Cérémonies d'inhumation à Prague du cardinal tchèque Beran mort en 1969 en exil à Rome

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Par Jan MARCHAL - Prague (AFP)
Publié le 20 avril 2018 - 21:45
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Les restes du cardinal Josef Beran, persécutés par les nazis et les communistes, arrivent à Prague du Vatican, le 20 avril 2018
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© Michal CIZEK / AFP
Les restes du cardinal Josef Beran, persécutés par les nazis et les communistes, arrivent à Prague du Vatican, le 20 avril 2018
© Michal CIZEK / AFP

Les cloches à travers la République tchèque ont salué vendredi l'arrivée du cercueil du cardinal Josef Beran, persécuté par les nazis et les communistes et décédé en 1969 en exil à Rome, qui sera inhumé lundi dans sa patrie, conformément à sa dernière volonté.

Figure emblématique de l'Eglise catholique tchèque, Mgr Josef Beran (1888-1969) dont le procès en béatification a été ouvert en 1998, fut le seul Tchèque enterré à la basilique Saint-Pierre, près des papes.

Le transfert de la dépouille du Mgr Beran vers la cathédrale Saint-Guy au Château de Prague, a été autorisé en janvier, par le pape François.

Un avion spécial affrété par l'armée a atterri à Prague vers 18 heures (16H00 GMT).

"Après plus d'un demi-siècle de l'exil, le cardinal Josef Beran retourne dans sa patrie", a déclaré lors d'une brève allocution le chef du Sénat, Milan Stech, selon qui la vie du cardinal représente un "manuel de l'histoire de notre pays au XXe siècle".

"Père cardinal, soyez le bienvenu dans votre pays", a-t-il conclu.

Une série de cérémonies religieuses était prévue: vendredi dans la soirée, le cercueil devait passer à deux endroits de la capitale liés à la vie et aux activités du Mgr Beran: l'église Saint-Adalbert et la basilique de l'Assomption de la Vierge Marie au monastère de Strahov.

Le cercueil sera ensuite exposé tout au long du weekend à la cathédrale Saint-Guy au Château de Prague, avant d'y être placé, lundi, dans un sarcophage, à l'issue d'une messe solennelle.

- Refus de collaborer -

Né à Plzen dans l'ouest de l'actuelle République tchèque, Josef Beran a été ordonné prêtre en 1911.

Recteur du séminaire archiépiscopal à Prague depuis 1932, il a été emprisonné en 1942-1945 dans les camps de concentration nazis de Terezin et de Dachau.

Nommé archevêque de Prague en 1946 par le pape Pie XII, Josef Beran a refusé de se plier au régime communiste arrivé au pouvoir en 1948.

Il appelait les prêtres à ne pas collaborer avec le pouvoir totalitaire qui s'efforçait de créer au sein de la hiérarchie ecclésiastique un groupe de prêtres "progressistes" hostiles au Vatican.

"Je ne sais pas combien de fois je pourrai encore vous parler, mais à présent je déclare à haute voix: jamais, jamais je ne consentirai à un accord (avec le régime) dirigé contre les lois de Dieu et de la sainte Eglise", a-t-il souligné devant les croyants, le 18 juin 1949.

Le lendemain, le régime a mobilisé quelque 1.700 communistes zélés et membres de la police secrète StB qui ont pénétré dans la cathédrale Saint-Guy au moment d'une messe et ont hué l'archevêque, lors du sermon.

La StB l'a ensuite interné pour le tenir isolé du monde extérieur pendant une quinzaine d'années.

Elle a essayé à plusieurs reprises de mettre des aphrodisiaques dans ses repas et ceux d'une religieuse qui l'accompagnait, dans l'espoir de pouvoir réaliser des photos compromettantes. La tentative s'est soldée par un fiasco pour la StB.

Nommé cardinal en 1965 par le pape Paul VI, Josef Beran a été autorisé à se rendre à Rome pour son installation.

Le pouvoir l'a ensuite empêché de regagner sa patrie et, depuis, il s'adressait à ses compatriotes sur les ondes de la radio Vatican, jusqu'à sa mort, le 17 mai 1969.

- Baisse de la pratique religieuse -

L'Eglise catholique ainsi que les autres Eglises en ex-Tchécoslovaquie ont subi de sévères persécutions incluant les confiscations des biens, jusqu'à la chute du régime totalitaire lors de la "Révolution de velours" de 1989.

Des centaines de prêtres ont été jetés en prison. Plusieurs d'entre eux ont été exécutés ou sont morts des suites de la torture.

Des prêtres opposés au régime communiste responsable de la mort d'environ 4.500 personnes et de l'emprisonnement de plusieurs centaines d'autres Tchèques et Slovaques, ont exercé dans la clandestinité jusqu'en 1989.

Depuis la Seconde guerre mondiale, la pratique religieuse a fortement baissé dans ce pays marqué par une tradition hussite, anticatholique, mais aussi par la propagande communiste.

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