Brexit : May lâche du lest pour éviter une rébellion des eurosceptiques

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Par Edouard GUIHAIRE - Londres (AFP)
Publié le 16 juillet 2018 - 06:00
Mis à jour le 17 juillet 2018 - 09:22
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La Première ministre britannique Theresa May, à Ellesborough, au nord-ouest de Londres, le 13 juillet 2018
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© Brendan Smialowski / AFP/Archives
Le gouvernement conservateur de Theresa May tentera cette semaine de relancer les négociations sur le Brexit avec Bruxelles.
© Brendan Smialowski / AFP/Archives

La Première ministre britannique Theresa May a fait passer lundi son projet de loi sur le fonctionnement des douanes après le Brexit, mais au prix de concessions accordées aux eurosceptiques, et d'une nouvelle démission au sein de son gouvernement.

Le texte a été adopté dans la soirée par les députés par 318 voix contre 285, et doit maintenant faire l'objet d'un examen devant les Lords, la chambre haute du Parlement britannique.

Ce projet de loi prévoit une série d'arrangements techniques dans le domaine des douanes après la sortie de l'Union européenne.

Downing Street avait confirmé dans la journée avoir accepté des changements proposés notamment sous la houlette de l'influent député ultra-conservateur Jacob Rees-Mogg, ardent défenseur d'un Brexit sans concession.

"Je me réjouis toujours d'entendre les préoccupations de mes collègues", a déclaré la Première ministre aux députés.

Reste qu'en satisfaisant les eurosceptiques, le gouvernement s'est exposé aux critiques des europhiles de son propre camp, dans une énième illustration des divisions persistantes qui existent au Royaume-Uni sur le retrait de l'UE.

En désaccord avec les concessions accordées par le gouvernement, le secrétaire d'Etat à la Défense Guto Bebb a quitté ses fonctions dans la soirée.

"Qui commande dans ce pays? Ce sont qui ne veulent pas d'un Brexit responsable!", a lancé de son côté Anna Soubry, conservatrice pro-UE, visant les tenants d'une sortie de l'UE sans concession.

Histoire de mettre la pression sur la Première ministre, Jacob Rees-Mogg n'avait, lui, pas manqué d'appuyer là où ça fait mal, en rappelant que le gouvernement conservateur, faute d'avoir une majorité absolue à la chambre des Communes, est à la merci d'une fronde.

"La conséquence inévitable de l'arithmétique parlementaire, c'est qu'elle devra modifier (son texte)", avait-il déclaré.

- Un nouveau référendum ? -

Signe de la tension ambiante, le gouvernement demandera mardi aux députés d'avancer de quelques jours les vacances parlementaires, qui doivent commencer la semaine prochaine.

Les députés conservateurs eurosceptiques sont particulièrement remontés depuis la présentation par l'exécutif du "plan de Chequers", qui prévoit de conserver une relation commerciale étroite avec l'UE une fois la rupture consommée.

Perçu par les tenants d'un Brexit dur comme un dévoiement du référendum ayant décidé la sortie de l'UE en juin 2016, ce projet a provoqué les démissions fracassantes des ministres des Affaires étrangères, Boris Johnson, et du Brexit, David Davis, suivies d'autres défections dans les rangs conservateurs.

Le nouveau ministre du Brexit, Dominic Raab, rencontrera cette semaine le négociateur de l'UE Michel Barnier pour tenter de relancer les discussions sur le divorce, qui patinent depuis plusieurs semaines, notamment sur la question de la frontière en Irlande - le nord, membre du Royaume-Uni, devant être séparé du sud, membre de l'UE. Une question que le "plan de Chequers" est censé résoudre.

Les négociateurs doivent parvenir à un accord d'ici octobre, pour permettre aux parlements européens et britannique de le ratifier avant la concrétisation du Brexit, prévue le 29 mars 2019.

Alors que le temps presse et que les divisions demeurent, l'idée d'un nouveau référendum sur la sortie de l'UE rallie de plus en plus de partisans au Royaume-Uni.

L'ancienne ministre de l'Education Justine Greening, qui avait soutenu le maintien dans l'UE, a estimé dans le Times qu'une telle consultation était "la seule façon de sortir de l'impasse".

Ce référendum offrirait aux Britanniques trois options: soit le plan négocié par Theresa May avec Bruxelles, soit un départ sans accord avec l'UE, soit un maintien dans l'UE. Selon le Times, Justine Greening a le soutien d'autres figures europhiles du parti conservateur, comme l'ex-ministre de l'Intérieur Amber Rudd et l'ancien ministre de la Justice Dominic Grieve.

Justine Greening est la première députée conservatrice de ce niveau à soutenir un second référendum, que réclament aussi les Libéraux démocrates et les Verts, deux petites formations europhiles. Quant au principal parti d'opposition, le Labour, il n'a pas exclu cette possibilité, mais elle est régulièrement rejetée par Theresa May.

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