Colombie : Timochenko malade, l'ex-guérilla Farc renonce à la présidentielle

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Par Florence PANOUSSIAN - Bogota (AFP)
Publié le 08 mars 2018 - 17:44
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L'ex-guérilla des Farc, présente pour la première fois aux élections en Colombie, a annoncé jeudi son retrait de la présidentielle, suite aux problèmes cardiaques de son chef et candidat Rodrigo Londoño, mais reste dans la course pour les législatives de dimanche.

L'intervention à laquelle a dû se soumettre Rodrigo Londoño mercredi "nous amène à retirer notre aspiration à la présidence", a déclaré en conférence de presse l'ex-commandant guérillero Ivan Marquez, candidat au Sénat.

Plus connu sous ses noms de guerre "Timochenko" ou Timoleon Jimenez, Rodrigo Londoño, âgé de 59 ans, donné bon dernier dans les sondages pour le premier tour de la présidentielle du 27 mai, a souffert d'un infarctus il y a une semaine et a dû subir un pontage coronarien.

La clinique de Bogota, où a été effectuée cette "revascularisation coronarienne avec pontage", avait précisé ensuite dans un communiqué mercredi que l'état de santé de l'ex-chef guérillero évoluait de manière "satisfaisante", mais qu'il était sous "thérapie respiratoire intensive" du fait de problèmes dus au tabagisme.

- La Farc appelle au 'dialogue' -

Issue en 1964 d'une insurrection paysanne, l'ex-guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) a déposé les armes suite à l'accord de paix historique signé le 24 novembre 2016 avec le président Juan Manuel Santos.

En septembre, les Farc, qui furent la plus puissante rébellion d'Amérique latine, s'est reconvertie en parti politique sous le nom de Force alternative révolutionnaire commune, conservant le même acronyme.

Ivan Marquez a souligné jeudi que la Farc se maintient pour les législatives du 11 mars et a appelé à un "dialogue avec tous les secteurs politiques afin de tendre des ponts pour réaliser une grande convergence nationale".

"Le fait de ne pas participer directement avec un candidat à la course pour la présidentielle ne veut pas dire que nous n'ayons pas de voix face aux autres candidats", a-t-il ajouté, affirmant qu'aucun rapprochement n'a été initié. "Nous restons dans l'expectative", a ajouté l'ancien négociateur de l'accord de paix.

Gustavo Petro, ex-maire de gauche de Bogota, Ivan Duque, candidat du Centre démocratique de l'ancien président et leader de la droite dure Alvaro Uribe, ainsi que Sergio Fajardo, ex-maire centriste de Medellin, deuxième ville du pays, sont en tête des sondages pour la présidentielle, dont l'issue devrait se jouer au second tour le 17 juin.

En février, Timochenko avait annulé tout meeting électoral public, suite à des manifestations violentes menées contre des candidats de l'ex-guérilla par des adversaires de l'accord de paix.

Crédité de seulement 1% d'opinions favorables, il se plaçait en queue des sondages pour la présidentielle lors de laquelle sera désigné le successeur de M. Santos, au pouvoir depuis 2010 et qui ne peut se représenter après deux mandats consécutifs.

- Manque de sécurité -

Le leader de la Farc, qui a rejoint la guérilla à 17 ans, et en a pris la tête en 2011, a souffert de plusieurs problèmes de santé, dont un autre infarctus il y a trois ans pendant les négociations de paix menées de 2012 à 2016 à Cuba, et un "léger" AVC en juillet dernier.

La Farc a aussi dénoncé le "manque de garanties" de sécurité pendant la campagne pour justifier son retrait de la présidentielle.

Sa candidate à la vice-présidence, Imelda Daza, qui se présentait au côté de Timochenko, a affirmé que depuis l'accord de paix plus de 50 ex-guérilleros ou proches de membres des Farc ont été assassinés. "Nous assumons de manière décisive notre engagement à surmonter tout lien entre violence et politique", a-t-elle déclaré jeudi.

Pour Camilo Echandia, expert du conflit armé colombien, le retrait de la Farc de la présidentielle est "une bonne décision". "C'est un choix politique car les enquêtes présageaient une grande défaite", a déclaré à l'AFP ce professeur de l'université Externado de Bogota.

Les Colombiens élisent dimanche les députés et sénateurs d'un Parlement qui passe de 268 à 280 sièges, dont cinq garantis par l'accord de paix à la Farc dans chaque chambre.

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