En Algérie, un exercice met les sauveteurs de plusieurs pays à l'épreuve

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Par Aymeric VINCENOT - Bouïra (Algérie) (AFP)
Publié le 18 avril 2018 - 17:53
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Un secouriste français prend en charge une victime dans le cadre d'un exercice de simulation de séisme à Bouira en Algérie, le 17 avril 2018
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© RYAD KRAMDI / AFP
Un secouriste français prend en charge une victime dans le cadre d'un exercice de simulation de séisme à Bouira en Algérie, le 17 avril 2018
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Le séisme destructeur est imaginaire et les victimes fictives. Mais l'exercice grandeur nature qui réunit un millier de sauveteurs de sept pays en Algérie met à l'épreuve la coordination entre des équipes aux savoir-faire et aux langues différents.

Dans le scénario imaginé, apocalyptique, un séisme de magnitude 7 a frappé l'Algérie, un barrage menace de rompre, un pont s'est effondré et un camion transportant des matières dangereuses s'est renversé.

Face à l'ampleur des dégâts, cinq pays européens -Espagne, France, Italie, Pologne, Portugal- et le voisin tunisien ont envoyé des unités spécialisées pour prêter main forte à la sécurité civile algérienne et plus de 1.000 secouristes sont à pied d'oeuvre.

A Bouira, à une centaine de kilomètres au sud d'Alger, de samedi à mercredi, tous ont dû travailler ensemble en conditions -presque- réelles: sous la pluie ou en plein soleil, dans la boue et la poussière.

Professionnels aguerris, ils sont préparés aux dures conditions des catastrophes, moins aux difficultés d'adaptation à des équipes aux méthodes et aux langues diverses.

Les séismes en Algérie ne sont pas que fiction: en 2003, un tremblement de terre de magnitude 6,8 a fait plus de 2.200 morts et 11.500 blessés.

"L'exercice a pour objectif +l'interopérabilité+", c'est-à-dire faire que tous les sauveteurs travaillent en "totale coopération", "sans gêner les autres", explique le colonel Farouk Achour, de la Protection civile algérienne.

Le site où se déroule l'exercice est une immense Babel où des spécialistes italiens des structures doivent, par exemple, avertir des sauveteurs français des dangers d'un bâtiment dans lequel il s'apprêtent à entrer, dans un anglais que ni les uns ni les autres ne semblent maîtriser parfaitement.

Dans cet exercice, la "principale difficulté, c'est la langue", admet le capitaine Mohamed Mnasser, chef en second de l'Unité spéciale de la Protection civile tunisienne.

Avec des vérins métalliques et des étais de bois, ses hommes s'affairent à consolider un bâtiment ébranlé, à l'intérieur duquel une victime a été repérée.

- "Vite compliqué" -

Au-dessus d'eux, des spécialistes du Groupe d'intervention, de protection et de secours (GIPS) de la Garde nationale républicaine portugaise -un corps comparable à la gendarmerie française- en combinaisons de protection et masques respiratoires, vérifient le contenu de bidons abandonnés dans une zone où doivent intervenir les sauveteurs tunisiens.

Les appareils ont détecté un produit "vésicant" (hautement irritant) qui s'avérera après rapide analyse être du trichloréthylène.

Pendant que les hommes passent sous la douche de décontamination après avoir installé un périmètre de sécurité, un officier portugais francophone prévient un officier tunisien du danger. "La communication n'est pas parfaite, le passage d'information est parfois difficile", admet le sergent Sergio André, chef de l'équipe portugaise.

L'équipe qui gère le poste médical avancé où arrivent les victimes est aussi portugaise. Les blessés légers sont soignés sur place, les cas les plus graves envoyés vers l'hôpital de campagne... français.

Cet hôpital est une structure projetable, dotée notamment de services de biologie et de blocs opératoires, et autosuffisante pendant 15 jours.

Ainsi, "on ne vient pas comme un poids aux structures locales", explique le commandant Philippe de Balanda, chef du détachement médical français.

La sécurité civile française a participé aux opérations après le séisme de 2003.

Ces manœuvres permettent "de travailler nos procédures dans un contexte international", poursuit l'officier. "Si on n'a pas de procédures communes, au-delà de la barrière de la langue, ça devient vite compliqué."

Pour le colonel Achour, ce type d'exercice permet aussi "de connaître les compétences des uns et des autres".

"Dans certains cas, on a parfois besoin de savoir-faire précis. Il est important de savoir ce qui est disponible pour faire appel à ces équipes spécialisées", explique l'officier algérien.

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