Choi Soon-sil, l'amie d'une présidente et la cause de sa ruine

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Par Jung Hawon - Séoul (AFP)
Publié le 13 février 2018 - 12:13
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Choi Soon-Sil, la confidente de l'ex-présidente sud-coréenne Park Geun-hye, au premier jour de sonprocès à Séoul, le 5 janvier 2017
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© Chung Sung-Jun / POOL/AFP/Archives
Choi Soon-Sil, la confidente de l'ex-présidente sud-coréenne Park Geun-hye, au premier jour de sonprocès à Séoul, le 5 janvier 2017
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Fille d'une sulfureuse figure religieuse, Choi Soon-sil fut pendant des décennies l'amie de la présidente sud-coréenne déchue Park Geun-hye, bénéficiant dans son ombre d'un pouvoir considérable.

Elle risque de finir ses jours en prison après avoir été condamnée mardi à une peine de 20 ans dans un retentissant scandale de corruption qui a secoué le pays pendant de longs mois et mis à terre son amie de toujours.

Le père de Mme Choi, 61 ans, Choi Tae-min, a établi le premier contact avec Mme Park il y a des dizaines d'années.

Après l'assassinat de la mère de Mme Park en 1974 lors d'une tentative ratée pour tuer son père, le dictateur Park Chung-Hee, Choi Tae-min adressa une lettre à la future présidente pour lui raconter qu'il avait vu en rêve la défunte.

Marié sept fois, fondateur d'un groupe religieux aux allures de secte, il gagna la confiance de Mme Park et son influence grandit encore quand le père de celle-ci fut à son tour assassiné en 1979.

Son emprise était telle qu'une note diplomatique américaine publiée par WikiLeaks avait témoigné de rumeurs selon lesquelles il "contrôlait totalement Mme Park, corps et âme".

Sa fille Soon-sil devint l'amie proche de Mme Park. Elle s'occupait de sa vie quotidienne, y compris de sa garde-robe, ce qui lui valut plus tard d'être surnommée "Raspoutine" par les médias.

- 'Vous avez noté?' -

En 1990, le frère et la soeur de Mme Park avaient envoyé une lettre au président de l'époque, Roh Tae-woo, pour le supplier de "sauver" leur soeur des griffes de Mme Choi et de sa famille.

D'après Park Geun-Ryoung, la soeur de la future présidente, le clan Choi l'avait persuadée de couper tout contact avec sa fratrie afin de mieux faire fructifier ses connections.

Au décès de son père en 1994, Mme Choi endossa son rôle de mentor. Mme Park entrait en politique trois ans plus tard, se faisant élire députée.

Quand elle accéda à la présidence en 2012, Mme Park dépendait grandement de son amie pour prendre ses décisions politiques comme personnelles, selon l'enquête menée en 2017 par le parquet.

Mme Choi, qui n'avait ni titre ni habilitation de sécurité, était largement inconnue du grand public. Mais dans des enregistrements de conversations téléphoniques rendues publics lors du procès de Mme Park, toujours en cours, on l'entend donner des ordres dans le bureau présidentiel sur des décisions politiques ou de relations publiques.

Mme Choi demande ainsi plusieurs fois à l'un des principaux collaborateurs de Mme Park: "Vous avez noté ce que je viens de dire?". Elle lui adresse ses remontrances: "pourquoi n'avez vous pas fait cela la dernière fois?". Ledit collaborateur s'adresse à Mme Choi dans les termes généralement utilisés en coréen pour parler à un supérieur.

D'après l'accusation, Mme Choi a usé de son emprise sur la présidente pour contraindre des grands groupes comme Samsung à verser à des fondations des dizaines de millions de dollars dont elle s'est servi à des fins personnelles.

- 'Vulgaire et avide' -

La relation entre les deux amies fut révélée au grand jour fin 2016, quand une chaîne de télévision sud-coréenne mit la main sur une tablette appartenant à Mme Choi contenant de nombreux documents confidentiels, y compris les brouillons des discours de Mme Park.

Convoquée par le parquet en octobre 2016, Mme Choi avait présenté ses excuses. Mais cela n'avait pas suffi à calmer la colère des Sud-Coréens qui réclamaient la démission de la cheffe de l'Etat à grand renfort de manifestations monstres.

Mme Choi démentit par la suite toutes les accusations portées contre elle, affirmant n'avoir que très peu d'influence sur Mme Park.

L'ex-présidente dément également toutes les charges qui pèsent sur ses épaules.

L'ancienne députée Chun Yu-Ok, ancienne porte-parole du parti de Mme Park, a décrit dans un récent livre le clan Choi comme étant "vulgaire, avide et louche".

Mme Chun avait coupé les ponts avec Mme Park en 2007, la présentant comme "quelqu'un qui ne doit pas accéder à la présidence" de peur que "le pays ne soit dirigé collectivement par le clan Choi".

"J'espérais que mes peurs restent infondées mais malheureusement ce ne fut pas le cas, une grande tragédie pour notre pays", écrit-elle.

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