Elections en Australie : les travaillistes bien placés pour revenir au pouvoir

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Par AFP - Sydney
Publié le 16 mai 2019 - 11:33
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Photographie prise le 8 mai 2019 et fournie par le bureau du Premier ministre australien montrant le dirigeant travailliste Bill Shorten (G) et le Premier ministre libéral sortant, Scott Morrison (D)
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© Adam TAYLOR / AUSTRALIAN PRIME MINISTER'S OFFICE/AFP/Archives
Photographie prise le 8 mai 2019 et fournie par le bureau du Premier ministre australien montrant le dirigeant travailliste Bill Shorten (G) et le Premier ministre libéral sortant,
© Adam TAYLOR / AUSTRALIAN PRIME MINISTER'S OFFICE/AFP/Archives

L'opposition travailliste est donnée favorite des élections organisées samedi en Australie au terme d'une campagne particulièrement dure qui a vu grossir le scepticisme à l'égard des grands partis traditionnels.

Après six ans de règne conservateur, l'alternance est probable même si l'avance du centre gauche, qui a longtemps fait cavalier seul en tête des sondages, s'est récemment réduite.

Et le dirigeant travailliste Bill Shorten est bien parti pour devenir le sixième Premier ministre qu'aura connu l'immense île-continent en une décennie.

La campagne aura été violente, avec des candidats agressés et d'autres qui ont jeté l'éponge après des envolées racistes ou sexistes sur les réseaux sociaux.

Le sortant Scott Morrison, qui avait pris le pouvoir en août après un "putsch" interne à son parti libéral, s'est retrouvé presque seul à défendre son bilan. Plusieurs de ses ministres ont refusé de s'impliquer quand d'autres ont été maintenus à distance pour ne pas desservir la cause.

Les ultimes sondages laissent entendre que l'avance de l'ex-syndicaliste Shorten s'est resserrée. Selon une étude Essential Research publiée dimanche, 51% des sondés opteraient pour le centre gauche, et 49% pour la coalition libéral-national.

Les projections faites en prenant en compte les petites formation donnent néanmoins les travaillistes en mesure de former une majorité.

- Vote obligatoire -

Une surprise est bien sûr toujours possible. Comme d'autres pays occidentaux, l'Australie voit monter le scepticisme à l'égard des élites traditionnelles en raison de la baisse du pouvoir d'achat et de l'aggravation des inégalités.

Alors que le clivage centre droit/centre gauche a toujours rythmé le jeu politique australien, cette campagne aura été marquée par l'émergence d'outsiders, dont des populistes et des candidats d'extrême droite.

Parmi eux, Clive Palmer, un millionnaire qui n'est pas sans rappeler Donald Trump avec son slogan "Make Australia Great" et qui pourrait bien entrer au Sénat après avoir dépensé sans compter et saturé l'espace médiatique.

Le vote étant obligatoire -sous peine d'une amende de 20 dollars australiens (12 euros)- la participation est toujours forte. Et ces candidats ont au final une influence puisqu'ils peuvent faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre.

M. Morrison, 51 ans, est parvenu à réduire son retard dans les sondages en attaquant sans relâche le programme économique travailliste qui se traduirait selon lui par une hausse des loyers et la disparition de milliers d'emplois.

"Cette élection est un choix de Premier ministre", a déclaré celui qui bénéficie du soutien des médias conservateurs du magnat Rupert Murdoch et qui pourrait devenir en cas de défaite l'un des Premiers ministres australiens demeuré le moins longtemps à son poste.

"Bill Shorten, le +Bill+ que vous ne pouvez pas vous permettre, ou le Premier ministre que je suis qui soutient ceux qui travaillent dur et les aspirations honnêtes des Australiens", a-t-il ajouté dans un jeu de mot sur le prénom "Bill" qui signifie aussi "facture" en anglais.

- "Manque de vision" sur le climat -

M. Shorten promet notamment une hausse des dépenses publiques dans un tas de domaines, notamment le traitement des cancers.

Son élection pourrait dépendre des résultats dans le Queensland (nord-est) ou le Victoria (sud), où le climat a été un des grands thèmes de campagne.

Car dans les banlieues aisées de Melbourne la cosmopolite ou les campagnes grillées par la sécheresse de l'Outback, le climatoscepticisme de la coalition au pouvoir a de plus en plus de mal à passer.

"Les réticences de la coalition sur le réchauffement climatique sont de plus en plus perçues par les jeunes comme le symbole de son manque de vision", explique à l'AFP Mark Kenny, professeur à l'Université nationale australienne.

Après un été austral marqué par des inondations historiques et des canicules record qui ont alimenté des feux de forêts dévastateurs, le refus du centre droit de sortir l'économie de sa sacro-sainte dépendance au charbon irrite de plus en plus. Notamment chez les agriculteurs pénalisés par les calamités météorologiques.

Quiconque emportera l'élection devra apporter des réponses au ralentissement économique ainsi qu'à la question de la place de l'Australie dans le monde.

Les deux principaux partis ont affirmé leur soutien à l'alliance avec Washington alors que la relation a pâti de l'unilatéralisme du président américain Donald Trump et des retombées de ses guerres commerciales.

Les deux ont également peiné à expliquer où devait se situer l'Australie vis-à-vis de la Chine qui est à la fois un partenaire économique vital et une puissance menaçant de plus en plus les positions géopolitiques australiennes.

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