Avalanche de femmes et minorités, le parti démocrate américain change de visage

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Par Elodie CUZIN - Washington (AFP)
Publié le 23 mai 2018 - 20:39
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La candidate au poste de gouverneur de l'Etat de Géorgie, Stacey Abrams, fête sa victoire aux primaires démocrates à Atlanta, dans le sud des Etats-Unis, le 22 mai 2018
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© Jessica McGowan / GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP
La candidate au poste de gouverneur de l'Etat de Géorgie, Stacey Abrams, fête sa victoire aux primaires démocrates à Atlanta, dans le sud des Etats-Unis, le 22 mai 2018
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Les électeurs démocrates ont choisi deux femmes, noire et hispanique, comme candidates aux postes de gouverneur en Géorgie et au Texas, deux paris historiques aux Etats-Unis où un souffle populaire pousse ce parti à présenter un nouveau visage riche en minorités aux élections cruciales de novembre.

"Nous écrivons le prochain chapitre de l'histoire de la Géorgie, où plus personne n'est invisible, où plus personne n'est ignoré", a lancé Stacey Abrams mardi soir à la foule en liesse après sa victoire écrasante aux primaires démocrates, dans cet Etat du sud profondément marqué par son histoire esclavagiste.

Rappelant à 44 ans son passé "de petite fille noire qui n'avait parfois par d'électricité ou d'eau courante", elle a salué le soutien des "communautés qui sont si souvent ignorées, dont les valeurs ne sont jamais exprimées" dans sa victoire contre sa rivale blanche, elle aussi prénommée Stacey, Evans.

Presque en même temps, dans un autre Etat conservateur, le Texas, Lupe Valdez fêtait aussi sa victoire inédite aux primaires démocrates. Elle est la première Hispanique, ouvertement homosexuelle, candidate au siège de gouverneur.

Ancienne shérif de Dallas, âgée de 70 ans, elle fera face au gouverneur républicain sortant Greg Abbott déjà doté d'un confortable budget pour sa campagne. Un défi presque impossible pour cette candidate au maigre pactole mais qui ne l'effraye pas. "Je n'arrête pas d'entendre que ça va être un rude combat (...) S'il vous plaît, dites-moi quand je n'ai pas eu à surmonter un rude combat", a-t-elle plaisanté mardi soir devant ses supporteurs.

Une ex-pilote de chasse battant un notable local au Kentucky, une ancienne combattante d'origine philippine au Texas... Les primaires démocrates pour les candidatures à la Chambre des représentants ont aussi confirmé mardi soir la mue du parti pour ces élections cruciales de mi-mandat, lors desquelles il espère regagner la majorité.

Avant elles, une trentenaire amérindienne, Paulette Jordan, a récemment battu un septuagénaire blanc dans la course démocrate pour devenir gouverneur dans l'Idaho. Et en Pennsylvanie, sept femmes démocrates ont remporté les primaires pour se présenter aux élections pour la Chambre des représentants alors qu'aucune femme ne figure aujourd'hui parmi les 18 élus de cet Etat dans l'hémicycle.

Seuls 20% des élus au Congrès américain sont des femmes.

- Mobiliser les minorités -

Plus divers, les candidats choisis par la base démocrate sont aussi souvent plus progressistes que ceux désignés par l'establishment, ce qui risque de les condamner aux urnes, selon certains analystes.

"On a vu hier soir que l'aile progressiste du parti continue de gagner. Que veulent-ils ? Plus de gouvernement dans nos vies, ils veulent que vos salaires baissent, ils veulent mettre notre économie à l'arrêt, ils veulent revenir à une faible croissance comme on l'a vue avec l'administration Obama. Je ne crois pas que ce soit une stratégie gagnante pour les Américains", a asséné mercredi la chef du parti républicain, Ronna McDaniel, sur Fox Business.

Mais d'autres veulent croire qu'un souffle nouveau pousse des électeurs souvent abstentionnistes vers les urnes, à l'image de Stacey Abrams qui a délibérément cherché à mobiliser les minorités plutôt que de tenter de convaincre les indépendants ou républicains modérés.

"Oui les élections de la nuit dernière ont montré que les démocrates sont galvanisés. Mais elles ont aussi prouvé que nous portons des voix dont nous avons besoin vers le sommet" du parti, s'est réjoui Tim Kaine, ex-candidat à la vice-présidence américaine aux côtés d'Hillary Clinton en 2016.

Première femme candidate à la présidentielle américaine mais aussi ex-Première dame, ex-secrétaire d'Etat et incarnant pour beaucoup l'image même de l'establishement, Hillary Clinton n'avait pas réussi à susciter un enthousiasme débordant, avant de s'incliner face au candidat anti-sérail Donald Trump.

Cette fois, les cadres démocrates se réjouissent publiquement de cette vague de profils inédits, avec novembre en vue.... mais aussi les prochaines présidentielles de 2020.

Les candidates démocrates à la Chambre choisies mardi soir "rejoignent", selon le président du parti démocrate, Tom Perez, "toutes les femmes qui sont prêtes à se battre et à créer un changement durable en 2018, en 2020 et au-delà".

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