Brésil : la lame de fond Bolsonaro déferle sur le Parlement

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Par Jordi MIRO et Louis GENOT à Rio de Janeiro - Brasilia (AFP)
Publié le 08 octobre 2018 - 21:22
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Le Parti social libéral (PSL) a multiplié par six le nombre de ses députés
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© Mauro Pimentel / AFP
Le Parti social libéral (PSL) a multiplié par six le nombre de ses députés
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Le minuscule parti de Jair Bolsonaro, qualifié très facilement pour le second tour de la présidentielle au Brésil, est devenu grand et la poussée du candidat d'extrême droite a totalement redessiné le Parlement.

Le Parti social libéral (PSL) a multiplié par six le nombre de ses députés, passé de huit à 52, sur un total de 513.

Absent de la chambre haute pendant la législature actuelle, il comptera également quatre sénateurs sur 81.

Deux des fils Bolsonaro ont obtenu des scores considérables.

Le troisième des cinq enfants de la fratrie, Eduardo Bolsonaro, a même pulvérisé le record absolu de voix pour un député, en se faisant réélire avec 1,8 million de suffrages.

L'aîné Flavio a pour sa part été élu haut la main au Sénat, avec plus de 4 millions de voix.

Ces résultats ont surpris la plupart des analystes, qui tablaient sur une faible rénovation d'un Parlement dont un tiers de membres sont impliqués de près ou de loin dans des scandales de corruption.

Au final, seuls 46% des députés sont parvenus à se faire réélire.

"Nous sommes en présence d'une vague pro-Bolsonaro très forte, un tsunami qui a bouleversé le scénario législatif, avec un Parlement plus à droite et plus polarisé", explique Sylvio Costa, fondateur du site spécialisé Congresso em Foco.

Avec 46% des suffrages au second tour, Jair Bolsonaro est en position de force pour accéder à la fonction suprême, même si le second tour contre le candidat de gauche Fernando Haddad reste incertain.

Mais une chose est sûre: l'ex-capitaine de l'armée a tout pour disposer d'une base parlementaire solide.

Non content d'avoir transformé le PSL, parti auparavant insignifiant qu'il n'a rejoint qu'en mars dernier, en force qui compte au Parlement, Jair Bolsonaro est parvenu à s'attacher des soutiens qui dépassent la logique des partis.

La semaine dernière, il a obtenu l'appui de puissants lobbys conservateurs, les BBB, initiales de "boeuf, balle et Bible".

Ces groupes comptent des dizaines de parlementaires issus de divers partis, défendant respectivement les intérêts de l'agro-business (boeuf), de la libéralisation du port d'arme et d'une ligne dure en matière de sécurité publique (balle) et des églises évangéliques (Bible).

- Caciques déchus -

Le Parti des Travailleurs (PT) de Fernando Haddad est une des victimes de la "vague conservatrice" dont font état les médias brésiliens, mais est parvenu à limiter les dégâts.

Son nombre de députés passe de 61 à 56, mais il reste la principale force de la chambre basse, juste devant le PSL. Au Sénat, le parti de l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva, incarcéré pour corruption, ne comptera plus que 6 représentants, contre 13 actuellement.

Mais la lame de fond Bolsonaro a surtout touché de plein fouet les partis traditionnels du centre droit.

Le Parti de la social démocratie brésilienne (PSDB), de l'ex-président Fernando Henrique Cardoso (1995-2002), a vu son nombre de députés passer de 49 à 29.

Même constat pour le MDB du très impopulaire président Michel Temer, habitué à faire la pluie et le beau temps au Parlement ces vingt dernières années: il ne comptera que 33 députés, contre 51 dans la législature actuelle.

Le MDB reste le parti le plus représenté à la chambre haute, même s'il a perdu près de la moitié de ses sénateurs, passant de 19 à 11 élus.

Mais le parti du chef de l'Etat a surtout perdu des caciques influents qui ne sont pas parvenus à se faire réélire au Sénat.

Parmi eux, Eunicio Oliveira, président actuel de la chambre haute, l'ex-ministre de l'Énergie Edison Lobao ou Romero Juca, un des principaux artisans de la destitution controversée de l'ex-présidente de gauche Dilma Rousseff (2011-2016), remplacée par Michel Temer.

Mme Rousseff a d'ailleurs échoué dimanche à se faire élire au Sénat, terminant en quatrième position dans l'Etat de Minas Gerais (sud-est), alors que les sondages la plaçaient en tête des intentions de vote.

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