Corruption : la justice sud-coréenne libère l'héritier de Samsung

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Par Jung Ha-Won - Séoul (AFP)
Publié le 05 février 2018 - 10:58
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L'héritier de Samsung, Lee Jae-Yong, le 5 février 2018 à sa sortie du tribunal qui a réduit sa peine en appel et autorisé sa libération
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© - / Dong-A Ilbo/AFP
L'héritier de Samsung le 5 février 2018 à sa sortie du tribunal qui a réduit sa peine en appel et autorisé sa libération
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La justice sud-coréenne a confirmé lundi la condamnation pour corruption de l'héritier de l'empire Samsung, Lee Jae-Yong, mais a ramené en appel sa sanction à une peine d'emprisonnement avec sursis et ordonné sa libération immédiate.

Vice-président de Samsung Electronics et fils du président du groupe Samsung, Lee Jae-Yong avait été condamné en août à cinq ans dans le retentissant scandale à tiroirs qui a entraîné la destitution et l'arrestation de l'ex-présidente sud-coréenne Park Geun-Hye.

Le groupe Samsung, dont le chiffre d'affaires équivaut à un cinquième du PIB sud-coréen, est de loin le plus gros des nombreux conglomérats -ou chaebols- qui dominent la onzième économie au monde.

Son fleuron Samsung Electronics -premier fabricant de smartphones et de puces au monde- n'a pas semblé trop pénalisé par l'emprisonnement de son vice-président de 49 ans, publiant encore la semaine dernière un bénéfice net en hausse de 85% en 2017.

Pour beaucoup d'experts, la décision de la cour d'appel s'inscrit dans une longue tradition de clémence de la justice à l'égard des dirigeants de Samsung.

Lee Jae-Yong fut le premier haut dirigeant de Samsung à dormir derrière les barreaux, bien que son père et son grand-père ont également en leur temps été rattrapés par la justice.

L'héritier et petit-fils du fondateur du groupe avait été reconnu coupable de plusieurs infractions, et notamment corruption, abus de bien sociaux ou encore parjure devant la réprésentation nationale.

- M. Lee, "contraint" -

L'affaire tournait autour des paiements faits par Samsung à la confidente de l'ombre de Mme Park, Choi Soon-Sil, dont le parquet soutenait qu'ils visaient à acheter des faveurs politiques.

Mais la cour d'appel a fait tomber plusieurs des infractions dont avait été reconnu coupable M. Lee, et commué la peine d'emprisonnement qui lui restait à purger en une peine de deux ans et demi de prison avec sursis.

Les juges ont considéré que M. Lee avait été "contraint" de verser des pots-de-vin à Mme Park et qu'il n'y avait "aucune preuve" de ce qu'il aurait demandé des faveurs en retour.

"Park Geun-Hye et Choi Soon-Sil devraient être considérés comme les principaux acteurs de ce scandale", selon l'arrêt lu par un juge.

Lee Jae-Yong a quitté la salle d'audience en agitant les mains libérées des menottes qui l'entravaient à chaque apparition publique depuis son arrestation en février 2017, selon la télévision publique.

Il est apparu souriant, mais visiblement amaigri avant d'être emmené à sa prison pour les formalités administratives de sa sortie.

Samsung s'est battu âprement depuis un an pour arriver à une telle issue, et réduire aussi les peines de quatre autres de ses cadres dirigeants qui ont vu leurs sanctions également allégées lundi.

"En Corée du Sud, les politiciens vont et viennent, mais la puissance de Samsung ne faiblit pas", a observé Shim Jung-Taik, auteur de plusieurs ouvrages sur le fleuron de l'industrie sud-coréenne et sa culture d'entreprise.

- 'Notre économie s'écroulerait' -

"Nous avons toujours cette idée que notre économie s'écroulerait sans ses chaebols et que les chaebols s'écrouleraient s'ils n'étaient plus contrôlés par les membres de leur famille fondatrice", a expliqué Shim Jung-Taik à l'AFP.

Samsung fut pourtant le plus gros généreux de tous les conglomérats ayant versé de l'argent aux deux fondations que Mme Choi aurait utilisées à des fins personnelles.

La justice avait en première instance estimé que Samsung avait versé 8,9 milliards de wons (6,6 millions d'euros) pour acheter le soutien du gouvernement à la passation générationnelle du pouvoir au sommet du groupe à la suite de la crise cardiaque du père de Lee Jae-Yong en 2014.

Mais le parquet, qui avait requis 12 ans de prison et estimé trop clémente la condamnation en première instance, avait fait appel.

Les avocats de M. Lee, qui avaient également fait appel, ont indiqué lundi qu'il saisirait la Cour suprême pour que son nom soit entièrement blanchi.

Première femme élue présidente en Corée du Sud, Mme Park est jugée depuis mai pour une vingtaine de chefs et risque la prison à vie.

Le scandale porte sur des millions d'euros soutirés aux plus grands conglomérats, comme Samsung. L'ex-présidente est aussi accusée d'avoir laissé Mme Choi, fille d'un leader religieux douteux, se mêler des affaires de l'Etat.

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