En Chine, avec "l'armée" de pêcheurs du lac des Mille-îles
Par une matinée ensoleillée dans l'est de la Chine, la surface du lac des Mille-îles semble littéralement bouillir: des dizaines de milliers de carpes se débattent pour échapper aux filets d'une armée de pêcheurs.
Chaque début avril, c'est l'ouverture de la pêche pour Ye Zhiqing, qui commande une flottille de 100 bateaux sur cette étendue d'eau douce de la province du Zhejiang.
Ce pittoresque réservoir est appelé en chinois le lac Qiandao ("Mille-îles") en raison des innombrables îlots verdoyants qui parsèment sa surface. Grand comme cinq fois Paris, il est connu pour ses eaux cristallines et poissonneuses.
La saison de pêche dure 10 mois. Ye Zhiqing et ses hommes se lèvent chaque matin aux aurores pour scruter la surface des flots à l'affût des carpes.
"On est un peu comme des bergers nomades sur la prairie", rigole M. Ye. "On suit le poisson là où il va."
Une fois les carpes repérées, l'ensemble de la flottille se coordonne. Les gros bateaux déploient derrière eux d'immenses filets. Tandis que les petites embarcations canalisent vers eux les bancs de poissons.
"C'est comme une armée pendant une bataille. D'abord, des éclaireurs repèrent l'ennemi. Ensuite, on l’encercle et on lui tend des embuscades", explique le capitaine.
Sans moyen de s'évader, les milliers de carpes prises au piège frétillent à la surface de l'eau.
Le gouvernement local soutient cette technique de pêche considérée comme durable. Elle permet aux plus jeunes poissons d'échapper aux mailles des filets puis d'être attrapés plus tard, lorsqu'ils seront plus gros.
M. Ye est issu d'une famille d'agriculteurs. Mais tout a changé en 1960, année où le lac a été créé par la construction d'un barrage hydroélectrique.
Des centaines de milliers de personnes avaient été déplacées. L'eau a également submergé une cité vieille de 2.000 ans, accessible en sous-marin.
Le tourisme et la pêche sont aujourd'hui les principales sources de revenus autour du lac. Mais trouver des pêcheurs devient difficile, les jeunes cherchant des emplois moins éreintants en ville, souligne Ye Zhiqing.
"On est des enfants du village et on a vécu beaucoup d'épreuves en grandissant. Mais les enfants d'aujourd'hui ne peuvent plus accepter cette pénibilité."
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