Catalogne : l'UE appelle au dialogue et rejette la violence

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Par AFP
Publié le 02 octobre 2017 - 14:18
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Au lendemain d'un référendum marqué par des violences en Catalogne, la Commission européenne est sortie prudemment lundi de sa réserve, rejetant la violence comme "instrument en politique" et appelant "tous les acteurs" à passer "de la confrontation au dialogue".

"Au regard de la Constitution espagnole, le vote d'hier en Catalogne n'était pas légal", a rappelé devant la presse le porte-parole de l'exécutif européen, Margaritis Schinas, réitérant la position habituelle de Bruxelles, en ligne avec celle de Madrid.

Mais après ce préalable, la Commission est allée plus loin qu'elle ne se l'était jusqu'ici autorisé. "Nous appelons tous les acteurs pertinents à passer rapidement de la confrontation au dialogue", a déclaré M. Schinas, lisant un communiqué. "La violence ne peut jamais être un instrument en politique", a-t-il ajouté.

Il s'est toutefois refusé à répondre à la question de savoir si la Commission condamnait spécifiquement les violences policières qui ont fait de nombreux blessés dimanche en Catalogne, où 10.000 membres des forces de l'ordre avaient été envoyés en renfort selon le journal El Pais.

Concernant son appel au dialogue, la Commission a assuré faire "confiance au +leadership+ du Premier ministre Mariano Rajoy pour mener ce processus, en plein respect de la Constitution espagnole". Tout en ajoutant qu'il fallait aussi respecter "les droits fondamentaux des citoyens qui y sont inscrits".

- Affaires 'internes' -

Pressée de questions ces dernières semaines, la Commission avait jusque-là systématiquement esquivé en martelant son "respect de l'ordre constitutionnel espagnol".

Elle avait aussi répété son attachement scrupuleux à "la doctrine Prodi", du nom de l'Italien Romano Prodi, ancien président de la Commission, qui avait établi en 2004 qu'un Etat né d'une sécession au sein de l'UE ne serait pas automatiquement considéré comme faisant partie de l'Union.

Du côté des capitales européennes, très réticentes à commenter des affaires décrites comme "internes", de rares voix sont sorties d'un silence embarrassé, après les violences ayant émaillé le vote de dimanche.

Le gouvernement belge, où les nationalistes flamands de la N-VA occupent des postes clés, a eu les mots les plus directs. "La violence n'est pas la réponse, nous condamnons toute forme de violence et réitérons notre appel au dialogue politique", a lancé dimanche le Premier ministre belge Charles Michel, applaudi par les ministres indépendantistes flamands de sa coalition.

"Inquiet de la situation", le Premier ministre centriste slovène Miro Cerar a lui aussi appelé "au dialogue politique" et à des "solutions pacifiques".

Sans surprise, la Première ministre écossaise, favorable à l'indépendance de l'Ecosse, avait appelé dimanche l'Espagne "à changer de cap avant que quelqu'un ne soit grièvement blessé".

- Médiation -

Les images de violence du week-end avait déjà fait réagir dimanche plusieurs figures du Parlement européen, déplorant les méthodes du pouvoir espagnol.

Le chef de file des eurodéputés socialistes, Gianni Pittella, a regretté "un jour triste pour l'Espagne et pour toute l'Europe". "La solution ne peut être que politique, pas policière", a-t-il ajouté.

Son homologue libéral, le Belge Guy Verhofstadt, a lui appelé à la "désescalade", après avoir condamné une "violence disproportionnée" de la part des autorités espagnoles.

"L'UE doit agir pour défendre les droits fondamentaux contre les actions récentes et en cours du gouvernement espagnol", a exhorté Gabi Zimmer, la cheffe de file des eurodéputés de l'extrême gauche.

Les Verts ont demandé que le Parlement européen, réuni à partir de lundi en session plénière à Strasbourg, organise un débat sur le sujet d'ici jeudi. Les socialistes, qui forment le deuxième principal groupe de l'hémicycle, devraient soutenir cette requête.

Selon le politologue belge Hendrik Vos, la retenue européenne observée jusqu'ici sur la situation en Espagne est liée "au fait que Mariano Rajoy est membre du Parti populaire européen (PPE)" majoritaire au Parlement européen et dont est membre le président de la Commission, Jean-Claude Juncker.

M. Rajoy "a fait savoir qu'aucune médiation n'était nécessaire, ce qui a pesé sur le fait que l'UE a détourné le regard", estime ce spécialiste des questions européennes. "Mais maintenant, il va y avoir une pression d'Etats membres et aussi de personnalités au sein du PPE" pour qu'une médiation ait lieu, a-t-il estimé.

La Commission n'a "pas un rôle à jouer à ce stade", a troutefois jugé lundi son porte-parole.

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