Poutine menace de déployer ses nouveaux missiles contre les Occidentaux

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Par Maria PANINA - Moscou (AFP)
Publié le 20 février 2019 - 05:00
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Le président russe Vladimir Poutine lors d'un discours à Moscou, le 8 décembre 2018
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© Kirill KUDRYAVTSEV / AFP/Archives
Si la Russie est sortie de la récession de 2015-2016, le pouvoir d'achat reste orienté à la baisse et les revenus de la population restent très bas, d'où la colère qui a suivi l'annonce de la réforme des retraites et le passage de la TVA de 18% à 20%.
© Kirill KUDRYAVTSEV / AFP/Archives

En chute dans les sondages, Vladimir Poutine a assuré mercredi vouloir améliorer la qualité de vie de ses compatriotes mais aussi menacé de déployer les nouvelles armes de la Russie contre les pays occidentaux.

Moins d'un an après avoir été réélu pour un quatrième mandat avec un score sans précédent en près de 20 ans de pouvoir, le président russe voit sa cote de confiance dégringoler à ses plus bas niveaux depuis l'annexion de la Crimée en 2014, sous l'effet de la chute continue du niveau de vie depuis cinq ans, du relèvement de l'âge de la retraite et de la hausse de la TVA.

Après avoir assuré au début de son discours annuel au Parlement vouloir se concentrer sur la situation sociale, il s'est lancé, comme l'an dernier, dans une tirade très menaçante envers les Etats-Unis, leur reprochant le déploiement de nouveaux systèmes d'armement en Europe.

"S'ils sont déployés et livrés sur le continent européen, cela envenimera gravement la situation et créera de graves menaces pour la Russie", a déclaré le président russe, relevant que certains de ces engins pouvaient atteindre "Moscou en 10-12 minutes".

"Je vais le dire clairement et ouvertement : la Russie sera contrainte de déployer des armements qui pourront être utilisés non seulement contre les territoires d'où peut provenir une menace directe, mais aussi contre les territoires où se trouvent les centres de décision d'usage de missiles nous menaçant", a-t-il poursuivi.

L'Otan a qualifié d'"inacceptables" ces menaces de déployer de nouveaux missiles en mesure de frapper les territoires des Alliés, accusant le président russe de "tentative flagrante de détourner l'attention de sa violation du traité INF".

- Washington doit "calculer" -

Washington a suspendu sa participation à ce traité de la Guerre froide interdisant les missiles sol-sol d'une portée de 500 à 5.500 km, accusant la Russie d'enfreindre les dispositions de ce document signé en 1987. En retour, Moscou a fait de même et, sauf coup de théâtre, le traité deviendra caduc en août.

Vladimir Poutine a accusé les Etats-Unis d'utiliser des "accusation imaginaires envers la Russie pour motiver leur sortie unilatérale", avertissant que si la Russie était "prête aux négociations", elle ne comptait pas "frapper à une porte close".

Listant les progrès des nouveaux missiles russes, présentés comme hypersoniques, invisibles ou invincibles, il a appelé les Américains à "calculer la portée et la vitesse de nouveaux armements à venir" avant de "prendre leurs décisions".

Ces nouvelles armes avaient été présentées en détail l'an dernier dans son discours au Parlement, deux semaines avant sa réélection avec 76% des voix.

Moins d'un an après, la cote de popularité du chef de l'Etat, aujourd'hui âgé de 66 ans, était, selon le centre indépendant Levada, de 64% en janvier, son plus bas niveau depuis l'annexion de la Crimée il y a tout juste cinq ans, contre encore 80% au moment de sa réélection. Selon le même organisme, la proportion de Russes pessimistes sur la situation de leur pays (45%) dépasse celle des optimistes pour la première fois depuis fin 2013.

- "Trop" de pauvres -

Malgré la reprise économique, le pouvoir d'achat de la population, déjà très faible, reste orienté à la baisse, d'où la colère qui a suivi l'annonce de la réforme des retraites et le passage de la TVA de 18% à 20%.

"La pauvreté écrase littéralement les gens (...) 19 millions de personnes vivent aujourd'hui en dessous du seuil de pauvreté. C'est trop", a lâché Vladimir Poutine. "Il ne faut pas attendre mais améliorer la situation dès maintenant. (...) Dès cette année, (les Russes) doivent sentir une amélioration".

Il s'est longuement attardé sur la situation des familles, "ossature morale" de la Russie, qui peine à sortir de la crise démographique dans laquelle elle s'est enfoncée après l'effondrement de l'URSS.

"Plus d'enfants, moins d'impôts", a résumé le président, promettant notamment des aides pour la naissance d'un troisième enfant, mais aussi pour les retraités les plus démunis.

Pour soutenir l'activité économique, le gouvernement a dévoilé début février son plan de plus de 340 milliards d'euros avec de grands projets d'infrastructures, mais la croissance économique devrait ralentir cette année.

M. Poutine a fixé comme objectif plus de 3% de hausse du PIB en 2021, contre 2,3% en 2018.

S'exprimant quelques jours après l'arrestation du fondateur américain du fonds d'investissement Baring Vostok, qui a créé un choc dans les milieux d'affaires, il a par ailleurs appelé les forces de l'ordre au respect de la "liberté d'entreprendre". "Les entreprises honnêtes ne doivent pas se sentir constamment menacées, constamment risquer des sanctions pénales ou administratives", a-t-il dit.

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