Cinq ans après, l'Amérique reste hantée par Sandy Hook

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Par AFP
Publié le 14 décembre 2017 - 08:17
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Un policier devant l'école Sandy Hook de Newtown, le 15 décembre 2012 dans le Connecticut
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© Spencer Platt / Getty Images/AFP/Archives
Un policier devant l'école Sandy Hook de Newtown, le 15 décembre 2012 dans le Connecticut
© Spencer Platt / Getty Images/AFP/Archives

De tous les massacres commis par arme à feu ces dernières années aux Etats-Unis, celui de Sandy Hook est probablement celui qui a le plus choqué en raison des nombreux enfants tués dans cette école primaire du Connecticut. Cinq ans après, les plaies restent béantes.

"Les gens me demandent comment va Sandy Hook aujourd'hui. Sandy Hook ne s'en remettra jamais. A Sandy Hook les choses ne seront jamais pareilles", a déclaré la semaine dernière à Washington Chris Murphy, sénateur démocrate de ce petit Etat de la Nouvelle-Angleterre.

L'horreur s'est abattue sur l'établissement de briques, dans la bourgade de Newtown, le 14 décembre 2012 vers 09H30: après avoir tué sa mère à son domicile, Adam Lanza, 20 ans, fait irruption dans l'école muni d'un fusil d'assaut Bushmaster AR-15 et de deux pistolets.

Il fait feu à plus de 150 reprises dans les couloirs et les salles de classe, ôtant la vie à 20 enfants âgés de 6 et 7 ans. Le forcené abat également six femmes travaillant à Sandy Hook, avant de se suicider.

Dans une Amérique encore traumatisée par de précédentes fusillades en milieu scolaire, comme celles de Columbine en 1999 ou Virginia Tech en 2007, le choc est immense: cette fois c'est l'âge de l'innocence qui a été fauché.

Depuis la Maison Blanche, quelques heures après les faits, le président Barack Obama peine à s'exprimer, la gorge nouée.

- L'émotion d'Obama -

"Il va falloir nous rapprocher et agir sérieusement afin d'empêcher de nouvelles tragédies comme celle-ci", dit-il en écrasant des larmes.

Pourtant l'après-Sandy Hook sera l'histoire d'un grand espoir déçu: celui d'une réforme législative qui aurait limité les armes les plus dangereuses, celles tirant en rafales, et qui aurait imposé les recherches d'antécédents psychiatriques et judiciaires pour toute vente d'arme à feu.

Ces propositions de loi, combattues par la National Rifle Association (NRA), sont mises en échec au Congrès en avril 2013. Pratiquement rien n'a bougé depuis, hormis des mesures locales prises par des villes ou des Etats.

Il serait faux toutefois d'imaginer que Sandy Hook n'a servi à rien. D'un bout à l'autre des Etats-Unis, les établissements scolaires ont pris conscience de leur vulnérabilité.

Depuis 2012, les procédures d'alerte et les exercices d'entraînement se sont multipliés. Les portes et fenêtres ont été blindées. Les liens ont été renforcés avec les autorités policières.

Chaque écolier américain apprend désormais la conduite à tenir face à un "tireur en action". Du surveillant au principal, le personnel est formé à comment se barricader en classe.

L'actualité récente vient d'illustrer l'importance de ces gestes: le mois dernier, un déséquilibré lourdement armé, parti pour commettre un carnage, a tenté en vain d'entrer dans une école primaire du nord de la Californie.

Il n'a fallu qu'une cinquantaine de secondes aux enfants et aux enseignants de l'école Rancho Tehama pour se placer en confinement, selon une procédure longuement répétée. Le tireur a arrosé de balles l'enceinte, mais le bain de sang a été évité.

- Thèses conspirationnistes -

L'émoi suscité par les victimes infantiles de Sandy Hook a donné naissance à plusieurs organisations citoyennes qui ont pris une ampleur nationale, comme Moms Demand Action, fondée en décembre 2012.

Ce mouvement rassemblant des mères de famille lutte contre les violences par armes à feu, responsables de 90 décès quotidiens aux Etats-Unis.

Une autre association, Sandy Hook Promise, s'est fixé pour but de prévenir les fusillades en identifiant les "signes" précurseurs d'un passage à l'acte, comme l'isolation sociale d'un jeune ou sa fascination pour des idées morbides.

Sandy Hook Promise a l'objectif de sensibiliser 26 millions de jeunes et adultes d'ici 2026.

Dans la litanie des fusillades qui endeuillent les Etats-Unis, Sandy Hook symbolisera encore longtemps l'insoutenable.

A tel point que certains militants du port d'arme veulent en nier la réalité. Un tribunal de Floride a ainsi validé cette semaine le licenciement d'un professeur d'université qui affirme que l'événement a été monté de toutes pièces, avec acteurs à l'appui.

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