A Damas, un sapin recueille des voeux de paix pour 2018

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Par AFP
Publié le 17 décembre 2017 - 20:48
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Une jeune Syrienne épingle un voeu sur l'arbre de Noël du café Zeriab à Damas
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© Youssef KARWASHAN / AFP
Une jeune Syrienne épingle un voeu sur l'arbre de Noël du café Zeriab à Damas
© Youssef KARWASHAN / AFP

Dans un café de Damas, Soulaf Hammoud écrit son voeu le plus cher pour la nouvelle année sur un carré de papier jaune puis l'épingle sur un sapin scintillant: "Je veux que mes amis déplacés reviennent le plus tôt possible".

Sur le sapin de Noël du café Zeriab, les boules et les guirlandes ont été remplacées par des dizaines de papiers colorés où les Damascènes, épuisés par sept ans de guerre, ont écrit leurs voeux et leurs espoirs pour l'année 2018 qui s'annonce.

Soulaf, longs cheveux bruns étalés sur un pull blanc, confie qu'en plus de revoir ses amis, elle garde toujours l'espoir de réaliser ses rêves d'enfant: étudier à Paris et créer son propre média.

"Chaque année, je me tiens devant le sapin et je formule les mêmes voeux. Peut-être seront-ils exaucés un jour, mais le plus important est de garder espoir...de continuer à tout essayer jusqu'à ce qu'ils se réalisent".

Dans ce café à la lumière tamisée, de jeunes Syriens sont engagés dans des conversations animées autour de boissons chaudes, avec du jazz en musique de fond.

En entrant dans l'établissement, les clients s'émerveillent devant le sapin, prennent des photos avant d'y accrocher à leur tour leur souhait sur de petits papiers colorés.

Certains voeux sont universels: "Je voudrais retrouver cette fille à laquelle je pense".

Mais d'autres expriment les aspirations d'une génération épuisée par la guerre, et notamment le désir d'échapper au service militaire obligatoire de deux ans dans l'armée du régime qui combat aux quatre coins du pays rebelles et jihadistes.

"Mon Dieu, retarder mon service militaire!", lit-on sur un des cartons.

- Continuer à imaginer -

"Nos voeux sont devenus très étranges: nous souhaitons ne pas être blessés ou juste rentrer sains et saufs quand nous sortons de chez nous", remarque Mohammad Charaf, 22 ans.

"Quelqu'un d'autre pourrait souhaiter rester chez lui, ne pas avoir à partir ou pouvoir étudier sans problèmes à l'université", poursuit-il.

Bien que Damas, place forte du régime, ait été largement épargnée par les destructions qu'ont subies d'autres villes syriennes en raison des combats, la capitale fait malgré tout face à des tirs de roquette et au mortier des rebelles qui tiennent encore de rares zones dans ses environs.

Plus de 340.000 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre en Syrie en 2011 et cinq millions de Syriens se sont réfugiés à l'étranger pour fuir les violences.

"Il y a des voeux que nous faisons tous les jours: que rien n'arrive à ceux que nous connaissons, que les tirs au mortier cessent et que la guerre finisse", confie Raghad Jarmqani, une femme au foyer de 29 ans.

Son mari, Bernard Joumaa, est le propriétaire du café Zeriab et il a commencé ce qui est aujourd'hui devenu la tradition du "sapin de Noël-arbre à voeux" trois ans après le début du conflit.

Avec la guerre, "les fêtes de fin d'année se sont arrêtées pour tout le monde", raconte cet homme de 39 ans. Il a alors décidé de tenter de ramener un peu de la joie de Noël à Damas en décorant son café.

"Nous souhaitons tous que la guerre finisse et que les choses redeviennent comme avant, c'est comme ça que nous avons eu l'idée de transformer notre sapin de Noël en arbre à voeux", poursuit-il.

Bernard Joumaa reçoit même des voeux de l'étranger. "Ceux qui sont partis veulent revenir et ceux qui sont restés ici veulent partir", remarque-t-il. Sur un des papiers on peut lire: "Je veux voyager. C'est tout".

Son souhait le plus cher est resté le même depuis qu'il a commencé la tradition de l'arbre à voeux.

"Chaque année, à chaque instant, je souhaite que le bain de sang s'arrête, que je puisse cligner des yeux et entendre qu'il y a un cessez-le-feu définitif en Syrie", confie-t-il à l'AFP.

"Tant que la guerre continuera, je placerai ce sapin. La moindre des choses dans l'ombre de la guerre, c'est de faire des voeux et d'imaginer".

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