobre dernier, Quito a imposé à Julian Assange un protocole de comportement qui régule ses visites, ses communications et même son hygiène au sein de l'ambassade.

Son non respect peut se solder par l'"achèvement de l'asile", selon ce document signé par les deux parties.

Quito peut aussi lui retirer la nationalité équatorienne ou Julian Assange y renoncer.

Mais l'Etat a en théorie l'obligation de le protéger contre les éventuelles prétentions d'autres pays de le condamner à la réclusion à perpétuité ou à mort, peines non reconnues par la législation équatorienne.

- Que peut-il se passer si l'asile lui est retiré? -

Julian Assange devra alors quitter l'ambassade, y compris s'il reste citoyen équatorien, à moins qu'il démontre avoir besoin de protection et que le pays donne suite.

Selon l'avocat de droit international Mauricio Gandara et ex-ambassadeur équatorien à Londres, Quito pourrait lui accorder un délai afin qu'il sorte volontairement.

S'il lui est donné 24 heures et qu'"au bout des 24 heures il n'est pas sorti, l'ambassade demande à la police d'entrer et de l'emmener", a-t-il ajouté.

Une fois dehors, Julian Assange sera arrêté selon le mandat qui court encore à son encontre.

La peine "ne dépasserait pas six mois", estime le procureur général équatorien, Iñigo Salvador, soulignant que le Royaume Uni a garanti qu'"il ne serait ni expulsé, ni extradé vers aucun autre pays".

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