"C'est dur... mais la vie continue" : In Amenas marque les 5 ans de l'attaque

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Par Amal BELALLOUFI - In Amenas (Algérie) (AFP)
Publié le 16 janvier 2018 - 15:54
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Le site gazier d'In Amenas, situé à plus de 1.000 km au sud-est d'Alger, le 16 janvier 2018
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© RYAD KRAMDI / AFP
Le site gazier d'In Amenas, situé à plus de 1.000 km au sud-est d'Alger, le 16 janvier 2018
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"C'est dur... mais la vie continue": le site gazier d'In Amenas, en Algérie, a marqué mardi le 5e anniversaire du début de l'attaque jihadiste dont il avait été la cible et qui avait coûté la vie à 40 personnes de dix nationalités.

Sur le site de ce complexe de raffinage, situé au lieu-dit Tiguentourine, à 1.300 km au sud-est d'Alger, où toute trace du carnage a disparu, une brève cérémonie s'est déroulée dans la matinée, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Elle a réuni une centaine d'employés -- des Algériens et quelques expatriés-- devant une haute stèle de marbre noir portant les noms des 40 victimes, unique témoignage des trois jours de la prise d'otages lancée le 16 janvier 2013 à l'aube par un groupe islamiste armé.

Parmi les 40 personnes tuées durant ces journées sanglantes figurent, 10 Japonais, 9 Philippins, six Britanniques, cinq Norvégiens et trois Américains.

Mardi, une gerbe a été déposée après lecture de la fatiha, la première sourate du Coran, traditionnellement récitée durant des funérailles.

- '40 martyrs' -

"Ce sont 40 martyrs. J'ai beaucoup d'émotion, j'ai connu beaucoup de ces personnes", a déclaré devant la stèle Abdelmoumen Ould Kaddour, le PDG de Sonatrach, l'entreprise pétrolière nationale algérienne qui cogère le site avec les groupes pétroliers norvégien Statoil et britannique BP.

Très émus, Ingbjorn Refsdal, directeur général pour l'Algérie de Statoil, et Minoru Yamagishi, directeur général adjoint en Algérie du pétrolier japonais JGC, étaient également présents.

Parmi la centaine d'employés assistant à la cérémonie, en combinaison bleue et casque sur la tête, de nombreux Algériens présents lors de l'attaque et qui travaillent toujours sur le site.

Certains ont éclaté en sanglots quand deux femmes ont commencé à énumérer les noms de leurs collègues tués. Peu ont accepté de s'exprimer.

"C'est très dur, je n'attends qu'une chose, pouvoir être mutée", a dit à l'AFP une employée algérienne restée otage durant 24 heures et qui est revenue travailler sur le site deux mois plus tard.

Un autre, qui fut otage pendant deux jours, confie qu'il lui "arrive encore de faire des cauchemars ou de sursauter en entendant des bruits brusques". "Pourtant, je sais que nous sommes en sécurité maintenant", assure-t-il.

"Nous allons marquer les cinq ans de l'attaque et continuer à travailler", a pour sa part affirmé à l'AFP un cadre, resté à l'époque otage durant trois jours.

"A chaque fois qu’il faut y retourner, c’est dur, pour nous et pour nos familles qui angoissent. Certains (salariés) se remémorent les faits en permanence et cela les perturbe. Mais la vie continue", a-t-il ajouté.

- 'Efforts énormes' -

Le nombre d'expatriés sur le site a été considérablement réduit et aucun de ceux présents lors de l'attaque n'est revenu. Les dégâts réparés, le complexe, plus grand site gazier d'Algérie fonctionne de nouveau à pleine capacité.

"Depuis cinq ans, la sécurité s'est énormément améliorée. Et nous faisons toujours des efforts énormes" pour la renforcer, a assuré à l'AFP le PDG de Sonatrach.

A l'époque de l'attaque, les rescapés et familles des victimes s'étaient interrogés sur la sécurité du site.

Désormais, pour accéder au complexe, situé en plein désert à 80km de la frontière libyenne, il faut franchir plusieurs points de contrôle et une longue série de chicanes, a constaté une journaliste de l'AFP.

Selon un cadre de Sonatrach, qui s'y rend régulièrement, la sécurité a effectivement été "renforcée, faisant de ce site (...) un des endroits les plus sécurisés au monde".

Une pièce forte où le personnel peut se réfugier en cas d'alerte a également été construite.

Plusieurs enquêtes ont été ouvertes, à Londres, New York ou Paris notamment, après l'attaque.

A Alger, quatre accusés, dont trois arrêtés sur le site, attendent leur procès, alors qu'un complément d'enquête a été réclamé par la justice.

Sept personnes au total sont poursuivies par la justice algérienne, ont indiqué à l'AFP des sources proches de l'enquête à Alger.

Trois Algériens -Abdelkader Derouich, Bouziane Kerroumi et Djafaar Bouhafs-- et un Tunisien, Derbali Laroussi, sont actuellement incarcérés.

Trois commanditaires présumés sont en fuite, parmi lesquels Mokhtar Belmokhtar, dont le groupe des "Signataires par le sang" avait revendiqué l'attaque en représailles à l'opération militaire française Serval contre les groupes jihadistes au Mali, déclenchée quelques jours auparavant.

Tous sont accusés notamment d'"association de malfaiteurs", "atteinte à la sécurité de l'Etat", "assassinats", ou "prise d’otages", selon ces sources.

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