Déminage et nouvelles arrestations après l'attaque jihadiste de Nairobi

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Par Nicolas DELAUNAY - Nairobi (AFP)
Publié le 17 janvier 2019 - 11:19
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Une femme évacuée du complexe DusitD2 près de Nairobi au moment de l'attaque par les islamistes somaliens shebab le 15 janvier 2019
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© Luis TATO / AFP
Une femme évacuée du complexe DusitD2 près de Nairobi au moment de l'attaque par les islamistes somaliens shebab le 15 janvier 2019
© Luis TATO / AFP

Des démineurs et équipes cynophiles ont minutieusement fouillé jeudi le complexe hôtelier de Nairobi, attaqué par un commando de cinq islamistes radicaux, qui a tué 21 personnes et fait 28 blessés, alors que l'enquête en cours a permis l'arrestation de neuf suspects supplémentaires.

Revendiquée par les islamistes somaliens shebab, l'attaque a pris fin mercredi matin après un siège de près de 20 heures, avec la mort des deux derniers assaillants retranchés dans un des bâtiments du complexe regroupant un hôtel, des restaurants et des bureaux.

Depuis, les équipes spécialisées dépêchées sur place mènent un travail de recherche d'éventuels explosifs et victimes.

"Nous sommes confiants quant au fait qu'il n'y a plus personne là-bas", a indiqué à l'AFP un gradé de la police kényane participant à l'opération. "Mais dans une situation comme celle-ci, on ne peut pas être totalement sûr tant que ce n'est pas fini".

"Nous sommes à nouveau rentrés avec des chiens renifleurs et des experts en explosifs qui passent tout au peigne fin, parce que nous avons trouvé hier des grenades laissées par ces gens (les assaillants, ndlr)", a ajouté la même source.

La police a prévenu la population de ne pas s'inquiéter de fortes explosions contrôlées qui seront réalisées par les équipes de déminage.

La Croix-Rouge a de son côté indiqué jeudi que les 94 personnes initialement portées disparues par des proches s'étant manifestés auprès de l'organisation, ont toutes pu être localisées.

L'enquête en cours a débouché jeudi sur l'arrestation de neuf suspects, en plus de deux autres arrêtés mercredi, a indiqué un gradé de la police kényane, sous couvert de l'anonymat. Ces suspects ont été appréhendés "à plusieurs endroits du pays", notamment la ville portuaire de Mombasa et l'Ouest du Kenya.

- Transfert de l'ambassade américaine -

"En ce moment, ils sont emmenés à Nairobi pour interrogatoire par l'unité antiterroriste de la police au sujet de leur rôle" présumé, selon la même source. "Leur communication était très active, notamment avec leurs associés en Somalie".

Cette source policière a indiqué qu'un des suspects arrêtés jeudi est un homme dont les enquêteurs pensaient jusqu'à présent qu'il était un des cinq jihadistes ayant perpétré l'attaque, tous morts durant cette opération.

"Sa voiture étant sur les lieux (de l'attaque, ndlr), tout le monde a cru qu'il était mort", a déclaré cette source.

Sa maison à Ruaka, une commune du nord de Nairobi, a cependant "été utilisée dans la planification (de l'attaque)", a assuré le policier.

Selon un détective ayant participé à la descente sur cette maison, des armes y étaient stockées, dans "un énorme trou creusé dans une des chambres".

L'attaque du complexe DusitD2, dans un quartier verdoyant de Nairobi, avait débuté mardi vers 15H00 (12H00 GMT). Des images de vidéosurveillance montrent un des assaillants restant près d'une minute devant la terrasse d'un restaurant du complexe, avant de se faire sauter.

Les quatre autres membres du commando ont plus tard été tués par les forces de sécurité.

Les shebab, affiliés à Al-Qaïda, ont indiqué mercredi avoir agi en représailles au transfert de l'ambassade des Etats-Unis à Jérusalem, selon le centre américain de surveillance des sites internet jihadistes SITE.

- "Leçons tirées" -

Le groupe affirme que ses combattants ont suivi les instructions du chef d'Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, de s'en prendre à des intérêts occidentaux et israéliens.

Jeudi, le pape François s'est joint aux nombreuses voix condamnant l'attaque, et a présenté ses "sincères condoléances à tous les Kényans".

Quelque 700 personnes ont été évacuées du complexe hôtelier pendant l'opération menée par les forces de sécurité.

Seize Kényans ont été tués dans l'attaque, ainsi qu'un Américain, un homme possédant les nationalités britannique et sud-africaine, et "trois personnes d'origine africaine qui doivent encore être identifiées", selon les termes du chef de la police kényane Joseph Boinnet.

L'hôtel Dusit a annoncé jeudi que quatre de ses employés figuraient parmi les victimes.

Les médias britanniques ont rapporté qu'un membre des forces spéciales britanniques était parmi les premiers à se porter au secours des victimes. Ce sous-officier expérimenté était en train de faire ses courses lorsqu'il a eu vent de l'attaque, et a pris la direction du DusitD2 avec son équipement de combat.

Le quotidien Daily Nation dans son éditorial jeudi a salué l'intervention des forces de sécurité: "les équipes de sécurité ont été bien coordonnées (...), il y avait une chaîne de commandement centralisée". "Clairement, des leçons ont été tirées", ajoute le quotidien.

Ces commentaires contrastent avec les vives critiques émises contre l'intervention des forces armées lors de l'attaque du centre commercial Westgate à Nairobi en 2013 par un commando shebab, qui avait fait 67 morts lors d'un siège de quatre jours.

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