Assassinat du demi-frère de Kim : une Vietnamienne reste la seule accusée

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Par M. Jegathesan - Shah Alam (Malaisie) (AFP)
Publié le 14 mars 2019 - 07:24
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Des policiers malaisiens à l'extérieur du tribunal de Shah Alam, qui juge l'assassinat du Nord-Coréen Kim Jong Nam, le 14 mars 2019
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© MOHD RASFAN / AFP
Des policiers malaisiens à l'extérieur du tribunal de Shah Alam, qui juge l'assassinat du Nord-Coréen Kim Jong Nam, le 14 mars 2019
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Un tribunal malaisien a rejeté jeudi la demande de libération d'une Vietnamienne accusée dans l'assassinat aux relents de Guerre froide du demi-frère du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un en 2017, trois jours après les espoirs suscités par la remise en liberté de sa co-accusée indonésienne.

Siti Aisyah ayant bénéficié lundi d'une libération surprise, la Vietnamienne Doan Thi Huong reste donc seule sur le banc des accusés du tribunal de Shah Alam, près de Kuala Lumpur.

"En ce qui concerne la demande soumise le 11 mars à l'honorable procureur général, nous avons reçu l'instruction de continuer le procès", a annoncé Muhammad Iskandar Ahmad, le responsable du parquet dans cette affaire.

A cette annonce, Doan Thi Huong a fondu en larmes : "Je suis innocente (...) je veux que ma famille prie pour moi".

L'avocat de la jeune femme, Hisyam Teh Poh Teik, qui va déposer une autre requête de mise en liberté, a estimé que cette décision "n'inspirait pas confiance dans le système judiciaire" malaisien.

- Hanoï "regrette" la décision -

Hanoï a "regretté" la décision du tribunal. "Nous voulons que Doan Thi Huong soit jugée équitablement, de façon objective et qu'elle soit libérée", a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Le Thi Thu Hang.

Kim Jong Nam, détracteur du régime nord-coréen en exil, est mort après avoir reçu sur le visage un agent neurotoxique, considéré comme une arme de destruction massive, à l'aéroport de Kuala Lumpur en février 2017.

Le procès des deux accusées d'une vingtaine d'années s'était ouvert en octobre 2017 et devait initialement reprendre lundi, après une interruption de plusieurs mois, avec le témoignage de la jeune femme vietnamienne.

Mais coup de théâtre: le tribunal a alors annoncé la libération de Siti Aisyah. Le parquet avait renoncé à la poursuivre, sans motiver sa décision, suscitant l'espoir d'une libération de sa co-accusée.

Les deux femmes ont toujours nié le meurtre, assurant qu'elles avaient été piégées par des agents nord-coréens et qu'elles pensaient participer à une farce pour un jeu télévisé.

- "Boucs émissaires" -

Leurs avocats les ont présentées comme des boucs émissaires, arguant que les enquêteurs n'avaient pas réussi à arrêter les véritables meurtriers alors que quatre suspects Nord-Coréens avaient réussi à fuir la Malaisie peu après les faits.

Pendant le procès, les éléments présentés contre la jeune femme vietnamienne ont semblé plus sérieux : une vidéo d'une caméra de surveillance la montre notamment s'approcher du Nord-Coréen, mettre ses mains sur son visage et s'enfuir.

L’Indonésienne n'apparaît que sur des images floues en train de quitter la scène de crime.

L'Indonésie, qui a reconnu avoir multiplié les initiatives diplomatiques au plus haut niveau en faveur de la libération de sa ressortissante, l'a accueillie lundi en grande pompe à son retour.

Le Vietnam a à son tour fait pression cette semaine sur la Malaisie pour que Doan Thi Huong soit libérée. Le ministre vietnamien des Affaires étrangères a appelé son homologue à Kuala Lumpur, et le ministre de la Justice a écrit au procureur général malaisien.

Dans le village de la jeune Vietnamienne, son père, Doan Van Thanh, qui avait lavé des draps en espérant son retour, avait le cœur brisé : "Je suis très triste. Le gouvernement nous a soutenus, mais l'autre partie n'a pas pu trouver de solution, que pouvons-nous faire?"

En Malaisie, une condamnation pour meurtre correspond automatiquement à une peine de mort par pendaison. Si le pays s'était engagé à abolir la peine capitale, le gouvernement a indiqué récemment qu'il pourrait revenir sur cette promesse.

Un avocat pénaliste du barreau malaisien, Abdul Rashid Ismail, a estimé que la décision de juger l'accusée vietnamienne et pas l'indonésienne "était manifestement injuste". "C'est précisément pour cette raison que la peine capitale doit être abolie, l'application de la peine de mort ne peut pas être appliquée de façon équitable", a-t-il expliqué à l'AFP.

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