A Ryad et Tel-Aviv, Pompeo exprime la ligne dure américaine sur l'Iran

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Par Dave Clark - Ryad (AFP)
Publié le 29 avril 2018 - 06:00
Mis à jour le 30 avril 2018 - 03:32
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Photo distribuée par le palais royal saoudien montrant le roi Salmane et le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, le 29 avril 2018 à Ryad
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© BANDAR AL-JALOUD / Saudi Royal Palace/AFP
Photo distribuée par le palais royal saoudien montrant le roi Salmane et le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, le 29 avril 2018 à Ryad
© BANDAR AL-JALOUD / Saudi Royal Palace/AFP

Le nouveau chef de la diplomatie américaine a clairement affiché dimanche en Arabie saoudite et en Israël la ligne dure de son pays vis-à-vis de l'Iran, deux semaines avant la décision attendue du président Donald Trump concernant l'accord sur le nucléaire iranien.

Après des visites rapides chez ces deux alliés stratégiques de Washington qui considèrent l'Iran comme leur ennemi et sont hostiles à cet accord, Mike Pompeo a atterri en soirée à Amman pour des entretiens lundi avec des responsables jordaniens.

"L'ambition de l'Iran reste de dominer le Moyen-Orient", a affirmé le nouveau secrétaire d'Etat américain à la presse à Tel-Aviv, après un entretien avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Peu avant à Ryad, il assurait que l'Iran est "le plus grand sponsor du terrorisme dans le monde" qui "vend des armes aux (rebelles) Houthis au Yémen", "dirige des campagnes de piratage informatique" et "soutient le régime meurtrier d'Assad" en Syrie.

M. Netanyahu, aux côtés de M. Pompeo, a accusé l'Iran de "vouloir avaler un pays l'un après l'autre". Téhéran "doit être stoppé, son projet de bombes nucléaires doit être stoppé, son agression doit être stoppée", a-t-il dit.

A Ryad comme à Tel-Aviv, l'accord sur le nucléaire de 2015 négocié entre six grandes puissances et l'Iran a été au centre des discussions.

Vent debout contre ce texte qui a pour but de limiter le programme nucléaire de Téhéran et l'empêcher de se doter de la bombe atomique en échange de la levée de sanctions économiques, M. Trump doit annoncer le 12 mai s'il le "déchire".

"Si nous ne pouvons pas le modifier, (le président) s'en retirera", a prévenu M. Pompeo à Tel-Aviv.

A Washington, le conseiller à la sécurité nationale John Bolton a affirmé que M. Trump n'avait pas encore tranché.

Plus tard, un communiqué de la Maison Blanche a fait savoir que M. Trump s'était entretenu samedi avec M. Netanyahu sur la question iranienne. "Les deux dirigeants ont discuté des menaces et défis auxquels le Moyen-Orient continue d'être confronté, et en particulier les problèmes posés par les activités de déstabilisation du régime iranien", précise le communiqué.

- "Corriger" l'accord -

Alors que M. Pompeo assurait que Washington allait "continuer à travailler" avec ses "alliés européens" pour "corriger" l'accord nucléaire, le président iranien Hassan Rohani a réitéré à son homologue français Emmanuel Macron la position de son pays.

Ce texte "n'est en aucune manière négociable", lui a-t-il dit lors d'une conversation téléphonique, selon la présidence iranienne.

D'après la présidence française, M. Macron a fait part à son homologue iranien "de son souhait que les acquis de la négociation de 2015 soient préservés et que les discussions puissent s'ouvrir sur les trois sujets additionnels indispensables que sont le contrôle de l'activité nucléaire (de l'Iran) après 2025, (son) programme balistique et les principales crises régionales" dans lesquelles Téhéran est impliqué.

Ces sujets recoupent trois des "quatre piliers" d'un possible nouvel accord récemment évoqués par M. Macron auprès de M. Trump, l'accord nucléaire actuel devant être le "premier".

Ces trois "éléments importants" ont été l'objet de discussions téléphoniques que Theresa May a tenues dimanche avec la chancelière allemande Angela Merkel et M. Macron, d'après le bureau de la Première ministre britannique.

A l'image de M. Rohani, les responsables iraniens ont rejeté ces derniers jours toute nouvelle négociation sur ces questions.

- "Nécessaire unité" -

A Ryad, l'ancien patron de la CIA a réaffirmé dimanche le plein soutien de Washington à son allié saoudien sur le conflit au Yémen, qui a pris une tournure de "guerre par procuration" entre l'Arabie saoudite et l'Iran.

Ryad y mène depuis 2015 une une coalition militaire qui intervient contre les rebelles Houthis, soutenus par Téhéran. Ce conflit a fait près de 10.000 morts et provoqué "la pire crise humanitaire du monde", selon l'ONU.

M. Pompeo a par ailleurs expliqué qu'il avait aussi discuté de la possibilité de voir Ryad faire davantage pour soutenir les opérations antijihadistes dirigées par Washington en Syrie, comme le souhaite Donald Trump.

"C'est un problème compliqué (...) Je veux d'abord m'assurer que nous sommes sur la même longueur d'ondes", a-t-il déclaré, ajoutant qu'il souhaitait voir "les Etats du Golfe travailler avec (les Etats-Unis) pour s'occuper de leur propre région".

Au sujet de la crise diplomatique qui oppose le Qatar à ses voisins du Golfe depuis près d'un an, le nouveau secrétaire d'Etat a insisté sur la "nécessaire unité" de ces pays afin de faire face au "défi commun" posé par l'Iran.

En Israël, la question palestinienne n'a été évoquée que de façon très générale.

M. Pompeo s'est contenté de dire que la Maison Blanche souhaitait "une paix durable et globale" entre Israéliens et Palestiniens.

Ces derniers, en colère, boycottent l'administration américaine depuis la décision du président Trump de transférer l'ambassade américaine à Jérusalem aux environs du 14 mai.

"Nous sommes incroyablement fiers" de cette décision, a affirmé le nouveau secrétaire d'Etat.

Un haut responsable palestinien, Ahmed Majdalani, a indiqué à l'AFP que le boycott de l'administration américaine allait se poursuivre.

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