Chine : la croissance attendue à son plus faible niveau en près de 30 ans

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Par Lillian DING, Joëlle GARRUS - Pékin (AFP)
Publié le 18 janvier 2019 - 13:35
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Un ouvrier en bâtiment achète à manger dans un food-truck dans le quartier d'affaires de Pékin, le 18 janvier 2019
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© GREG BAKER / AFP
Un ouvrier en bâtiment achète à manger dans un food-truck dans le quartier d'affaires de Pékin, le 18 janvier 2019
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La croissance chinoise, en phase de décélération, devrait avoir atteint son plus faible niveau en près de trois décennies en 2018, une année marquée par un déclin de la demande intérieure, ainsi que des conflits commerciaux.

D'après la prévision médiane de 13 analystes interrogés par l'AFP, le produit intérieur brut de la Chine devrait avoir augmenté de 6,6% en 2018, un taux supérieur de 0,1 point de pourcentage à l'objectif du gouvernement.

Le taux officiel doit être publié lundi.

Cette croissance annuelle, bien que proche de celle de 2016 (+6,7%), est la plus faible depuis la très mauvaise année 1990 (+3,9%) à laquelle avaient ensuite succédé des années de croissance ronflante, à deux chiffres ou quasiment.

En outre, selon ces analystes, sur la période septembre-décembre, cette hausse n'a été que de 6,4%, confirmant un ralentissement continu au fil des trimestres pour arriver au niveau du premier trimestre 2009, alors marqué par la crise financière internationale.

"La Chine n'est plus dans sa période des +Trente Glorieuses+. Les 9, 10% ou plus de croissance, c'est fini", commente Jean-François Huchet, professeur d'économie à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco) à Paris.

"Aujourd'hui on est revenu vers plus de normalité, un PIB en hausse de 6 ou 7%. On sait qu'il y a un ralentissement économique et tout concourt pour qu'on soit en dessous de 5%", ajoute-t-il.

"La productivité baisse, il y a les querelles avec les États-Unis, la nécessité de faire évoluer les services et baisser les investissements. Même la courbe démographique n'est plus ce qu'elle était et a un impact négatif sur la croissance", énumère-t-il.

- 'Épée de Damoclès' -

Si la guerre commerciale sino-américaine a été un élément marquant de l'année écoulée, entamant notamment la confiance des marchés, elle semble n'avoir pénalisé l'économie chinoise qu'en fin d'année.

Certains exportateurs, anticipant l'entrée en vigueur en 2019 de nouvelles hausses de droits de douane aux États-Unis, ont accéléré leurs expéditions, et le coût des premières surtaxes imposées par Washington a pu être absorbé par la dépréciation du yuan.

Mais pour l'économiste de Rabo Bank Björn Giesbergen, cette guerre commerciale reste "une épée de Damoclès pour l'économie chinoise", dont les exportations sont un des piliers. Et "son impact n'est vraiment visible que dans les tout derniers mois de 2018".

En décembre, les exportations chinoises, exprimées en dollars, ont reculé de 4,4%.

- Doper la consommation -

Mais, surtout, les importations du géant asiatique ont chuté de 7,6%, signe d'une demande intérieure qui faiblit.

Les indicateurs récents témoignent de cette morosité: carnets de commande et ventes de détail en baisse, chute historique des ventes de voitures...

Björn Giesbergen voit deux facteurs ayant "exercé une pression à la baisse sur la croissance": les mesures adoptées début 2018 "pour réduire la croissance excessive du crédit et les investissements".

Un point de vue partagé par les économistes de Fitch Ratings, pour lesquels "le ralentissement reflète principalement l'impact tardif des mesures de restriction du crédit. La pression exercée sur la +finance de l'ombre+ (non régulée, NDLR) a eu un impact particulièrement lourd sur les investissements dans les infrastructures".

Ces mesures devaient appuyer notamment les efforts de rééquilibrage de l'économie, l'orienter davantage vers la consommation, les services et les technologies et faire baisser le colossal endettement du pays. La dette privée et publique dépasse aujourd'hui les 250% du PIB.

Toutefois, les autorités chinoises ont desserré l'étau dans la deuxième moitié de 2018 pour relancer l'activité. Le taux de réserves obligatoires des banques a notamment été réduit à quatre reprises, pour encourager le crédit, et une série de baisses d'impôts décidée.

Vendredi, les autorités ont annoncé qu'elles allaient prendre des mesures pour favoriser la consommation, selon Chine Nouvelle. "L'économie fonctionne de manière stable en général, mais il y a des changements et des développements inquiétants, avec un environnement externe complexe et sévère, et des incertitudes accrues", selon un communiqué officiel, cité par l'agence de presse.

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