Le militant de Pussy Riot sans doute empoisonné, des proches parlent de tentative d'assassinat

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Par Antoine LAMBROSCHINI - Berlin (AFP)
Publié le 18 septembre 2018 - 14:20
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Le président de l'hôpital de la Charité à Berlin, Karl Max Einhaeupl (G), et le médecin Kai-Uwe Eckardt donnent une conférence de presse sur la santé de Piotr Verzilov, le 18 septembre 2018
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© Odd ANDERSEN / AFP
Le président de l'hôpital de la Charité à Berlin, Karl Max Einhaeupl (G), et le médecin Kai-Uwe Eckardt donnent une conférence de presse sur la santé de Piotr Verzilov, le 18 septe
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Hors de danger mais toujours en soins intensifs, le militant du groupe contestataire russe Pussy Riot Piotr Verzilov a "très vraisemblablement" été empoisonné, estiment ses médecins allemands, renforçant les proches dans leur dénonciation d'une "probable tentative d'assassinat".

Les expertises médicales réalisées à Berlin et à Moscou, suggèrent "très vraisemblablement un cas d'empoisonnement", a déclaré le Dr Kai-Uwe Eckardt, un médecin du grand hôpital de la Charité à Berlin, au cours d'une conférence de presse.

La substance incriminée reste inconnue et l'hôpital a refusé de se perdre en conjectures sur les circonstances de l'intoxication. "Nous ne pouvons bien évidemment rien dire sur la façon dont la substance est entrée dans son corps, ce n'est pas notre travail", a dit le directeur de l'établissement, Karl Max Einhäupl.

Mais pour l'épouse de Piotr Verzilov, une célèbre militante de Pussy Riot dont il est désormais séparé, quelqu'un en Russie, peut-être une "agence des forces de sécurité", a voulu l'assassiner.

- "Le poison dans le cerveau" -

"C'était probablement une tentative d'assassinat ou au moins d'intimidation (...) on a des soupçons mais on ne peut pas en parler sans l'accord" de Piotr Verzilov, a dit Nadejda Tolokonnikova, qui avait été détenue près de deux ans pour une "prière punk" en 2012 contre Vladimir Poutine.

Le jeune homme reste en soins intensifs mais peut s'exprimer et son état "s'améliore de jour en jour", a souligné le docteur Einhäupl.

Mme Tolokonnikova assure néanmoins que M. Verzilov "n'arrive pas à dire où il est".

"Le poison est toujours dans son cerveau, il n'arrive pas à concentrer son attention pendant plus de 10 secondes", a-t-elle expliqué au cours d'une conférence de presse.

Ce militant de 30 ans, qui a également la nationalité canadienne, était arrivé dans un état qualifié de "grave" à Berlin à bord d'un avion médicalisé dans la nuit de samedi à dimanche en provenance d'un hôpital de Moscou.

Selon l'hôpital de la Charité, les médecins russes ont immédiatement traité son cas comme s'il s'agissait d'un empoisonnement, lui pompant l'estomac et effectuant une dialyse pour tenter de nettoyer le corps d'éventuelles toxines.

M. Verzilov a fait les gros titres le 15 juillet en envahissant avec sa petite amie Veronika Nikoulchina notamment, déguisés en policiers, la pelouse pendant la finale de la Coupe du monde de football en Russie. Ils ont été condamnés à 15 jours de prison.

Mais il est aussi le fondateur du site internet MediaZona, qui informe sur les procès des défenseurs des droits de l'homme.

- Empoisonné au tribunal ? -

Selon Mme Nikoulchina, également présente à Berlin, Piotr Verzilov a été empoisonné le 11 septembre dans un tribunal moscovite où elle était elle-même détenue.

"Ca devait être pendant la journée qu'il a passée au tribunal lorsque j'étais en détention (...) vraisemblablement, ça a été fait là-bas ou à proximité", a-t-elle dit.

Son hospitalisation intervient à un moment où l'affaire Skripal envenime à nouveau les relations entre les Occidentaux et Moscou.

Le gouvernement britannique accuse deux personnes qu'il présente comme des agents du renseignement militaire russe (GRU) d'avoir empoisonné en mars Sergueï Skripal et sa fille à Salisbury en Angleterre. Ces accusations sont rejetées par la Russie.

Selon le Dr Kai-Uwe Eckardt, M. Verzilov souffrait de cette intoxication depuis environ une semaine quand il a été admis à l'hôpital berlinois. Ses symptômes "peuvent avoir été provoqués par une incroyable diversité de substances", a expliqué le médecin, évoquant des plantes ou différentes sortes de drogues.

Les chances d'en identifier la cause "ne sont pas très élevées" a-t-il admis, car les analyses ont été réalisées six jours après la date présumée de l'empoisonnement.

Le chef de l'hôpital a de son côté exclu la possibilité d'une overdose provoquée par le patient lui-même.

Veronika Nikoulchina a raconté avoir été témoin de la dégradation de l'état de son ami. Les premiers symptômes ont été des troubles de la vision, suivis de problèmes moteurs et d'élocution. Il a ensuite été un temps dans le coma et a perdu provisoirement la vue et l'usage de la parole.

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