"On a besoin de vous !" : l'appel des pro-Guaido aux casernes de Caracas

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Par Margioni BERMÚDEZ - Caracas (AFP)
Publié le 05 mai 2019 - 01:50
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Des partisans de l'opposition vénézuélienne, comme cet homme au corps peint aux couleurs du drapeau national, manifestent devant les forces anti-émeute près de la base militaire de La Carlota, à Carac
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© YURI CORTEZ / AFP
Des partisans de l'opposition vénézuélienne, comme cet homme au corps peint aux couleurs du drapeau national, manifestent devant les forces anti-émeute près de la base militaire de
© YURI CORTEZ / AFP

Fransenia Toro a mis ses espoirs dans ce papier: un tract dans lequel Juan Guaido appelle les troupes vénézuéliennes à le rejoindre. Elle pensait le distribuer samedi aux soldats d'une caserne de Caracas, mais ses espoirs se sont envolés quand un militaire l'a brûlé. "J'ai ressenti de la rage", dit-elle.

A l'origine de ce tractage, Juan Guaido, l'opposant au président Nicolas Maduro, qui tente une nouvelle fois de s'allier l'armée, quatre jours après un appel au soulèvement militaire qui s'est rapidement dégonflé.

A Caracas, cette nouvelle tentative en direction des troupes semble ne pas avoir eu un grand succès. Ils étaient peu nombreux à avoir répondu à son appel de se rendre "en paix" devant les bases et casernes pour distribuer le tract, selon des journalistes de l'AFP.

A quelques centaines de mètres du quartier général de la Garde nationale bolivarienne, protégé par policiers et gardes, Fransenia Toro, 19 ans, dit avoir "ressenti de la rage" lorsqu'un soldat s'est emparé du tract pour le brûler.

"Sous aucun prétexte, les Forces armées ou quelque corps des forces de sécurité que ce soit ne fera l'objet de chantage, ne pourra être acheté, ni ne trahira la patrie", lance, en guise d'avertissement, un supérieur du soldat chargé de mettre le feu au papier.

Face à quatre casernes et bases de Caracas, les opposants, brandissant des drapeaux et des pancartes, tentent de s'approcher au plus près pour distribuer le texte, mais ils en sont empêchés par les troupes postées devant.

"Nous demandons à nos soldats qu'ils nous rejoignent, parce qu'on a vraiment besoin d'eux", explique Maribel Galeno, 54 ans.

José Aparicio, un avocat de 67 ans, assure avoir été à plusieurs des nombreuses manifestations organisées par Juan Guaido pour tenter de pousser Nicolas Maduro vers la sortie. "Moi, je vais continuer à protester dans la rue jusqu'à la fin parce que je ne quitterai ce pays sous aucun prétexte", dit-il.

- "La situation est catastrophique" -

L'offensive de Juan Guaido en direction des militaires illustre tout leur poids au Venezuela: ils contrôlent le secteur pétrolier et plusieurs ministères sont dirigés par des hauts gradés. Mais, pour l'heure, l'état-major est toujours fidèle au chef de l'Etat.

Depuis l'"escarmouche putschiste" de mardi matin, Nicolas Maduro s'est rendu dans deux casernes pour s'assurer de sa loyauté et il a promis de punir les "traîtres" responsables, selon lui, de la tentative de soulèvement militaire.

Samedi, tout en appelant à la "discipline" et à l'"obéissance", il a ordonné à l'armée de se tenir "prête" face à l'éventualité d'une attaque américaine pour le renverser.

Oscar Arnal, professeur de droit et opposant à Nicolas Maduro, a lui aussi répondu présent à la distribution de tracts aux membres de la Garde nationale bolivarienne à Caracas, car "les Forces armées sont les seules à pouvoir remettre de l'ordre" au Venezuela, atteint par une crise politique doublée d'une redoutable crise économique.

Les militaires aussi "connaissent des difficultés parce que leurs soldes ne leur permettent pas de vivre. Ils sont comme le reste de la population. La situation est catastrophique", estime-t-il.

L'hyperinflation devrait atteindre 10.000.000% cette année, selon le Fonds monétaire international (FMI), les coupures de courant se multiplient, tout comme les pénuries de médicaments.

Pour Nicolas Maduro, la situation est due aux sanctions américaines contre le Venezuela. A l'inverse, Juan Guaido et ses partisans expliquent la crise par l'"incurie" et la "corruption" du pouvoir chaviste.

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