Crimée : deux militants tatars libérés par la Russie et envoyés vers la Turquie

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Par AFP
Publié le 25 octobre 2017 - 16:53
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Ilmi Oumerov, représentant de la communauté des Tatars de Crimée, lors d'une interview accordée à l'
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Ilmi Oumerov, représentant de la communauté des Tatars de Crimée, lors d'une interview accordée à l'AFP le 11 septembre 2016 à Bakhtchissaraï en Crimée
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La Russie a libéré mercredi deux importants représentants de la communauté des Tatars de Crimée, condamnés à des peines de prison par la justice russe pour s'être opposés à l'annexion de la péninsule ukrainienne par Moscou.

Réclamée par le Parlement européen, la libération d'Ilmi Oumerov et Akhmet Tchiïgoz intervient peu après des rencontres entre le président turc Recep Tayyip Erdogan avec Vladimir Poutine d'une part et le chef de l'Etat ukrainien Petro Porochenko d'autre part.

Partis par avion vers la Turquie dans un premier temps, les deux hommes doivent y subir un examen médical avant de rejoindre par la suite Kiev, la capitale ukrainienne.

Ils étaient des représentants du Medjlis, assemblée de cette communauté musulmane majoritairement liée à la Turquie de longue date et opposée à l'annexion en mars 2014 de la Crimée à l'issue d'un référendum jugé illégal par Kiev et les Occidentaux.

Akhmet Tchiïgoz, ancien vice-président du Medjlis, avait été arrêté en janvier 2015 et condamné le mois dernier à une peine de huit ans de prison pour avoir organisé des "troubles massifs" en février 2014, quelques semaines avant l'annexion.

Cette manifestation organisée le 26 février 2014 devant le Parlement de Crimée à Simféropol avait abouti à des affrontements entre partisans de Kiev et ceux de Moscou, ayant fait deux morts et plus de 20 blessés.

Ilmi Oumerov, vice-président du Medjlis, avait pour sa part été condamné quelques semaines plus tard à deux ans de prison pour "apologie du séparatisme" après avoir été arrêté en mai 2016 à la suite d'une intervention en mars à l'antenne de la chaîne de télévision tatare ATR.

M. Oumerov avait alors indiqué sur ATR, qui diffuse depuis Kiev après sa fermeture par les autorités russes, estimer que la Crimée appartenait à l'Ukraine et qu'il "faut forcer la Russie à quitter la péninsule".

Souffrant de diabète, de la maladie de Parkinson et récemment victime d'une hémorragie cérébrale, selon son avocat Mark Feïguine, M. Oumerov restait toutefois en liberté jusqu'à l'examen de son appel par la Cour suprême de Crimée, et se trouvait à l'hôpital encore peu avant son envoi vers la Turquie.

- Forte pression -

"Ce que nous avons tant attendu est arrivé. Deux nouveaux prisonniers politiques ukrainiens ont retrouvé la liberté", a déclaré sur Facebook Nikolaï Polozov, l'avocat d'Akhmet Tchiïgoz. "Il s'agit du juste résultat d'efforts titanesques et d'un travail juridique, politique et diplomatique réussi", a-t-il ajouté.

Le président ukrainien Petro Porochenko a remercié son homologue turc sur Twitter "pour ses efforts dans la libération de (ces) héros".

Le dirigeant de l'assemblée des Tatars de Crimée, Refat Tchoubarov, a de son côté salué depuis Kiev "le rôle du président ukrainien Petro Porochenko, du président turc Recep Tayyip Erdogan et de la Chancelière allemande Angela Merkel". Il s'agit, selon lui, du résultat de "deux semaines de travail actif" et de pourparlers récents entre Vladimir Poutine et M. Erdogan.

Selon le leader historique des Tatars de Crimée, Moustafa Djemilev, M. Poutine a ordonné la libération des deux militants pour des "raisons humanitaires". Le Kremlin n'a pas commenté dans l'immédiat.

L'ONG Amnesty International avait dénoncé les condamnations des deux militants tatars, qualifiant leurs procès de "farce".

Le Parlement européen avait également réclamé leur libération, ainsi que l'annulation de la condamnation du journaliste Nicolaï Semena, reconnu coupable en septembre par un tribunal de Crimée d'"apologie du séparatisme" et condamné à une peine de deux ans et demi de prison avec sursis.

Les Tatars de Crimée subissent une forte pression de la part des autorités russes. La justice russe a ainsi interdit et qualifié d'"organisation terroriste" le Medjlis, et fermé la chaîne de télévision de cette communauté.

L'ONU a estimé fin septembre que la situation des droits de l'homme s'est "significativement détériorée" en Crimée, accusant les autorités russes de "multiples et graves violations" commises en toute impunité.

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