Chine : un éditeur suédois d'origine chinoise interpellé, Stockholm exige sa libération

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Par Elaine Yu, avec Joanna CHIU à Pékin - Hong Kong (AFP)
Publié le 23 janvier 2018 - 13:53
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Des policiers passent le 3 janvier 2016 devant des avis de recherche concernant l'éditeur-libraire Gui Minhai (G), de la maison d'édition basée à Hong Kong "Mighty Current", et son collègue Yau Wentia
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© Anthony WALLACE / AFP/Archives
Des policiers passent le 3 janvier 2016 devant des avis de recherche concernant l'éditeur-libraire Gui Minhai (G), de la maison d'édition basée à Hong Kong "Mighty Current", et son
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La Suède a exigé mardi la libération "immédiate" de l'éditeur-libraire suédois d'origine chinoise Gui Minhai, vendeur d'ouvrages ridiculisant le régime communiste, interpellé la semaine dernière en Chine par des agents en civil et dont la famille n'a depuis pas de nouvelles.

"Nous souhaitons que notre concitoyen soit immédiatement libéré et qu'il puisse rencontrer du personnel diplomatique et médical", a déclaré dans un communiqué la ministre suédoise des Affaires étrangères, Margot Wallström, confirmant son interpellation annoncée par sa fille.

La société civile chinoise est sous forte pression depuis l'arrivée au pouvoir du président Xi Jinping fin 2012. De nombreux avocats et militants ont notamment été inquiétés voire détenus.

Gui Minhai travaille pour la maison d'édition "Mighty Current". Basée à Hong Kong, un territoire chinois qui jouit de fortes libertés publiques, elle publie des livres salaces sur la vie privée des dirigeants chinois, qui sont interdits en Chine continentale.

En 2015, comme quatre autres employés de la maison d'édition, M. Gui s'était volatilisé, avant de réapparaître dans un centre de détention chinois. Il affirmait alors être allé en Chine de son plein gré pour y assumer ses "responsabilités légales", plusieurs années après y avoir été responsable de la mort d'un étudiant dans un accident de voiture.

Les autorités chinoises avaient affirmé en octobre 2017 avoir relâché le libraire mais la situation restait confuse quant à sa liberté de mouvement.

Sa fille Angela Gui avait affirmé à une radio publique suédoise que depuis sa libération officielle, son père avait été placé dans un appartement de la police, sous surveillance.

- Hommes en civil -

Elle a indiqué qu'il avait été interpellé samedi par des agents en civil à bord d'un train alors qu'il se rendait avec deux diplomates suédois à Pékin, en provenance de la ville de Ningbo (est) où il vit.

Son père allait dans la capitale chinoise pour consulter un médecin en raison de symptômes de la maladie de Charcot.

"A un des arrêts avant Pékin, une dizaine d'hommes en civil sont montés à bord, disant être de la police, l'ont attrapé et l'ont emmené et depuis, je suis sans nouvelle", a déclaré sa fille à la radio suédoise.

La ministre suédoise des Affaires étrangères, qui a par deux fois ces derniers jours convoqué l'ambassadeur de Chine à Stockholm, a confirmé que Gui Minhai avait été interpellé alors qu'il se trouvait en présence de "personnel diplomatique qui apportait une aide consulaire à un citoyen suédois nécessitant des soins médicaux, conformément aux règles internationales fondamentales".

Les autorités suédoises considèrent avec "la plus vive préoccupation" l'arrestation qui s'est produite "sans plus d'explications", a ajouté Mme Wallström.

Côté chinois, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Hua Chunying a déclaré mardi lors d'une conférence de presse régulière n'être "pas au courant des détails" de l'incident.

"Tout étranger doit respecter les lois et les règlements chinois", a-t-elle cependant souligné.

Elle n'a pas confirmé d'éventuelles discussions entre Pékin et Stockholm sur le sujet.

- 'Un signal d'alarme' -

L'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International s'est dite "absolument effarée" par cette affaire, demandant la libération de M. Gui, ainsi que son accès à des soins médicaux.

Son interpellation devant des diplomates devrait être un "signal d'alarme" pour la communauté internationale, a indiqué William Nee, spécialiste de la Chine au sein de l'association.

La société littéraire PEN Hong Kong a exprimé sa "profonde inquiétude".

"Il est maintenant important pour les gouvernements étrangers, notamment pour les Suédois et l'Union européenne, de réagir avec des actes forts", a indiqué l'association de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW).

Le libraire Gui Minhai avait disparu une première fois en 2015 lors de vacances en Thaïlande. Il avait ensuite été détenu dans un lieu tenu secret en Chine.

En février 2016, il était réapparu à la télévision chinoise en pleurs, avouant son implication dans un accident de la route alors qu'il était ivre.

Dans une autre interview diffusée la même année, il avait confessé avoir essayé de passer en contrebande des livres interdits en Chine.

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