Catalogne : Madrid vise le coeur du dispositif du référendum interdit

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Par AFP
Publié le 26 septembre 2017 - 17:12
Mis à jour le 27 septembre 2017 - 05:20
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Police et guardia civil à Barcelone le 25 septembre 2017
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© LLUIS GENE / AFP
Police et guardia civil à Barcelone le 25 septembre 2017
© LLUIS GENE / AFP

La justice espagnole a entrepris mardi de "neutraliser" les bureaux de vote prévus pour le référendum d'autodétermination interdit en Catalogne, le chef du gouvernement Mariano Rajoy appelant de son côté depuis Washington à "un retour au bon sens".

Si la Catalogne n'était pas officiellement au menu des discussions mardi à Washington entre Mariano Rajoy et Donald Trump, le président américain a apporté son soutien à son hôte en déclarant que "l'Espagne est un grand pays et qu'elle devrait rester unie".

"Je pense vraiment que le peuple de Catalogne choisirait de rester en Espagne (...) un grand pays, magnifique, avec une véritable histoire", a-t-il insisté.

A J-5, le bras de fer entre Madrid et les dirigeants séparatistes de la Catalogne s'est poursuivi sur le terrain de la logistique pour l'organisation du vote, attaquée sur tous les fronts par la justice.

Le parquet de Catalogne a ordonné à la police régionale la mise sous scellé avant samedi des bureaux de vote potentiels et d'assurer une surveillance pour éviter qu'on y organise le référendum. L'ordre concerne aussi un rayon de 100 mètres autour des établissements afin que le vote ne puisse s'y dérouler.

Auparavant il avait requis l'identification des éventuels responsables des bureaux de vote tels que des directeurs d'école ou d'administrations qui mettraient des locaux à disposition.

Le procureur a aussi demandé qu'ils soient "avertis de leur obligation de ne pas céder les centres pour la tenue du référendum".

En s'attaquant aux bureaux de vote, le parquet poursuit la mise en oeuvre d'un plan visant tous les mécanismes du référendum.

Depuis la mi-septembre, les maires qui prêteraient des locaux sont menacés de poursuites, et la commission électorale a dû démissionner en bloc, la Cour constitutionnelle ayant menacé ses membres d'amendes journalières de 12.000 euros. L'équipe organisatrice est par ailleurs déjà mise en examen.

- Bataille de communication -

La police et la Garde civile ont aussi saisi près de 10 millions de bulletins de vote et quelque 45.000 convocations d'assesseurs. Et déjà 59 sites internet de promotion ou d'information sur le référendum ont été fermés.

Face à ces actions, les autorités séparatistes au pouvoir dans cette région de 7,5 millions d'habitants dénoncent des méthodes "répressives". "Le site de la fondation Franco (l'ancien dictateur, ndlr) est toujours opérationnel", mais pas ces sites, s'est plaint mardi le porte-parole du gouvernement régional catalan Jordi Turull.

Les séparatistes se félicitent aussi de la parution dans plusieurs médias étrangers, y compris conservateurs, d'éditoriaux favorables à un référendum légal ou à davantage de flexibilité de la part de Madrid.

Le médiatique fondateur de Wikileaks Julian Assange a lui aussi critiqué Madrid.

"Est-il possible que les services de sécurité d'un Etat répriment un mouvement démocratique sérieux ou pas", s'est-il interrogé dans un message vidéo retransmis à Barcelone.

De source diplomatique espagnole, on indique "avoir conscience de cette affirmation selon laquelle nous serions en train de perdre la bataille de la communication".

Le gouvernement assure qu'il ne fait qu'appliquer la Constitution, qui n'autorise pas ce type de consultation, comme en France ou en Italie.

- "On va se les faire" -

M. Rajoy a annulé sa participation à un sommet informel des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE vendredi à Tallinn, en Estonie. Le gouvernement a en outre aussi reporté l'adoption en conseil des ministres, attendue vendredi, du projet de loi sur le budget de 2018.

Une tension palpable a envahi l'Espagne.

En Andalousie (sud) et ailleurs, notamment à Santander (nord), des détachements de la Garde civile en partance pour la Catalogne ont été salués par des habitants agitant des drapeaux espagnols. "On va se les faire!", a scandé lundi la foule dans la ville de Huelva (sud-ouest).

"C'est indigne d'une société civilisée", a protesté Carles Campuzano, un élu du PDeCAT, parti indépendantiste et conservateur catalan.

De leur côté, des Catalans offraient spontanément des œillets rouges à la police régionale à Barcelone.

Selon El Pais, Madrid a mobilisé les deux tiers des policiers anti-émeutes espagnols, tous dépêchés en Catalogne. Au total, plus de 10.000 membres des forces de l'ordre y seront spécialement déployés en vue du référendum.

"La population sortira en masse pour voter, pacifiquement (...) Je n'en ai pas le moindre doute", a déclaré à l'AFP Raul Romeva, responsable des relations internationales du gouvernement régional. "Nous avons la liste des électeurs, les urnes existent, les bureaux de vote existeront".

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