Attentat d'Ahvaz : larges accusations iraniennes pour une double revendication

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Par AFP - Téhéran
Publié le 24 septembre 2018 - 14:40
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Photo du président iranien Hassan Rohani, lors d'un discours à Téhéran, le 22 septembre 2018.
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© STRINGER / afp/AFP
Photo du président iranien Hassan Rohani, lors d'un discours à Téhéran, le 22 septembre 2018.
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Téhéran a désigné un grand nombre de coupables après l'attentat de samedi ayant fait 24 morts à Ahvaz, dans le sud-ouest de l'Iran.

Cette attaque, qui a visé un défilé militaire, a en outre été l'objet de deux revendications --dont une du groupe jihadiste État islamique (EI)--, très difficiles à authentifier.

- Mouvance séparatiste -

Très rapidement après l'attentat, les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, ont accusé "le mouvement al-Ahwaziya", désignant la mouvance séparatiste arabe de la province du Khouzestan, qui comprend divers groupes.

Mais plus de 48h après les faits et à mesure que l'enquête avance, cette certitude initiale commence à être remise en cause.

Dans un message sur Twitter, le directeur général du quotidien ultraconservateur Javan, Abdullah Ganji, indique que deux des quatre assaillants d'Ahvaz étaient "frères" et qu'ils avaient un autre frère qui "a été tué dans un attentat suicide en Syrie".

"Cela renforce la possibilité d'un attentat motivé par des raisons idéologiques plutôt qu'ethniques", ajoute M. Ganji.

Sans nommer un groupe précis, le Guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamanei a déclaré lundi que l'attentat d'Ahvaz était "l’œuvre de ces mêmes individus qui, chaque fois qu'ils sont en difficulté en Syrie et en Irak, sont secourus par les Américains, et qui sont financés par les Saoudiens et les Émirats arabes" unis.

Or les groupes séparatistes arabes du Khouzestan n'ont pas de présence connue en Syrie, contrairement à l'organisation État islamique (EI).

Samedi, un homme se présentant comme un porte-parole d'un mouvement nommé "Résistance nationale d'Ahvaz" a revendiqué l'attentat au nom de ce groupe sur une télévision satellitaire émettant en persan de Londres.

Parallèlement, deux mouvements séparatistes, le "Front populaire et démocratique des Arabes d'Ahvaz (FPDAA) et le "Mouvement arabe de lutte pour la libération d'Ahvaz", ont publié des communiqués niant toute implication.

- "Parrains régionaux" et "maîtres américains" -

Ahvaz est la capitale du Khouzestan, province du sud-ouest de l'Iran peuplée majoritairement d'Arabes. Mettant en cause les séparatistes arabes, le président Hassan Rohani a accusé dimanche "des petits pays mercenaires" de la région, "encouragés par les Américains" d'être derrière l'attentat.

Le même jour, le chargé d'affaires émirati à Téhéran a été convoqué au ministère des Affaires étrangères. Abou Dhabi a nié tout lien avec l'attaque et accusé l'Iran de lancer une "campagne" contre les Émirats.

Également convoqués, samedi, au ministère des Affaires étrangères iranien, les diplomates représentant le Danemark, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne se sont vu reprocher "d'héberger certains membres du groupe terroriste" responsable de l'attentat, selon Téhéran.

Dans un communiqué publié dimanche, les Gardiens de la révolution ont eux mis en cause "le triangle satanique Occidentaux-Hébreux-Arabes".

Le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif a aussi accusé "des terroristes recrutés, entraînés et payés par un régime étranger" et mis en cause "les parrains régionaux du terrorisme et leurs maîtres américains".

Plus explicite, le porte-parole des Gardiens de la Révolution, Ramezan Sharif, a accusé les membres du commando d'Ahvaz d'être "nourris par l'Arabie saoudite".

Les États-Unis et Israël font figure d'ennemis officiels de la République islamique.

Téhéran entretient également des relations conflictuelles avec plusieurs monarchies arabes du Golfe alliées des États-Unis, en particulier avec l'Arabie saoudite, son grand rival régional avec qui les relations diplomatiques sont rompues depuis janvier 2016, mais aussi avec les Émirats et Bahreïn.

- Le groupe État islamique -

L'attentat d'Ahvaz a rapidement été revendiqué par le groupe jihadiste État islamique (EI), dont l'agence de propagande a par la suite publié une vidéo de trois jeunes hommes, deux parlant en arabe, un en persan, affirmant qu'il s'agit des membres du commando d'Ahvaz.

L'EI n'apporte toutefois aucun élément probant permettant d'accréditer sa revendication.

L'organisation sunnite ultra-radicale a revendiqué sa première attaque en Iran le 7 juin 2017. Des hommes armés et des kamikazes avaient attaqué à Téhéran le Parlement et le mausolée du fondateur de la République islamique, l'imam Khomeiny, faisant 17 morts et des dizaines de blessés.

Dans une vidéo publiée en mars 2017, l'organisation avait menacé d'agir en Iran en représailles au soutien militaire et logistique apporté par Téhéran aux autorités syriennes et irakiennes, deux pays où le groupe jihadiste a perdu l'écrasante majorité de ses territoires.

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