Camp australien : la Papouasie-Nouvelle-Guinée n'évacuera pas par la force les réfugiés

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Par AFP
Publié le 02 novembre 2017 - 08:52
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L'ONU a mis en garde jeudi contre une situation "d'urgence humanitaire" dans un camp de rétention pour réfugiés mis en place par l'Australie en Papouasie-Nouvelle-Guinée, appelant Canberra à désamorcer la crise.

Le camp de l'île de Manus, dans le Pacifique, ouvert par l'Australie pour détenir et traiter les dossiers de demandeurs d'asile, a été officiellement fermé mardi, ayant été jugé anticonstitutionnel par la Cour suprême de Papouasie.

Mais environ 600 hommes s'y sont barricadés alors même que l'eau et l'électricité ont été coupés et que les vivres s'y font de plus en plus rares.

Les migrants ont été priés de se rendre dans des centres de "transition". Mais ils disent craindre pour leur sécurité alors que leurs défenseurs ont fait état de l'hostilité d'habitants à leur endroit.

"Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés réitère aujourd'hui son appel à empêcher une situation d'urgence humanitaire de se développer sur l'île de Manus", a déclaré l'agence dans un communiqué.

La situation est "de plus en plus tendue et instable", a dit le HCR, expliquant qu'il n'y avait pas suffisamment de places d'accueil pour la totalité des migrants, l'un des centres de "transition" n'étant pas encore prêt.

A l'intérieur du camp, les gens stockent l'eau dans les poubelles, ajoute le HCR. L'un des détenus, l'Iranien Behrouz Boochani, a déclaré sur Twitter que les réfugiés "creusaient le sol pour trouver de l'eau".

- Hollywood s'émeut -

"Les jours passent sans eau ni électricité et je crois que les tensions ne feront que s'aggraver", a déclaré à l'AFP Lam Nai Jit, représentant du HCR sur place. Il fait "extrêmement chaud et humide", précise-t-il.

Les tensions entre demandeurs d'asile et habitants se sont multipliées du fait de l'absence de consultation sur la localisation des centres de transition, a-t-il ajouté.

"La population locale n'a pas été préparée (...). Cela crée un environnement à haut risque pour les deux parties".

M. Lam a expliqué être en contact avec les autorités de Papouasie mais, a-t-il ajouté, il n'a eu aucune nouvelle des Australiens, pour la plupart partis.

Le sort des demandeurs d'asile a ému jusqu'à Hollywood, la star australienne Russel Crowe évoquant une situation "déplorable".

"J'ai réfléchi à la situation. Je crois que je pourrais loger 6 (personnes) et leur trouver un emploi. Je suis sûr que d'autres Australiens feraient la même chose", a-t-il ajouté.

Les détenus sont aussi terrifiés à l'idée d'être évacués par la force du camp officiellement contrôlé depuis mercredi par la marine de Papouasie.

Ce qu'a démenti le commandant de la base navale Begsy Karaki.

- 'danger' -

Les réfugiés ne seront "pas évacués par la force", a-t-il dit au journal Post-Courier.

Le ministre australien de l'Immigration Peter Dutton a martelé que les nouveaux centres offraient "une bien meilleure" alternative, déclarant vouloir "fermer Manus dès que possible".

Le sénateur vert Nick McKim, qui s'est rendu sur place cette semaine, l'a appelé à mettre fin à l'impasse. Les hommes "sont dans une situation impossible, en danger où qu'ils se tournent".

Canberra propose aux réfugiés de Manus de s'installer définitivement en Papouasie, d'être transférés vers le centre de rétention du micro-Etat insulaire de Nauru, ou d'être relocalisés dans un pays tiers comme le Cambodge ou de rentrer dans leur pays.

L'Australie avait aussi trouvé un accord avec l'administration Obama pour en envoyer certains aux Etats-Unis. Mais seuls 24 y ont pour l'heure été accueillis.

La possibilité d'une relocalisation en Nouvelle-Zélande, déjà évoquée en 2013, a refait surface, la nouvelle Première ministre travailliste Jacinda Ardern déclarant jeudi qu'elle voulait parler de Manus avec son homologue australien Malcolm Turnbull.

Manus avait été ouvert en 2001 par le gouvernement conservateur australien de l'époque avant d'être fermé par les travaillistes en 2008. Il avait rouvert quatre ans plus tard après un afflux de boat-people.

L'Australie mène une politique extrêmement dure vis-à-vis des migrants qui tentent de gagner ses côtes. Elle n'accepte aucun boat-people sur son sol, même ceux qui remplissent les critères du droit d'asile.

Elle justifie sa politique au nom de la lutte contre les passeurs et de la nécessité de dissuader les migrants - dont bon nombre viennent d'Iran, d'Irak, de Somalie ou d'Afghanistan - de tenter la périlleuse traversée vers ses rivages.

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