Crise catalane : ce que l'on sait

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Par AFP
Publié le 12 octobre 2017 - 15:42
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Le drapeau catalan lors d'une manifestation pour l'indépendance, le 3 octobre 2017 à Barcelone
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© PAU BARRENA / AFP
L'Espagne est au bord de la scission.
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Une déclaration d'indépendance en suspens, Madrid qui enclenche le compte à rebours, une médiation "impossible", une réforme constitutionnelle sur les rails et le monde des affaires qui s'inquiète: ce que l'on sait de la crise catalane.

Une déclaration d'indépendance en suspens

Prenant acte du référendum d'autodétermination interdit et contesté du 1er octobre, que les séparatistes disent avoir remporté largement, le président catalan Carles Puigdemont a semblé déclarer unilatéralement l'indépendance de la Catalogne mardi soir. Mais il a aussitôt suspendu cette déclaration, pour demander un dialogue avec Madrid dans les prochaines semaines, avant de la signer avec les députés séparatistes sans la soumettre au vote du Parlement régional, entretenant la confusion.

"Ultimatum" de Madrid

En guise de réponse, le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a fixé le lendemain un double ultimatum au leader séparatiste. Celui-ci a jusqu'à lundi 10H00 (08H00 GMT) pour sortir du flou et dire s'il a, oui ou non, déclaré l'indépendance. Si M. Puigdemont confirme la déclaration ou s'abstient de répondre -scénario probable - Madrid lui offre un dernier délai jusqu'au jeudi 19 octobre, toujours à 10H00, pour renoncer à ses plans. Un possible recul de M. Puigdemont, qui continue à appeler à la médiation, paraît à ce stade très improbable, estiment les analystes. Madrid "a plus peur du dialogue que de la violence", a répondu le leader séparatiste mercredi soir.

La médiation "impossible"

Les demandes répétées d'une médiation, notamment internationale, de M. Puigdemont sont systématiquement rejetées à la fois par Madrid et les dirigeants européens. "Il n'y a pas de médiation possible entre la loi démocratique et la désobéissance, l'illégalité", a rappelé mercredi Mariano Rajoy. Une médiation reviendrait à traiter "sur un pied d'égalité" le président catalan et le chef du gouvernement espagnol, a souligné le président français Emmanuel Macron. "Il n'y aura pas de médiation. Pour l'Union européenne, il n'en est évidemment pas question. Parce que ce n'est pas un conflit international (et que) nous ne sommes pas un pays divisé par des guerres tribales", a déclaré l'ancien président du Parlement européen, Josep Borrel, un Catalan farouchement anti-indépendantiste, au journal El Mundo.

Que dit l'article 155

Si la situation est inchangée à l'expiration du délai du 19 octobre, le gouvernement espagnol continuera à mettre en oeuvre l'application de l'article 155 de la Constitution qui permet la suspension de l'autonomie de la Catalogne. L'article n'a encore jamais été utilisé depuis le retour de l'Espagne à la démocratie. M. Rajoy, qui a l'appui de l'opposition socialiste et de centristes de Ciudadanos, devra alors revenir devant le Sénat, pour faire approuver "les mesures nécessaires" afin de contraindre la région à respecter ses obligations. L'article 155 est vague sur la nature de ces "mesures nécessaires" qui permettent une prise de contrôle partielle ou totale des organes politiques et administratifs de la région. Des points sensibles sont notamment une éventuelle suspension du gouvernement régional séparatiste et le placement de la police catalane, les Mossos d'Esquadra, sous les ordres du ministère de l'Intérieur.

Une réforme constitutionnelle sur les rails

Pour tenter de résoudre la crise catalane, le Parti socialiste, principale force d'opposition, a obtenu l'accord de M. Rajoy pour ouvrir la voie à une réforme de la Constitution. L'accord prévoit d'abord la formation de la commission de réforme territoriale pour étudier pendant six mois l'actuelle répartition des compétences entre les régions et le gouvernement central, avant d'entamer la procédure de révision de la Constitution. L'idée est d'envisager un nouveau modèle des relations entre la Catalogne et le reste de l'Espagne, mais elle s'inscrit dans le temps long, alors que la crise connaît des soubresauts au quotidien.

Pression économique

Longtemps attentistes, les milieux d'affaires ont considérablement augmenté ces derniers jours la pression sur le président séparatiste catalan. Depuis le référendum du 1er octobre, des dizaines d'entreprises, inquiètes de l'insécurité juridique, ont déménagé leurs sièges sociaux hors de la région. Madrid a déjà pris en septembre une mesure exceptionnelle en mettant sous tutelle les finances de la Catalogne, payant directement ses fonctionnaires et ses fournisseurs. De plus, la région est incapable de se financer directement sur les marchés en raison de son endettement et dépend des prêts de l'Etat central. La Catalogne qui pèse 19% du PIB du pays est en valeur absolue la région la plus endettée d'Espagne avec 76,7 milliards d'euros à fin juin.

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