Bangladesh : accusée de truquer les élections, la Première ministre a la "conscience tranquille"

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Par Shafiqul ALAM, and Sam JAHAN - Dacca (AFP)
Publié le 29 décembre 2018 - 23:03
Mis à jour le 31 décembre 2018 - 20:36
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Un homme lit les résultats des élections législatiques au Bangladesh dans une rue de Dacca le 31 décembre 2018
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© Indranil MUKHERJEE / AFP
Un homme lit les résultats des élections législatiques au Bangladesh dans une rue de Dacca le 31 décembre 2018
© Indranil MUKHERJEE / AFP

La Première ministre du Bangladesh Sheikh Hasina a dit lundi avoir la "conscience tranquille" après la victoire écrasante remportée la veille par son parti aux législatives, dénoncées comme une "farce" par l'opposition qui réclame un nouveau scrutin.

Le parti au pouvoir de Sheikh Hasina, la Ligue Awami, a remporté une victoire écrasante avec 288 des 300 sièges du Parlement monocaméral. L'opposition du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP) dénonce l'intimidation de ses partisans, des bourrages d'urnes massifs et l'emprisonnement de 15.000 militants depuis le 8 novembre. Des violences en marge du scrutin ont fait 21 morts, selon la police.

Sheikh Hasina, 71 ans, décroche son troisième mandat consécutif de cinq ans depuis 2008, et le quatrième depuis celui de 1996-2001, un record national. Elle a balayé les critiques de l'opposition.

"L'élection a été totalement libre et indépendante. Il n'y a aucun doute là-dessus", a-t-elle affirmé à des journalistes. "Je n'ai rien à cacher. Tout ce que je fais, je le fais pour mon pays, j'ai la conscience tranquille", a-t-elle ajouté.

Si les électeurs l'ont soutenue, c'est en raison de la croissance économique (plus de 6% en rythme annuel) que connaît le pays depuis qu'elle le dirige, explique la Première ministre qui soutient qu'elle ne désirait pas particulièrement "rester au pouvoir".

La principale formation d'opposition, le BNP, affirme de son côté avoir été la cible d'intimidations depuis de nombreux mois et a appelé à de nouvelles élections.

"Nous demandons que de nouvelles élections soient organisées par un gouvernement neutre dès que possible", a déclaré Kamal Hossain, le "père" de la Constitution bangladaise, qui est à 82 ans l'une des figures de proue de l'opposition. Il a également appelé la Commission électorale à annuler le scrutin de dimanche en raison des fraudes.

Une requête balayée par le président de la Commission, K.M. Nurul Huda, pour qui les élections se sont déroulées "avec succès". La Commission dit n'avoir enregistré aucune plainte.

Mais selon le porte-parole du BNP, Syed Moazzem Hossain Alal, des "irrégularités" ont été recensées pour 221 des 300 sièges en jeu.

- "On va voter pour toi" -

Un électeur, Atiar Rahman, a ainsi dit avoir été passé à tabac par des militants de la Ligue Awami dans le district de Narayanganj, au sud de Dacca.

"Ils m'ont dit de ne pas m'inquiéter, 'on va voter pour toi'", a-t-il raconté à l'AFP.

Selon l'opposition, les troubles dans le pays dans les semaines précédant le scrutin visaient à dissuader les électeurs d'aller voter. La Commission électorale évoque pour sa part une participation de 80% des 104 millions d'électeurs.

Environ 21.000 de ses militants ont été interpellés durant la campagne, empêchant l'opposition de mobiliser les électeurs, dénonce le BNP.

Trente-cinq de ses candidats ont été arrêtés pour des raisons fallacieuses et interdits de se présenter par des tribunaux, qui sont selon l'opposition contrôlés par Sheikh Hasina.

Le Premier ministre indien Narendra Modi a été le premier dirigeant étranger à la féliciter pour sa reconduction à la tête du pays, suivi par le président chinois Xi Jinping.

L'ONU et les États-Unis se sont pour leur part interrogés sur la crédibilité du processus électoral.

"Les Nations unies ont eu vent d'incidents violents et d'irrégularités lors des élections au Bangladesh", a réagi un porte-parole de l'ONU dans un communiqué.

"Nous appelons toutes les parties à faire preuve de retenue", a-t-il ajouté.

Pour Sakhawat Hussain, ancien membre de la Commission électorale, "ce résultat (des élections) risque d'entacher notre système démocratique et de nuire aux institutions".

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