Atterrissage meurtrier à Moscou : le pilote raconte avoir subi la foudre

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Par Maxime POPOV et Thibault MARCHAND - Moscou (AFP)
Publié le 06 mai 2019 - 10:50
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L'incendie d'un avion Soukhoi Superjet-100 de la compagnie russe Aeroflot à l'aéroport de Moscou-Cheremetievo, le 5 mai 2019 A picture taken on May 5, 2019, shows a fire of a Russian-made Superjet-100
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© Viktor Marchukaites / AFP
Aéroport Cheremetievo
© Viktor Marchukaites / AFP

La foudre qui met hors service les équipements de bord, des réservoirs de carburant pleins et un atterrissage violent qui embrase l'appareil: le pilote du Soukhoï Superjet de la compagnie russe Aeroflot dont l'accident a fait 41 morts dimanche soir à l'aéroport Cheremetievo de Moscou, a raconté lundi l'enchaînement qui a mené à la tragédie.

Si les circonstances exactes ne sont pas encore officiellement connues, le commandant de bord, Denis Evdokimov, a rapporté aux médias russes que le Soukhoï Superjet 100, qui venait de décoller à destination de Mourmansk avec 73 passagers et cinq membres d'équipage, avait dû effectuer un atterrissage d'urgence après que la foudre eut mis hors service les équipements de bord.

"A cause de la foudre, nous avons perdu le contact radio et sommes passés en régime de pilotage minimal (...) C'est-à-dire sans ordinateur comme à l'ordinaire", a expliqué le pilote dans les colonnes du tabloïd russe Komsomolskaïa Pravda.

"Nous sommes parvenus à rétablir la liaison via la fréquence d'urgence, mais elle était courte et fonctionnait seulement par intermittence. (...) Nous avons pu dire quelques mots puis le contact a disparu", a-t-il ajouté.

Selon le commandant de bord, c'est à cause du violent atterrissage que l'appareil a pris feu. "La raison est sûrement la suivante: les réservoirs étaient pleins", a-t-il indiqué.

Publiée sur les réseaux sociaux, une vidéo amateur montre l'appareil touchant le tarmac, rebondissant avant de s'embraser et de finir sa course dévoré par les flammes.

Une autre vidéo tournée à l'intérieur de l'avion montre les passagers criant de panique, tandis que d'énormes flammes s'élevaient de l'extérieur du Superjet.

Sitôt après l'atterrissage, les passagers ont été évacués par les toboggans avant de l'avion alors que celui-ci s'embrasait à grande vitesse, d'énormes volutes de fumée noire s'élevant dans les airs.

Le Secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, en visite en Finlande, a indiqué qu'un citoyen américain était mort dans l'accident et a présenté ses "condoléance" aux familles des morts et des blessés.

- "Comme un coup de poing" -

Un passager de l'appareil, Dmitri Khlebouchkine, a rapporté à l'agence Ria Novosti avoir vu "un éclair de lumière blanche" lors du vol.

Puis "l'atterrissage a été dur, on a presque perdu connaissance de peur. L'avion a rebondi sur le tarmac comme une sauterelle et a pris feu au sol", a témoigné un autre passager, Piotr Egorov, cité par le journal Komsomolskaïa Pravda.

"Nous avons décollé, nous sommes entrés dans un nuage, il y avait de la forte grêle. A ce moment, il y a eu comme un coup de poing, un éclair, comme de l'électricité", a témoigné de son côté une hôtesse, Tatiana Kassatkina, citée par l'agence Interfax.

Selon elle, après l’atterrissage en urgence, les passagers ont "commencé à se lever, à aller vers la sortie, alors même que l'avion était encore en mouvement".

Selon des sources au sein des services d'urgence citées par les médias russes, les deux boîtes noires de l'appareil ont été retrouvées sur les lieux de l'accident.

Un deuil de trois jours a été décrété dans la région de Mourmansk.

Parmi les 41 personnes ayant trouvé la mort, le seul membre d'équipage est un steward qui a essayé en vain d'ouvrir la porte arrière de l'appareil, selon les médias russes. Neuf autres personnes ont été hospitalisées, dont trois dans un état grave.

- Modèle décrié -

Le Soukhoï Superjet 100, premier avion civil conçu par la Russie post-soviétique et destiné à faire concurrence au Brésilien Embraer et au Canadien Bombardier sur le marché des avions régionaux, était une source de fierté pour le pays à l'époque de son lancement en 2011.

Il est pourtant très décrié et peine à convaincre en dehors du marché russe, plusieurs compagnies étrangères qui l'exploitaient ayant préféré réduire ou arrêter son utilisation, évoquant des problèmes de fiabilité.

Son lancement avait été terni par le crash d'un appareil en mai 2012 au cours d'un vol de démonstration en Indonésie, qui avait fait 45 morts.

Lundi, la compagnie régionale russe Yamal a indiqué qu'elle avait annulé une commande de 10 Superjet 100, mais a précisé que cette décision avait été prise en raison des coûts de service de l'appareil et non du crash.

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