Au Nicaragua, quels scénarios à cette étape de la crise ?

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Par Blanca MOREL - Managua (AFP)
Publié le 03 août 2018 - 08:45
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Le secrétaire général de l'OEA, Luis Almagro, le 29 mai 2018 à Washington
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© Brendan Smialowski / AFP/Archives
Le secrétaire général de l'OEA, Luis Almagro, le 29 mai 2018 à Washington
© Brendan Smialowski / AFP/Archives

Le président nicaraguayen Daniel Ortega affirme avoir ramené la paix dans son pays secoué par une vague de protestations, mais l'avenir reste incertain, entre dialogue avec l'opposition bloqué et manifestants persécutés.

Quels sont les scénarios pour la crise au Nicaragua?

- Un pays divisé -

Ortega, ex-guérillero de 72 ans, a lancé ces dernières semaines une "opération nettoyage" pour lever les barricades et déloger les manifestants.

"Il s'est imposé grâce aux balles, pas par le consensus", déclare à l'AFP le politologue et ancien diplomate Mauricio Díaz. "Un pays ne se construit pas de cette façon".

Le Nicaragua est en proie depuis le 18 avril à un mouvement de contestation antigouvernementale durement réprimé, qui a fait plus de 300 morts et 2.000 blessés, selon plusieurs organisations des droits de l'Homme locales, qui chiffrent à 1.900 le nombre de personnes interpellées, dont plus de 400 sont toujours en détention et une centaine inculpées. Pour la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH), le bilan s'élève à 317 morts.

- Accentuer la pression internationale -

Défiant les pressions internationales, le chef de l'Etat a écarté tout départ anticipé.

"Il est essentiel que le président Ortega réfléchisse à cette possibilité" d'avancer les élections, car il n'est pas convenable de "s'imposer par la force", a déclaré mardi à CNN le Secrétaire général de l’Organisation des états américains (OEA), Luis Almagro.

"Le schéma répressif conduit le pays vers l’abime, comme c'est le cas au Venezuela", a-t-il ajouté.

Les Etats-Unis tiennent pour responsables le président et sa femme, Rosario Murillo, également vice-présidente, et plaident pour des élections transparentes. Washington menace le gouvernement de nouvelles sanctions.

Mais ce ne sera pas suffisant, craint Juan Felipe Celia, du centre d'analyse Atlantic Council à Washington. "La communauté internationale doit avoir une stratégie concertée" de sanctions et de mesures plus conséquentes, souligne-t-il à l'AFP.

Il estime que pour avancer les élections, la "pression populaire dans les rues et la pression économique du secteur privé", seront nécessaires.

- "Répression" renforcée -

"Ils ont réussi à disperser les gens", mais "les grandes manifestations vont revenir", assure à l'AFP le professeur et ex-député de l'opposition Eliseo Nuñez.

Ortega va exercer des mesures de représailles économiques contre ses détracteurs et va condamner les opposants en s'appuyant sur le pouvoir judiciaire, anticipe Nuñez.

L'avenir au Nicaragua est fait "d'instabilité gouvernementale, d'exils, d'enfermements et de morts", prévient-il.

"La répression a commencé à se traduire par un intense processus de criminalisation des manifestants", juge le secrétaire de la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH), Paulo Abrao.

Une centaine d'opposants ont été accusés de "terrorisme", selon le Centre pour les droits de l'Homme du Nicaragua (Cenidh). Une loi antiterroriste entrée en vigueur cette semaine punit jusqu'à 20 ans de prison ceux qui soutiennent ou participent à des activités antigouvernementales.

Face à l'aggravation de la crise, des dizaines de milliers de Nicaraguayens se sont réfugiés au Costa Rica, a récemment indiqué l'ONU.

- Le dialogue, la seule voie -

L'Alliance civique pour la justice et la démocratie, coalition d'opposition qui regroupe étudiants, entrepreneurs, paysans et membres de la société civile, propose de reprendre les discussions, bloquées depuis le mois de juin.

"Notre pari est de sortir de cette crise de manière pacifique", a déclaré à l'AFP le leader étudiant qui participe au dialogue, Jean Carlos Lopez (BIEN JEAN).

Le président assure aussi vouloir dialoguer, mais avec de nouvelles règles et un accompagnement de l'ONU pour renforcer, selon lui, la médiation de l'église catholique.

Ortega se dit également prêt à travailler avec l'OEA pour mettre en place des réformes électorales en vue du scrutin présidentiel de 2021.

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